Surpopulation carcérale en Californie: sur la défensive, l’Etat invoque le péril sécuritaire

Surpopulation carcérale en Californie: sur la défensive, l’Etat invoque le péril sécuritaire

lundi, 26 août, 2013 à 9:54

Par Abdelhakim Khirane.

Los Angeles – Le gouvernement de l’Etat de Californie se trouve depuis peu dans de beaux draps après un arrêt de la Cour suprême des Etats-Unis, lui ordonnant de désengorger ses prisons d’ici à la fin de l’année, une décision qui a relancé le débat sur la sécurité publique et les droits de l’Homme.

Ce dossier a refait surface depuis que la plus haute juridiction américaine a fixé un délai aux autorités californiennes jusqu’à la fin de l’année pour relâcher 9.600 prisonniers.

D’après les observateurs, la polémique ne fait que commencer à la suite des vives critiques émises par le gouverneur démocrate Jerry Brown pour qui la libération de millions de détenus risque de mettre en péril la sécurité publique.

Dans le même temps, il continue à réclamer un délai “réaliste” pour une mise en oeuvre optimale de la décision rendue en juin par un panel de trois juges.

Déjà il y a deux ans, la Cour suprême avait ordonné la libération de pas moins de 40.000 repris de justice en l’espace de deux ans afin que les prisons californiennes se conforment aux normes constitutionnelles, notamment en termes d’accès aux soins.

En rendant son arrêt, la Cour avait jugé que la surpopulation carcérale et les mauvais soins médicaux constituent “un châtiment cruel et exceptionnel” entraînant le décès en moyenne d’un prisonnier par semaine. Les 33 pénitenciers californiens qui détiennent un triste record aux Etats-Unis avec 133.000 prisonniers, posent de ce fait “un sérieux problème de droits de l’Homme”.

A l’approche des élections au poste de gouverneur prévues en 2014, le gouvernement conduit par le démocrate Jerry Brown est mis dans une bien mauvaise posture, quand bien même il a hérité un lourd héritage dont assument la responsabilité tous les gouvernements successifs.

Selon les observateurs, la position de Brown face à la décision de la Cour Suprême est motivée par des calculs politiques: élargir des milliers de prisonniers pourrait lui causer des problèmes politiques et partant compromettre ses chances de réélection.

De toute évidence, la perspective du scrutin entre en jeu dans de telles circonstances et le malheur des uns fait le bonheur des autres.

C’est sans surprise donc que le républicain Abel Maldonado, ancien lieutenant-gouverneur de l’Etat et potentiel candidat aux prochaines élections, est vite monté au créneau pour critiquer la manière dont l’actuel gouverneur gère la question du surpeuplement des prisons.

Maldonado estime qu’un relâchement massif de “criminels endurcis”, résultat, selon lui, d’une mauvaise gestion de l’actuel exécutif, risque d’entraîner une flambée de la criminalité, mettant la sécurité publique en péril.

“Si j’étais gouverneur en ces circonstances, j’aurais plutôt préféré d’être accusé d’outrage au tribunal et être moi-même sous les verrous que de relâcher 10.000 criminels endurcis”, ironise-t-il.

Faisant appel de la décision, les responsables de l’Etat insistent sur les problématiques que pourrait induire la mise en uvre de l’arrêt en question.

“Il n’y a aucune preuve qu’en relâchant ces prisonniers, l’Etat sera en mesure de fournir un niveau constitutionnellement suffisant de soins médicaux et mentaux qu’il ne pouvait pas jusqu’ici fournir”, avancent-ils.

Force est de noter que même si la Cour Suprême déciderait d’examiner l’appel, elle ne le fera que l’année prochaine, c’est-à-dire bien au-delà du délai fixé pour l’Etat pour se conformer à la décision.

L’Etat se trouve donc dans l’obligation de trouver des solutions, en explorant d’autres options, dont notamment la construction de nouvelles prisons ou le transfèrement des prisonniers peu dangereux dans d’autres Etats ou dans les prisons des comtés.

En attendant, l’Etat devra faire face à un nouveau problème, celui des grèves de la faim en protestation contre les conditions déplorables de détention, surtout en ce qui concerne le maintien en isolement. Depuis le 8 juillet, des centaines de prisonniers refusent leurs repas.

Vendredi, le rapporteur spécial des Nations unies sur la torture, Juan Mendez, a critiqué les conditions abusives de détention en Californie, estimant que “le maintien cellulaire des prisonniers pourrait prendre l’ampleur d’une peine cruelle, voire d’un acte délibéré de torture”.

“C’est inadmissible de recourir à l’alimentation forcée ou à d’autres formes de contrainte physique ou psychologique à l’égard de ceux qui ont opté pour la grève de la faim comme solution extrême “, a-t-il insisté.

Des négociations visant à trouver une issue à ce problème n’ont pas abouti.

L’Etat se trouve donc face à une situation peu enviable, avec un délai serré, pour parvenir à résoudre tant de problèmes délicats. Pire encore, la mesure s’avère dans tous les cas coûteuse, alors que la Californie éprouve déjà des difficultés financières.

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