Les musiques classiques indienne et marocaine ont beaucoup d’aspects en partage (artiste indien)

Propos recueillis par Y. KRAIFA et I. TEKKI

Rabat – Nombreux sont les aspects partagés entre la musique classique indienne et la musique marocaine, a relevé le percussionniste franco-indien, Prabhu Edouard, membre du groupe Trio Andaaz.

“Nous avons des notes universelles qui nous unissent et vous avez les maqams qui sont l’équivalent des Râgas indiens”, a indiqué ce talentueux joueur de la tabla indienne, dans un entretien à la MAP au terme du spectacle que le trio a livré mardi en début de soirée sur le mythique site de Chellah, dans le cadre du festival Mawazine (22-30 juin).

“Vous avez de grands maîtres de luth qui ont forgé la musique classique du Maroc et de l’Orient et de la même manière nous avons beaucoup de maîtres indiens qui ont créé des Râgas. Donc il y a ce rapport entre les deux mondes”, a ajouté ce percussionniste de renommée internationale, qui s’est produit avec nombre de groupes musicaux de par le monde.

Selon lui, dans la musique actuelle, l’harmonie est moins utilisée pour privilégier le raffinement de la mélodie, “chose qui nous rassemble”, a-t-il expliqué, entouré des autres membres du trio, Sahana Banerjee, grande figure du Sitar, et Chiranjib Chakraborty, l’un des meilleurs chanteurs de musique classique indienne.

Il est en ce sens revenu sur son expérience avec le grand luthiste marocain, le regretté “Oustad” Said Chraibi, un “grand joueur de luth avec qui j’ai eu le plaisir de jouer la tabla. C’était comme si j’avais rencontré un oncle avec lequel je n’avais pas trop à expliquer”, a-t-il indiqué, en référence au pouvoir du langage musical qui transcende toute frontière linguistique.

Concernant les possibilités de mixer les musiques indienne et marocaine, il a fait savoir que dans son album “Kolam”, il a réussi à créer un mélange du style indien avec les styles breton, européen et même marocain.

“Dans le morceau Aïlassa, j’ai mélangé les rythmes du sud de l’Inde avec ceux des Gnawa”, a confié l’artiste à la MAP.

“J’adore la musique Gnawa, la musique classique et le son du luth marocain”, s’est-t-il réjoui sur un ton joyeux, notant qu’il est à sa deuxième participation à Mawazine.

“J’ai eu le plaisir de venir il y a 4 ou 5 ans avec une fameuse danseuse et sa troupe et c’était formidable, donc je reviens ici avec le même sentiment que celui de retrouver des amis qui me sont très proches”, a ajouté l’artiste.

Concernant leur participation à cette grand-messe culturelle, le chanteur Chiranjib Chakraborty s’est dit très heureux de se produire au Maroc pour la première fois, notant qu’il s’agit aussi de sa première performance avec Sahana et qu’il espère que le public a aimé cette performance et cette rencontre “inédites”.

Pour sa part, Sahana a relevé avoir vécu une expérience “formidable” à Mawazine et s’est félicitée de cette collaboration inédite avec le groupe.

“C’est ma première fois au Maroc et la première fois que nous sommes tous les trois ensemble sur une même scène. J’espère que le public a aimé notre performance et c’était une incroyable expérience de se trouver dans ce cadre naturel et de jouer sur ce site magnifique”, a-t-elle confié.

Prabhu Edouard, est un Indien ayant grandi en France. Il est considéré comme l’un des meilleurs joueurs de tabla de sa génération et a été formé par le légendaire Pandit Shankar Ghosh. Edouard a collaboré avec plusieurs artistes de renom, dont feu Said Chraibi.

Née à Calcutta en 1973 d’une famille de musiciens, Sahana Banerjee a été formée au sitar par son père. Elle compte parmi un nombre limité de femmes qui maîtrisent cet instrument, ce qui en a fait un visage familier des festivals internationaux.

Pour sa part, Chiranjib Chakraborty, lui aussi originaire de Calcutta, est un professeur de chant indien classique qui a su développer son propre style. Il a une grande expérience des concerts de par le monde et compte à son actif de nombreuses compositions et projets musicaux en Inde et en Europe.