Afrique du Sud: Les sans-abris ou les oubliés de la crise économique

Afrique du Sud: Les sans-abris ou les oubliés de la crise économique

mardi, 18 décembre, 2018 à 11:45

.-Par Abdelghani AOUIFIA-.

Johannesburg – Sous le pont de Grayston Drive, au quartier de Parkmore, non loin du centre financier de Johannesburg, une dizaine de sans-abris se donnent rendez-vous chaque soir.

Sous des tentes en plastique, ils trouvent refuge dans cette gigantesque métropole où la crise économique s’aggrave avec une colossale facture sociale faite de hausse continue du chômage, de la pauvreté et de l’exclusion.

«Aux heures de pointe, nous nous divisons en équipes qui se déploient aux principaux feux de circulation de Sandton à la recherche de quelques pièces de monnaie pour acheter de quoi manger», raconte Michael, un jeune de 22 ans.

Michael a quitté il y a quatre ans le township d’Alexandra, la baraque familiale n’offrant plus suffisamment d’espace pour sa famille composée d’un père sans emploi, d’une mère malade et de deux sœurs en bas âge.

Les sans-abris sont devenus de véritables armées qui sillonnent les artères de cette vaste métropole sud-africaine.

Les associations caritatives actives dans le domaine de la protection des personnes vulnérables estiment que leur nombre s’est multiplié durant les dernières années sous le coup de la crise économique.

Désignée parmi les grandes puissances économiques du continent africain, l’Afrique du Sud vit depuis 2015 au rythme d’une croissance quasi-nulle, qui n’aide guère à réduire un chômage affectant 27,7 pc de la population active, le plus haut taux depuis 2003.

Le marasme économique aggrave aussi les inégalités sociales dans un pays où 93 pc de la richesse nationale est détenue par 10 pc des Sud-Africains.

Selon la Johannesburg Organisation of Services to the Homeless, Johannesburg compte plus de 110.000 sans-abris.

«De nombreuses personnes viennent à Johannesburg en provenance d’autres villes et même de pays voisins à la recherche d’une vie meilleure sous le ciel de la ville de l’Or pour finir dans la rue, sans abri», indique Mary Gillett-De Klerk, présidente de l’association.

«Il n’existe pas de statistiques précises sur le nombre des sans-abris dans la région du Grand Johannesburg», indique-t-elle, avançant qu’au moins 1 pc de la population de la ville, estimée à 11 millions d’âmes, est sans toit.

Les ONG se plaignent du manque de soutien financier du gouvernement pour aider ces personnes vulnérables.

«Le gouvernement ne fait pas assez», s’insurge Mme Gillett-De Klerk, appelant les autorités gouvernementales à s’associer aux organisations de la société civile pour aider les sans-abris.

«A Johannesburg, nous avons besoin d’un plus grand nombre de centres d’hébergement avec des programmes permettant aux sans-abris de quitter la rue et mener une vie digne», déclare-t-elle.

Au Cap, plus grand hub touristique du pays, le phénomène est tout aussi alarmant.

«De plus en plus de gens finissent dans la rue.

L’Afrique du Sud ne dispose pas de système de sécurité sociale efficace pour les personnes en situation précaire», indique JP Smith, responsable de la mairie de la ville chargé de la sécurité et des services sociaux.

«La hausse du nombre des sans-abris est en partie due à la chute de notre économie», déplore-t-il.

Dirigé par le parti de l’Alliance démocratique, principale formation d’opposition, le Cap connaît une flambée des prix de l’immobilier, la plus importante de tout le continent.

Une chose qui n’arrange pas les affaires des personnes à revenu limité voire les gens en situation difficile.

La métropole demeure, de l’avis des experts, la ville la mieux gérée d’Afrique du Sud. Cependant, le nombre croissant de personnes qui habitent sous des tentes en plastique et en carton dans le centre-ville et les banlieues provoque la colère des habitants aisés.

Ces derniers accusent les autorités d’échec dans la gestion d’une question qui ternit, selon eux, l’image de cette destination très prisée par les touristes riches.

Hassan Khan, président de The Haven Night Shelter, une ONG qui gère neuf abris au Cap, s’insurge contre ce qu’il qualifie de «tolérance» des autorités de la ville à l’égard des personnes occupant des espaces publics. «Les autorités doivent faire mieux pour leur garantir un logement», indique-t-il.

Pour lui, il s’agit d’un problème d’application de la loi plutôt qu’un problème de développement social

Par ailleurs, le quotidien des sans-abris est fait de violence, de maladies et de tant d’autres problèmes.

La presse locale rapporte d’une manière quasi-régulière des cas d’assassinats, de viols et d’autres violences contre cette catégorie vulnérable, en particulier les femmes et les adolescents.

Dans un pays qui souffre de l’un des taux les plus élevés de crimes violents, les sans-abris sont souvent exploités par les gangs, soulignent les ONG.

Certains comme le jeune Michael s’accrochent à l’espoir de pouvoir un jour trouver du travail et disposer d’un toit décent. Pour le moment, il affirme ne pas trouver l’aide pour quitter la rue.

En attendant ce jour de délivrance, Michael n’aura de choix que de continuer de dresser sa tente sous le pont de Grayston Drive, contemplant de loin les lumières fascinantes des luxueuses résidences avoisinantes où vivent les mieux nantis de cette Afrique du Sud, qui n’arrive toujours pas à se libérer des frustrations postapartheid.

 

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