Déradicalisation : Le Maroc tend la main à l’Europe mais ne peut pas s’imposer dans un contexte qui outrepasse ses prérogatives (SG du CEOM)

Déradicalisation : Le Maroc tend la main à l’Europe mais ne peut pas s’imposer dans un contexte qui outrepasse ses prérogatives (SG du CEOM)

mercredi, 27 septembre, 2017 à 13:22

   Bruxelles – Le Maroc tend la main à l’Europe dans le cadre de la coopération en matière de déradicalisation des jeunes issus de l’immigration mais ne peut pas s’imposer dans un contexte qui outrepasse ses prérogatives et ses frontières nationales, a souligné Khalid Hajji, secrétaire général du Conseil Européen des Ouléma marocains (CEOM).

  Dans une interview à la MAP, M. Hajji a d’emblée voulu lever un amalgame qui consiste à « reprocher aux institutions marocaines le manquement au devoir d’encadrement des jeunes musulmans en Europe », en précisant que les institutions marocaines à l’étranger ne peuvent en aucun cas s’octroyer les mêmes prérogatives que les institutions à l’intérieur du Maroc.

  «Certains parlent, à tort, de mosquées marocaines en Europe. Les mosquées en Europe ne sont pas marocaines. Elles peuvent être gérées par des personnes d’origine marocaine dans certains cas, mais dans la majorité des cas, elles sont statutairement des structures associatives régies par des lois européennes », a-t-il tenu à clarifier.

   Il a indiqué que dans une même ville européenne peuvent cohabiter une mosquée dirigée par un mouvement islamiste, une université des sciences religieuses fondée par un mécène, un organisme officiel désigné par l’état européen, des écoles qui enseignent la réforme de l’islam ou un lieu de prière loué par des dissidents islamistes, sans oublier les plateformes numériques, qui ont la part du lion dans la communication et le façonnage des consciences musulmanes en Europe.

   Le secrétaire général du CEOM a souligné que le Maroc ne peut, dans ce cadre, «que se proposer pour l’accompagnement des marocains dans leurs sociétés d’accueil», car il se dit parfaitement convaincu  qu’il n’incombe pas au Maroc «de faire le travail des Européens, mais la coopération résonne naturellement dans un contexte de globalisation, d’enjeux croisés et collaboration sur le partage d’expériences».

   Il a tenu à rappeler que le travail accompli par les institutions marocaines dans le contexte européen n’est pas négligeable.

   «C’est un travail de fond, qui s’inscrit dans la continuité », a-t-il estimé, notant que «le Conseil Européen des Ouléma Marocains contribue, depuis sa création, à former des imams, à accompagner les jeunes musulmans et notamment les femmes musulmanes pour améliorer les conditions d’équilibre et de bien-être en contexte européen».

   M. Hajji a indiqué que beaucoup d’Européens estiment à leur juste valeur  les efforts du CEOM et saluent l’efficacité de ses interventions. Mais, relève-t-il, «on ne pourra, en aucun cas, reprocher au Conseil de ne pas participer à endiguer la radicalisation ; car cette tâche requiert la mutualisation des efforts de tous».

    Dressant un diagnostic du phénomène de la radicalisation en Europe, le secrétaire général du CEOM n’a pas manqué de relever que «beaucoup de jeunes musulmans vivant en Europe traduisent leur religiosité comme un fardeau, plutôt que comme un levier spirituel », notant que «les discours religieux dominants distillent de la culpabilisation, entravant réconciliation avec l’esprit du temps, où freinant la prise d’une pleine place dans une société dite non-islamique».

  Il a également fait remarquer que beaucoup d’écoles d’enseignement de la langue arabe «dispensent des cours de morale religieuse auprès des générations de musulmans à travers des contenus très discutables » et que certaines mosquées «se gèrent encore par des cadres peu ou pas du tout qualifiés théologiquement ».

   Pour lui, «la lutte contre la radicalisation et le terrorisme nous met tous au défi d’un savoir-faire en commun», notant que «la culture numérique est en train de déloger les pouvoirs traditionnels, entraînant une dysharmonie majeure».

   Cette culture numérique, a-t-il expliqué, «met à la disposition de jeunes peu outillés une palette de choix de prêches ; il leur suffit de choisir ce qui les réconforte dans leurs états psychologiques, dans leurs choix idéologiques et leurs penchants radicaux ou négatifs».

   Il a reconnu que le terrorisme ne peut pas être étudié, analysé, ou compris loin des conjonctures complexes du monde actuel, notant que la lutte contre ce fléau nécessite une action commune, une volonté ferme de la part de tous les acteurs, qu’ils soient étatiques, locaux, nationaux, internationaux, ou autres.

   Et de conclure que «dans un monde multipolaire, aux enjeux entrecroisés et complexe, il est temps de développer une économie de la gestion des potentialités et des apports réciproques qui dépassent les urgences et les lectures trop évasives et rapides».

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