Abderrahim Tounsi ou Charlie Chaplin du Maroc qui mime une voix hors pair

Par Nadia EL AHMAR

Marrakech – Connu sous le nom de scène d’Abderraouf, la star de la comédie nationale, Abderrahim Tounsi, surnommé également Charlie Chaplin du Maroc, s’est affirmé au fil des années comme icône de l’art humoristique noble, à travers son personnage assimilé à Charlot qui mime une voix hors pair.

Abderraouf avoue partager avec le personnage de Charlie Chaplin plusieurs techniques de rire basées notamment sur le mime et les grimaces d’où le surnom de Charlot.

Il se dit même fier de ce surnom venant de la part d’un public aimant, dans un entretien accordé à la MAP à l’occasion de l’hommage qui lui a été rendu, mardi soir, dans le cadre du 16éme Festival international du film de Marrakech.

Abderraouf et le personnage de Charlie Chaplin ont en commun, relève-t-il, plusieurs techniques de rire basées notamment sur le mime et les grimaces, d’où le surnom de Charlot.

“Je viens du peuple et le fait qu’il m’attribue un surnom, j’en suis très fier. C’est une preuve d’amour et d’estime”, souligne le comique le plus célèbre du Maroc, réputé pour son humour engagé et élégant qui a fait plier de rire plusieurs générations de Marocains et continue de le faire, outre son approche aussi intelligente que simple pour véhiculer des messages forts.

Car, pour Abderrahim Tounsi, l’artiste n’a pas d’existence et seuls le soutien et l’encouragement des admirateurs le poussent à aller de l’avant.

“Le public est l’habit de l’artiste, sans lui l’artiste n’existe pas et n’existera jamais. C’est sa principale source de motivation”, retient-il.

Se remémorant de ses débuts sur la scène artistique, Abderrahim Tounsi ne se lasse de rappeler qu’il venait souvent à Marrakech en quête d’un avant-goût de ses sketchs et travaux humoristiques, d’autant plus que le public Marrakchi est réputé pour son sens élevé d’humour.

“Le public Marrakchi est parmi les plus difficiles à faire rire, une fois j’arrive à faire rire les habitants de la ville ocre je m’assure que je suis sur la bonne voie et je continue sur ma lancée”, explique-t-il, étant convaincu que l’humoriste qui parvient à conquérir ce public, atteindra à coup sûr le cœur de l’ensemble des Marocains.

Le comédien complet qui dispose d’un répertoire de travaux aussi riche que diversifié, aime aussi se rappeler, non sans émotion, de son passage sur la scène théâtrale qui constitue une grande fierté pour lui.

“La grande épreuve pour un comédien est celle de monter sur la planche, c’est une tâche très difficile de faire rire le public directement et de réussir une forte interaction”, soutient l’artiste qui a toujours été envahi par le trac avant sa montée sur scène.

Si le théâtre est son premier amour, il voit dans le cinéma un terrain de collaboration avec des artistes sans avoir à répéter avec eux, ouvrant ainsi de nouvelles opportunités de coopération et d’échange artistiques.

“Il m’arrive de tourner à plusieurs reprises des scènes cinématographiques, et ce malgré la satisfaction du réalisateur”, reconnaît toutefois un Abderraouf exigeant qui tient toujours à sa propre satisfaction.

Il considère que l’acteur devrait adapter sa performance au texte, sachant qu’il y a une grande différence entre les rôles joués pour le théâtre, la télévision et le cinéma.

A la question de savoir s’il a des rôles fétiches, il répond sans hésiter que l’ensemble de ses performances lui sont très particulières.

“Au théâtre comme au cinéma, je travaille de manière à ce que certaines œuvres fassent ressurgir le personnage de Abderraouf, parfois ceux de mes tout premiers débuts où je jouais en tant que Abderrahim Tounsi”, affirme-t-il.

S’agissant de ses projets, Abderrahim Tounsi révèle qu’il travaille actuellement sur une pièce de théâtre sous le titre “Solh Khir” où il sera accompagné de ses enfants Oussama, Bahae, Ihab et Ali.

Il n’écarte pas la possibilité de participer à des prochaines œuvres de télévision et de cinéma, invitant le public marocain à soutenir l’artiste en assistant à ses spectacles.

Evoquant la difficulté d’évaluer les œuvres artistiques, Abderrahim Tounsi estime que seul le public est apte de les juger, notant que “le parcours artistique est très épineux” et le défi de toute compétition est d’encourager les artistes à donner le meilleur d’eux.

Revenant sur l’hommage que lui a rendu le Festival de Marrakech, Abderrahim Tounsi se réjouit de cette initiative, y voyant un moment de reconnaissance et d’estime pour son long et riche parcours et ses efforts au service de l’art, affirmant que “l’hommage est le plus beau cadeau qu’on peut offrir à un artiste après une longue carrière”.

Né en 1936 à Casablanca, Abderrahim Tounsi a découvert sa passion pour le théâtre en détention sous l’administration coloniale. Grâce à la télévision, il a réussi là où beaucoup d’autres ont échoué, avec son personnage (Abderraouf) à la fois burlesque et idiot.