Charte des valeurs québécoises : L’élite politique provinciale et fédérale désapprouve les propositions du gouvernement Marois

Charte des valeurs québécoises : L’élite politique provinciale et fédérale désapprouve les propositions du gouvernement Marois

mercredi, 11 septembre, 2013 à 11:55

Par Hassan El AMRI
Montréal- Après trois semaines de fuites dans les médias, le gouvernement québécois a enfin dévoilé, mardi à l’Assemblée nationale, son fameux projet de Charte des valeurs québécoises, qui repose sur cinq propositions destinées notamment à consacrer la neutralité religieuse de l’Etat et à encadrer les accommodements et le port de signes religieux ostentatoires.

Aussitôt divulgué, le texte a suscité une véritable déferlante de réactions critiques de la part des partis de l’opposition au Québec et des formations fédérales, qui ont fortement désapprouvé les propositions incluses dans le projet de la Charte, le qualifiant de discriminatoire principalement envers les communautés et minorités culturelles et religieuses.

Dans ce sens, le Parti libéral québécois (PLQ-fédéraliste) a rejeté toute forme de hiérarchisation des droits et libertés, indiquant que le gouvernement de Pauline Marois doit se concentrer dans le dossier des valeurs québécoises sur ce qui unit et non sur qui divise.

Lors d’une conférence de presse, le porte-parole du PLQ, M. Marc Tanguay, a souligné l’opposition de sa formation à l’interdiction du port des signes religieux pour tous les agents de l’Etat, dénonçant dans cette mesure une atteinte aux libertés des individus.

Le gouvernement dit vouloir défendre l’égalité entre l’homme et la femme tout en permettant que les premières touchées par les mesures proposées soient justement des femmes, a martelé M. Tanguay, précisant que le gouvernement veut institutionnaliser les discriminations, les exclusions à l’embauche. “Nous ne serons pas complices de cette négation des droits”, a-t-il conclu.

De son côté, la Coalition Avenir Québec (CAQ-centre droit) estime que le projet de la charte est radical et trop compliqué d’autant plus que le texte ouvre la porte à de multiples interprétations, contient trop d’exceptions avec son droit de retrait et risque d’être inapplicable.

Lors d’un point de presse, la porte-parole du parti, Nathalie Roy a déploré le flou qui subsistera sur l’interdiction des signes religieux, si un éventuel projet de loi devait être adopté tel quel.

“Ce texte va ouvrir la porte à une foule de contestations. Cela va être un vrai calvaire pour son application. Il créera des chicanes et des dissensions”, a-t-elle indiqué.

Dans ce sens, la CAQ a plaidé pour le règlement du problème des accommodements raisonnables en proposant de limiter l’interdiction du port des signes religieux à tous les officiers de l’Etat en position d’autorité tels que les juges, procureurs de la Couronne, gardiens de prison, directeurs et enseignants d’écoles primaires et secondaires.

Même son de cloche chez le parti Québec solidaire (QS-gauche) qui a vivement critiqué l’interdiction pour le personnel de l’Etat de porter des signes religieux, tout en se disant contre le droit de retrait qui posera beaucoup de problèmes.

D’une durée de cinq ans renouvelables, ledit droit de retrait autorise à certains fonctionnaires tels que ceux des collèges d’enseignement général et professionnel (CEGEP), des universités, des hôpitaux et des municipalités de porter des signes religieux à condition que le conseil d’administration ou le conseil municipal adopte une résolution permettant leur port.

Tout en se disant en faveur des autres propositions telles que le principe de la neutralité religieuse et politique de l’Etat, la porte-parole du QS, Françoise David a relevé que la position du gouvernement sur l’interdiction du port des signes religieux ne tient pas la route et aura des effets néfastes sur le terrain.

“Au Québec solidaire, nous faisons une différence entre la neutralité religieuse des institutions et celle des individus. Nous croyons qu’une personne peut agir avec loyauté et professionnalisme tout en arborant un signe religieux”, a-t-elle renchéri.

“On s’apprête également à agir de façon discriminatoire à l’égard des femmes d’une communauté spécifique. Plutôt que d’inclure on exclut”, a-t-elle dénoncé.

Pour sa part, le chef du Bloc québécois, Daniel Paillé, n’a pas manifesté son appui au projet de la charte, notamment à l’interdiction du port des signes religieux ostentatoires à tous les fonctionnaires des établissements publics et parapublics.

M. Paillé a, dans ce cadre, rappelé que dans son mémorandum présenté à la Commission Bouchard-Taylor en 2007, le Bloc Québécois avait prôné une interdiction du port des signes religieux uniquement pour les employés de l’Etat qui sont en position d’autorité, et non pas pour l’ensemble des fonctionnaires.

Au niveau fédéral, les réactions n’ont pas tardé à se faire entendre. Ainsi, le chef du Parti libéral du Canada (PLC), Justin Trudeau, a dénoncé la politique de la division de la Première ministre québécoise.

“Je sais très bien que les Québécois et autres Canadiens méritent mieux que cette charte. Nous croyons que nous devons défendre les libertés des gens et non les restreindre”, a-t-il déclaré, réaffirmant la volonté de son parti de se battre contre cette charte qui ne représente pas l’ouverture d’esprit des Québécois.

Sur la même longueur d’onde, le leader du Nouveau Parti démocratique (NPD), Thomas Mulcair, a catégoriquement rejeté le projet de charte, en évoquant le respect des droits de la personne.

La version du texte présentée mardi confirme les “pires craintes” du NPD, a tranché son chef en caucus à Saskatoon, soulignant qu’il est tout simplement “intolérable” qu’une femme portant le foulard islamique doit quitter son emploi.

Et le responsable du parti de marteler: “Il n’y a pas de date de péremption sur les droits de la personne et ce sujet ne devrait pas faire l’objet d’un concours de popularité”, promettant que ses troupes allaient se tenir debout contre ce texte.

Le gouvernement canadien n’est pas resté à l’écart de cette controverse, en se disant, lui aussi, “préoccupé” par les propositions incluses dans le projet de Charte qui “limiterait le droit de toute personne de pratiquer sa religion”, soulignant son intention de “contester vigoureusement” toute loi qui serait jugée inconstitutionnelle.

Après avoir ouvert sa boîte de pandore, le gouvernement québécois est totalement conscient qu’il devra s’attendre à une véritable levée de boucliers de la part des autres opposants à ce projet. Par ailleurs, le débat qui vient d’être entamé s’annonce déjà dur, houleux et émotif et augure une double confrontation des plus musclées entre l’Exécutif minoritaire de Pauline et les partis politiques provincial et fédéral d’une part, et les représentants des communautés religieuses d’autre part.

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