L’e-Estonie, ce précurseur de “la démocratie électronique”

L’e-Estonie, ce précurseur de “la démocratie électronique”

vendredi, 13 octobre, 2017 à 11:54

.-Par Mohamed BOUHJARr-.

Tallinn – Utiliser un smartphone pour voter en deux minutes dans une élection ou un référendum? Ce n’est plus grand-chose en Estonie, un e-État par excellence où la popularité de “la démocratie électronique” n’a pas d’égal dans le monde.

Et à l’heure où la question de la sécurisation d’un tel système demeure partout un sujet à débat, l’e-voting semble avoir été consacré comme une application en ligne parmi d’autres dans le plus petit des pays baltes.

Tel est le cas justement des élections municipales prévues le 15 octobre, lors desquelles un bon tiers des conseillers et maires de villes devraient être élus “à distance”.

Depuis une vingtaine d’années, la révolution numérique attire créateurs de start-up et dirigeants d’entreprises étrangers, portés par la frénésie généralisée pour le net et ses métiers.

E-santé, e-magasins, e-registre de commerce, e-administration, e-résidence et e-ambassade: l’Estonie peut se vanter d’être la nation la plus digitalisée de la planète.

Tant et si bien qu’aujourd’hui, Tallinn peut avancer fièrement des chiffres qui n’ont rien, eux, de virtuel: record mondial du nombre de start-ups par habitant, un secteur numérique qui pèse pour 6,8 % du PIB et près de 2.000 services disponibles en ligne. Des prestations qui ont fait économiser, en 2014 par exemple, près de sept millions de jours de travail, selon la Banque mondiale.

Surnommée “le Tigre de la Baltique” pour son passage rapide d’une économie centralisée à l’économie de marché et pour sa croissance impressionnante, l’Estonie tire sa force “soft” d’inventions à succès comme Skype ou Kazaa.

Son expertise en sécurité informatique en fait un pays de référence en la matière, au point d’être choisi pour accueillir le centre de cybersécurité de l’OTAN.

C’est dire que le vote en ligne n’est donc qu’une suite logique aux nombreuses innovations déjà en place, le plus basique n’est d’autre que l’apprentissage de la programmation dès l’école primaire.

Sur le champ politique, tout a commencé en 2005 lorsque la commission électorale a autorisé le vote sécurisé en ligne lors d’un scrutin local, puis national deux ans après, faisant ainsi de l’Estonie le premier pays du monde à introduire le vote électronique.

Objectif : fournir aux électeurs un canal supplémentaire pour exprimer leur voix en vue d’encourager les jeunes générations à participer au vote grâce à une meilleure accessibilité.

L’e-voting nécessite tout simplement une carte d’identité pour authentification électronique, mais peut être annulé si l’électeur se rend dans un bureau de vote.

“Voter ne prend alors que quelques secondes : on insert sa carte dans un lecteur acheté pour quelques euros, on télécharge l’application de vote et on s’identifie à l’aide d’un code à quatre chiffres. L’électeur reçoit alors la liste des candidats et valide son choix à l’aide d’un second mot de passe”, explique Tarvi Martens, concepteur de ce mode de vote.

Depuis 2013, un troisième garde-fou a été mis en place, un “QR code” à scanner est envoyé en fin de processus pour démontrer que le vote a été enregistré correctement, a-t-il ajouté.

Les résultats sont sans appel : entre 2005 et 2015, la part des suffrages via internet est passée de 2 à plus de 30,5%.

Mais existe-t-il un risque de fraude ? Les détracteurs du vote en ligne mettent en garde contre le risque d’élections truquées, d’autant plus que la transparence et la sécurité ne sont pas vérifiables pour tout le monde.

Le petit Etat balte a été en effet l’un des premiers pays à subir une cyber-attaque massive en 2007 quand les sites du gouvernement et des principales banques ont été durant trois semaines la cible d’attaques menées vraisemblablement par des pirates russes.

Plus récemment, des chercheurs européens ont révélé des failles possibles dans 750.000 cartes d’identité électroniques délivrées à partir de 2014.

Ce problème devrait être résolu par un changement d’algorithme, selon l’autorité estonienne en charge des systèmes d’information publics. Un logiciel sera ainsi mis à la disposition des Estoniens pour utiliser leur carte qui devrait être disponible pour tous dès la fin octobre.

Reste à savoir si l’Estonie est en mesure de faire de cette expérience une success-story, comme ce fût le cas après le piratage informatique de 2007.

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