Interdiction de l’abattage rituel en Pologne : Grogne des musulmans à l’approche de l’Aid Al Adha

Interdiction de l’abattage rituel en Pologne : Grogne des musulmans à l’approche de l’Aid Al Adha

mercredi, 18 septembre, 2013 à 10:35

Par Abdellah AKDIM

 

Varsovie- Les musulmans de Pologne se perdent en conjecture suite à l’interdiction de l’abattage rituel par les autorités polonaises, une inquiétude grandissante à l’approche de l’Aid Al Adha et face au mutisme du Conseil constitutionnel qui doit se prononcer sur la constitutionalité de la décision des pouvoirs publics que la diète (chambre basse du parlement) a entérinée.

L’abattage rituel a été interdit en Pologne en janvier dernier suscitant la colère des communautés musulmane et juive – certes peu nombreuses mais vivant sur le sol polonais depuis des lustres – avant que la diète ne rejette, en juillet dernier, un amendement prévoyant de revenir à la situation antérieure.

Un recours a été ensuite déposé auprès du Conseil Constitutionnel pour se prononcer sur la constitutionnalité de la décision des autorités, d’autant plus que la constitution polonaise est on ne peut plus claire : La loi fondamentale garantit aux communautés le libre exercice du culte. Or l’abattage rituel est l’une de ces pratiques quotidiennes, fait-on remarquer à la mosquée de Varsovie.

Le mufti des musulmans de Pologne, Tomach Miskiewich, a affirmé qu’il n’a pas saisi la Cour Constitutionnelle car il espère, a-t-il dit, que le gouvernement revienne sur sa décision avant l’Aid Al Adha, prévu aux alentours du 15 octobre. “La Cour Constitutionnelle pourrait se prononcer sur cette question après le 15 octobre et cela ne nous arrange pas”, a-t-il expliqué dans une déclaration à la MAP.

Les musulmans vivant dans la capitale, essentiellement des tatares, qui ont une existence de 600 ans sur le sol polonais, continuent d’égorger moutons et boeufs selon le rite musulman mais en l’absence de certificat suite à la loi interdisant l’abattage rituel. Des boucheries détenues par des Turcs à Varsovie continuent de vendre de la viande Halal aux clients.

A l’origine de cette interdiction, des associations de protection des animaux appuyées par des hommes politiques soutenant que l’animal étourdi avant d’être abattu souffre moins. Une thèse rejetée par des scientifiques de confessions musulmane et juive affirmant que rien ne prouve que l’animal étourdi avant d’être tué souffre le moins.

L’abattage rituel a pris également une proportion économique, car outre son caractère religieux, il est défendu par les associations d’éleveurs qui protestent contre l’interdiction de l’abattage rituel qui constitue un coup porté aux ventes de viande Halal polonaise qui représentent 30 pc des exportations de viande de boeuf et 10 pc des exportations de volaille, font-ils remarquer, ajoutant que les exportations à destination des pays musulmans et de pays européens comme la France ont pâti de cette décision, l’hexagone s’approvisionnant désormais ailleurs.

Ces associations déplorent que le gouvernement ait mis fin à un commerce florissant. L’économie polonaise pouvait développer des liens commerciaux avec les pays musulmans. 30 pc du PIB polonais proviennent de l’agriculture.

“Nous n’avons pas de gaz, ni de pétrole et on vient aujourd’hui nous priver d’une source d’enrichissement certaine”, déplorent ces associations, qui rappellent que 30 pc de la viande de boeuf ont été exportés vers les pays musulmans en 2012.

En attendant que la Cour constitutionnelle se prononce sur la constitutionnalité de la loi, les associations de défense des animaux et les communautés religieuses s’affrontent devant les tribunaux et tout le monde est suspendu au verdict de la cour.

Pour les musulmans et à l’approche de l’Aid Al Adha, il est inconcevable de ne pas accomplir l’immolation rituelle. “Même les communistes au plus fort de leur pouvoir en Europe centrale n’ont pu nous interdire de célébrer l’Aid El Kébir”, affirment-ils en choeur.

La non célébration de l’Aid Al Adha, est la ligne rouge à ne pas franchir, avertit pour sa part, le mufti Tomach Miskiewich, qui espère que le gouvernement reviendra sur sa décision dans l’intérêt de toutes communautés vivant en Pologne.

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