Sebastián Piñera ou Alejandro Guillier, les Chiliens départagent ce dimanche les deux présidentiables

Par Brahim Salaheddine AMHIL.

Santiago – A quelques jours du dernier tour décisif, le Chili retient son souffle avant l’élection ce dimanche du nouveau locataire du Palais de la Moneda pour les quatre années à venir.

Entre “Le président du peuple”, Alejandro Guillier et le porte flambeau des “Temps meilleurs pour le Chili” Sebastián Piñera, le successeur de la présidente de gauche Michelle Bachelet, sera élu par les Chiliens, appelés à voter massivement ce 17 décembre afin de départager deux candidats aux antipodes, idéologiquement parlant.

Le premier, Alejandro Guillier candidat de la coalition de centre-gauche “Force de la Majorité” affronte ce tour fort du soutien de la chef de file de la gauche antilibérale et ancienne candidate présidentielle du Front Ample (FA), Beatriz Sánchez, arrivée 3ème lors du premier tour de la présidentielle avec 20% des suffrages.

Cette mère de trois enfants âgée de 46 ans, qui a présenté le journal télévisé mais a fait presque toute sa carrière à la radio, s’est définie dans cette campagne comme “un pont entre les mouvements sociaux” et la politique.

Forte de ses 1,3 million de voix, la représentante du FA, une coalition formée par d’anciens dirigeants de manifestations étudiantes, détient désormais la clef du second tour.

Plaçant sa campagne sous le slogan de “Président du peuple”, le candidat socialiste et ancien journaliste Alejandro Guillier, arrivé 2ème lors du premier tour avec 22,7% des voix, mise fort sur les voix de la gauche, dont les six candidats ont rassemblé 3,6 millions de votes, contre 2,9 millions pour les deux postulants de droite.

Soutenu également par la présidente démissionnaire de la Démocratie Chrétienne (DC), Carolina Goic était arrivée en 5ème position avec 5,9% de voix, mais en réussissant à réunir 387.664 votes.

Lors de cet entre-deux-tours, le dernier débat présidentiel avant le 2ème tour, organisé lundi soir par l’Association nationale de la télévision (Anatel), a donné lieu à de multiples polémiques entre les équipes de campagne des deux présidentiables.

L’équipe économique de Piñera a publié un document axé sur le coût du programme économique de M. Guillier, le qualifiant de “programme impossible à financer et fiscalement irresponsable”.

Sous le titre “Coûts des promesses d’Alejandro Guillier”, le document remis aux médias, affirme que ce programme couterait au contribuable quatre fois la valeur annoncée par le candidat de la majorité, à savoir 40 milliards de dollars au lieu des 10 milliards annoncés.

De son côté, l’équipe de campagne d’Alejandro Guillier a réfuté ces informations, affirmant que “les chiffres avancés par l’équipe de Piñera ne correspondent aucunement à la réalité”.

Une des plus grandes contradictions de la campagne de M. Pinera serait, selon les soutiens de Guillier, la position exprimée vis-à-vis de la gratuité de l’éducation. M. Piñera a fait campagne contre la gratuité dans le premier tour et se dit en faveur de la gratuité lors de ce 2ème tour, une volte-face pointée du doigt par l’équipe de campagne de Guillier.

La Bourse de Santiago avait dévissé lors de plusieurs journées suite à la contre-performance de M. Piñera, candidat soutenu par le milieu des affaires, appelé à grignoter dans les 700.000 voix de différence de son adversaire du jour.

Néanmoins, selon plusieurs observateurs, M. Piñera pourrait être reconduit pour un second mandant présidentiel à l’instar de la présidente sortante Michelle Bachelet (2006-2010) et (2014-2018).