Festival Gnaoua et musiques du monde: La 22è édition a tenu toutes ses promesses

Festival Gnaoua et musiques du monde: La 22è édition a tenu toutes ses promesses

lundi, 24 juin, 2019 à 17:36

Essaouira – La 22ème édition du Festival Gnaoua et musiques du monde, organisée du 20 au 23 juin à Essaouira, a tenu toutes ses promesses, avec au programme des concerts passionnants, des fusions harmonieuses et des débats audacieux et enrichissants, indiquent les organisateurs qui annoncent que la 23ème édition du Festival se tiendra du 25 au 28 juin 2020.

Avec un public fidèle au rendez-vous et des jeunes qui affluaient après avoir parcouru, pour certains, des centaines de kilomètres, la fête de la musique a été hautement célébrée durant le Festival, se sont félicités les organisateurs dans un communiqué, soulignant que “pendant trois jours, le plus maâlem des festivals a offert des moments intemporels d’une rare beauté. 32 maâlems venus de tout le Maroc et même de Brooklyn comme Hassan Hakmoun, ont transporté le public du meilleur de la fusion au plus authentique de la belle tradition tagnaouite”.

Des centaines de milliers de mélomanes se sont réunis, quatre jours durant, dans la joie, la bonne humeur et l’amour de la musique pour fêter des concerts inspirants aux fusions inspirées et suivre les rendez-vous débats lors du Forum des droits de l’Homme, souligne-t-on, rappelant que la Cité des Alizés a été tenue en haleine lors de la désormais traditionnelle parade d’ouverture.

Les festivités ont démarré à la Place Moulay El Hassan avec le fruit d’une belle résidence entre Maâlem Hassan Boussou et le groupe cubain Osain Del Monte qui ont offert un concert métissé en un hommage aux racines africaines qui sonnaient comme une évidence. “Yoruba et Gnaoua, jadis considérés comme des musiques subalternes, ont su se marier à merveille créant une harmonie, transportant le public dans des rythmes énergiques au bonheur du plus grand nombre”.

S’en est suivi, la même soirée, une fusion ardente entre le plus pop rock des maâlems, Omar Hayat, brillant élève de feu Mahmoud Guinéa et le “griot” de l’afro pop, Moh Kouyaté. Une autre union sacrée en cette fin de soirée, celle d’un père et son fils, les maâlems Abdelkebir et Hicham Merchane, a offert au public de la scène Moulay Hassan “un concert d’une authenticité rare, une magistrale démonstration d’une relève assurée et que la tagnaouite a un bel avenir devant elle”, ajoutent les organisateurs.

Le groupe de blues touareg Tinariwen, qui a proposé un concert presque minimaliste plein de grâce et d’humanité, suivi d’une fusion avec le maâlem Mustapha Bakbou, a offert à la ville l’un des plus beaux concerts toutes éditions confondues. Un enchantement partagé comme l’a déclaré Abdallah Ag Alhousseini, guitariste du groupe Tinariwen, qui a affirmé, à l’occasion de son intervention lors du Forum des droits de l’Homme du festival, avoir donné un des concerts les “plus habités” de sa carrière. “Je n’ai jamais vu un aussi beau public. De tout le continent africain, c’est la première fois que je ressens cela. Il y a un formidable public à Essaouira” renchérit Abdellah Ag Alhousseini, cité par le communiqué.

Hamid El Kasri a offert un des temps forts du festival avec un concert passionné qui a transformé la place principale en une sorte de chœur géant par la force de l’écho du public, avant de partager la scène avec deux artistes féminines, véritables étoiles de la scène world, à savoir l’indienne et transculturelle Susheela Raman dont la rencontre avec Hamid EL Kasri a donné lieu à un moment d’une belle intemporalité et l’invité surprise Hindi Zahra qui a offert une transe pleine de grâce au public souiri, accompagnée des maîtres percussionnistes Karim Ziad et Rhani Khrija.

Quant au dernier concert, la place Moulay Hassan s’en souviendra longtemps, se réjouissent les organisateurs, qui évoquent un show d’une grande générosité de Third World, un groupe de reggae jamaïcain qui vient fêter à Essaouira ses 45 ans de carrière.

Le festival retiendra les concerts de Borj Bab Marrakech face au coucher du soleil d’Essaouira, où le rossignol de la musique andalouse moderne, Nabylaa Maan, a séduit avec un duo andalou d’une profonde humanité, formé avec “la maestra de la danse flamenca”, Maria Del Mar Moreno.

Les concerts de la scène de plage ont été porteurs de belles ondes et de belles énergies avec les troupes de la relève, les jeunes maâlems et des groupes colorés comme Baloji et Imdiazn qui ont rendu à la diversité des racines musicales marocaines africaines, estiment les organisateurs, relevant que l’original et vitaminé groupe Beetwantna a contaminé de son énergie euphorique une jeunesse conquise et a offert un concert pour les détenus de la prison d’Essaouira.

Par ailleurs, les concerts en toute intimité dans le charme des plus beaux riads d’Essaouira ont fait le bonheur d’un public ravi de s’oublier aux rythmes des troupes Gnaoua, Issaoua, Hmadcha, et de fusions endiablées à l’image des lilas de Dar Souiri, des rencontres musicales de Dar Loubane ou encore des soirées envoûtantes de la Zaouia Issaoua.

Pendant deux jours, intellectuels, artistes et militants des droits de l’Homme ont pris part à des échanges sur “La force de la culture contre la culture de la violence” qui fut le thème des débats de la 8ème édition du Forum d’Essaouira des Droits de l’Homme du festival, poursuit-on, notant que le public du forum a pu écouter et interagir avec des personnalités comme Laure Adler, Edwy Plenel, Gilles Marceron, Abdelkader Azrii, Abdelkrim Jouaiti, Mohamed Rafiki, Mouna N’Diaye, Abdellah Alhoussayni, Soumaya Hanifa, Seif Kousmate ou encore Mahi Binebine, autour du rôle de l’acteur culturel et la place de la culture comme rempart face aux différentes formes de violence.

A l’ouverture de ce forum Neila Tazi, productrice du festival, a rappelé “que la culture n’est pas un slogan, c’est un appel à la mobilisation citoyenne. C’est un appel à une prise de conscience pour garder le cap d’une civilisation humaine de progrès et de justice”, expliquant que depuis 22 ans avec le festival “la recherche de l’excellence dans la culture est au cœur de notre démarche ; mais pas celle qui exclut, qui isole et qui conduit à un processus d’intimidation sociale en déniant à certains le droit de considérer leur propre culture comme légitime et digne de reconnaissance”.

Pour Amina Bouayach, présidente du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH) la protection des droits de l’Homme est “toujours un chantier inachevé partout dans le monde puisqu’il y a encore un travail immense à accomplir au quotidien”, selon la même source qui rappelle également que le peintre et romancier Mahi Binebine a partagé son expérience avec les centre des Étoiles de Sidi Moumen qui aide à sauver les jeunes des bidonvilles et quartiers sensibles de l’influence intégriste en les initiant à la culture.

Lors de ce même Forum, le journaliste et écrivain Edwy Plenel a offert au public une intervention de haute facture, rappelant que la culture n’est pas suffisante pour éviter la barbarie quand cette culture “est née de l’humiliation et de l’idée que des gens seraient propriétaires de la culture en dominant d’autres personnes”.

Le journaliste a qualifié le Festival Gnaoua et musiques du monde et son Forum de “lieu de rencontre étonnant, où beaucoup de choses inédites se disent, beaucoup de choses provocantes au meilleur sens du terme”, conclut le communiqué.

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