Salaires des patrons des entreprises publiques belges : La polémique repart de plus belle

Salaires des patrons des entreprises publiques belges : La polémique repart de plus belle

mardi, 27 août, 2013 à 10:24

Par Morad Khanchouli.

Bruxelles – Alors que les responsables politiques savourent encore les derniers jours ensoleillés de l’été belge, des sujets restés en suspens depuis des semaines reviennent aux devants de la scène, comme pour rappeler à l’équipe gouvernementale l’éminence d’une rentrée politique qui ne sera pas de tout repos.

Parmi ces dossiers chauds, se pointe celui des salaires des patrons des entreprises publiques, que le gouvernement entend réguler, en diminuant les rémunérations des top managers. On parle dans ce sens de fixer le plafond à 290.000 euros par an, ce qui équivaut au salaire du Premier ministre, Elio Di Rupo.

Et voilà où le bat blesse. La semaine dernière, Johnny Thijs, le patron de la Poste et l’un des chefs d’entreprises publiques les plus en vue en Belgique, jeta un pavé dans la marre. Sans ambages, il lança : “Je ne resterais pas à mon poste pour (seulement) 290.000 euros par an”.

L’intéressé se dit toutefois “prêt à faire un effort”, mais pas à voir son salaire actuel passer de 1,1 million à 290.000 euros. Et que le débat commence.

Pour Johnny Thijs, comme pour d’autres patrons d’entreprises publiques belges, la logique est la suivante : “Les politiques doivent trouver des responsables pour les entreprises publiques qui soient bons, intelligents et prêts à relever des paris très importants”. Par conséquent, il faut un “juste salaire” pour ces patrons.

Avant la sortie médiatique de Thijs, un autre poids lourd du secteur public, Didier Bellens, qui est à la tête de Belgacom, principal opérateur télécoms, avait exprimé clairement son mécontentement. Difficile, impensable presque, de lui demander de passer d’un salaire de 2,5 millions d’euros à tout juste 290.000 euros. D’autant plus que du côté de ses “collègues” du secteur privé, il y en a qui touchent jusqu’à deux à trois fois les salaires des patrons des entreprises publiques, tentent d’argumenter les principaux concernés.

Mais, chez les acteurs politiques, la pilule est difficile à avaler. La première réaction est venue de la part du député fédéral Dirk Van der Maelen du Socialistische Partij Anders (sp.a), qui n’y est pas allé par quatre chemins.

“Diriger la Poste est-il plus difficile que diriger un pays?”, a fustigé l’élu socialiste, qui considère que le salaire du Premier ministre doit faire figure de “frontière éthique” en matière de rémunération des dirigeants d’entreprises publiques.

Le ministre des Entreprises publiques, Jean-Pascal Labille, n’a pas tardé, lui aussi, à critiquer vertement les propos du patron de la Poste. “Il est logique que les gens froncent les sourcils. Tous ces salaires exubérants doivent descendre”, martèle le ministre de tutelle.

Et ce ne sont pas, non plus, les syndicalistes qui diront le contraire. Rudy De Leeuw, président du syndicat socialiste (la Fédération générale du travail de Belgique-FGTB) est catégorique :”Les top managers du public ont droit à 290.000 euros bruts et pas un centime d’euro en plus”.

“Tout ce débat salarial témoigne d’un incroyable mépris envers le citoyen ordinaire. Il semble que la Belgique ne parvienne pas à se débarrasser de cette culture de la cupidité. La crise bancaire est derrière nous depuis cinq ans et peu à peu tout redevient possible”, commente-t-il.

Chez les observateurs indépendants et commentateurs de la presse belge, le sujet est assimilé à un “dossier explosif” envoyé par courrier recommandé au gouvernement, qui a de quoi se faire des soucis.

Sans s’aligner sur la position des chefs d’entreprises, certains croient que les arguments des patrons ne doivent pas être pris à la légère. Car, la loi du marché affecte, certes, le chef d’entreprise en premier, mais aussi tous les cadres de l’entreprise. Pour le cas de la Poste, par exemple, une trentaine de cadres gagnent plus que le Premier ministre, tout en étant strictement alignés sur le marché.

Mais enfin, comme tous les sujets qui revêtent des dimensions politiques, économiques et sociales à la fois, il faut savoir trancher. Et c’est au monde politique que revient cette mission, car là où les patrons et les hauts cadres regardent le “mercato”, quelles que soient ses outrances, le politique, lui, doit veiller à la justice sociale et à la soutenabilité des tensions.

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