L’Europe Centrale vire de la social-démocratie au populisme

L’Europe Centrale vire de la social-démocratie au populisme

vendredi, 3 avril, 2020 à 13:27

Varsovie – Sortis du communisme au début des années 90, des pays d’Europe centrale à l’instar de la Pologne, la Hongrie, la Tchéquie et la Slovaquie ont opté pour une sociale démocratie à droite qui, au début de 2000, a cédé la place au populisme de droite avec un seul leitmotiv: restaurer la fierté nationale.

Mettant à profit les faux pas de la social-démocratie qui a viré vers le néo-libéralisme à la faveur des investissements occidentaux (atteinte aux droits des travailleurs, privatisations sauvages et abandon des acquis sociaux), les premiers signes du populisme sont apparus en 2006 en Hongrie suite à de fortes protestations sociales, soutenues par l’extrême-droite, contre les sociaux démocrates au pouvoir.

Ces protestations ont ouvert la voie du pouvoir au parti Fidesz (Union civique Hongroise) dirigée par Victor Orban, l’actuel Premier ministre de Hongrie, qui prônant la restauration de la fierté de la nation et l’aide aux démunis notamment en zones rurales, a opposé les populations des zones rurales et petites villes à celles des grandes zones urbaines, autant d’arguments permettant à ce jour au Fidesz de se maintenir au pouvoir et au Premier ministre Orban de mener une politique contraire aux valeurs de l’Union Européenne tant au plan du respect des droits de l’homme, de l’indépendance de la justice qu’au niveau du droit d’asile avec la fermeture des frontières à la dernière vague des réfugiés fuyant les guerres au Moyen-Orient et en Afrique.

La Hongrie a été le premier pays européen à avoir installé des barbelés à la frontière avec la Serbie pour se prémunir de l’arrivée sur le sol hongrois, des réfugiés en pleine période hivernale. Budapest a également opposé une fin de non recevoir à une directive de Bruxelles d’accueillir un quota de réfugiés.

Le Premier ministre hongrois, fort du soutien d’une majorité de l’électorat, est parvenu à se faire réélire pour un troisième mandat en avril 2018, lui octroyant les coudées franches en vue de poursuivre son bras de fer avec Bruxelles et ignorer les appels de la présidence de la Commission européenne quant au respect de l’Etat de droit en Hongrie.

Sur la voie du Fidesz, en Pologne, le parti PiS (Droit et justice, conservateur nationaliste) des frères Lech (décédé en 2010 dans un accident aérien à Smolesnk en Russie) et Jaroslaw Kaczynski, après un court passage au gouvernement de 2005 à 2007, arrivera au pouvoir à nouveau en 2015 avec un discours et un projet politique très proches de celui de Viktor Orban et son parti Fidesz.

Le PiS tient, lui aussi, tête à Bruxelles suite à l’instauration d’un contrôle sur les médias publics et sur les magistrats de la Cour Constitutionnelle, censés demeurer indépendants du pouvoir exécutif. Le gouvernement formé par ce parti a adopté la même ligne politique que Fidesz sur le refus d’accueillir des réfugiés.

Le PiS met l’accent, depuis son arrivée au pouvoir, sur la politique sociale et une vision plus inclusive de la croissance économique, qui ne se limite pas à l’élite urbaine.

Des analystes polonais ont publié un rapport relayé par des journaux locaux, dans lequel ils indiquent que le PiS a voulu abandonner le capitalisme adopté par la Pologne au lendemain de l’effondrement du communisme en 1989 et imposé par des pays occidentaux pour opter en faveur d’un modèle économique “non dicté de l’étranger”.

Aussi bien en Hongrie qu’en Pologne, les deux partis au pouvoir sont allés chercher l’électorat des régions rurales et des petites et moyennes villes très sensibles au soutien social que leur ont apporté les deux formations politiques. Ces dernières mettent également en avant les valeurs de la “famille traditionnelle” et les “racines chrétiennes de l’Europe” (dont leurs pays seraient les garants face aux +invasions+ étrangères).

En Slovaquie, la même politique qu’en Hongrie et en Pologne, a été mise en œuvre par Robert Fico à la tête d’une coalition de partis de “gauche” mais alliée à des formations nationalistes de droite qui a remporté les élections en 2006 puis en 2010 et 2012, adoptant un ton de plus en plus à droite, jusqu’en 2018 suite à la démission de Fico, consécutive à l’assassinat d’un journaliste.

Robert Fico, qui a été remplacé par Peter Pellegrini en tant que Premier ministre, demeure toutefois un homme politique influent dans le pays.

En République Tchèque, Andrej Babis, chef du gouvernement, un richissime homme d’affaires, fondateur de l’Action des citoyens mécontents (ANO) en 2011, après une brève coalition avec les sociaux-démocrates, a remporté les élections de 2017 avec des prises de positions pour la “protection des frontières” de l’Europe contre les réfugiés d’Afrique et du Moyen-Orient.

Les courants populistes font désormais clairement partie du paysage politique dans les quatre pays et continuent d’enrôler dans leur rang des hommes politiques influents.

Les libéraux, ayant perdu du terrain ces dernières années, se tournent vers la nouvelle présidente slovaque, Zuzana Caputova, avocate libérale, “outsider” et “progressiste”, pour faire contrepoids à l’avancée des populistes de droite dans la région.

La présidente slovaque et les libéraux misent désormais sur les changements au plan régional et continental, qui découleront des conséquences de la pandémie du Coronavirus sur les économies des quatre Etats pour espérer un changement au sommet des pouvoirs en place.

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