Parution de l’ouvrage “Maroc 1975” : Des photographies en noir et blanc enveloppées de nostalgie de Bernard Plossu

Parution de l’ouvrage “Maroc 1975” : Des photographies en noir et blanc enveloppées de nostalgie de Bernard Plossu

samedi, 28 février, 2015 à 15:43

Par Roukane EL GHISSASSI

Rabat – L’ouvrage “Maroc 1975”, qui vient d’être publié récemment aux éditions “La Non-MAISON micro centre d’art” et “Hors’ Champs”, est l’occasion pour le lecteur de découvrir des scènes de la vie quotidienne enveloppées d’une certaine nostalgie que Bernard Plossu a captées lors de son voyage au Maroc en solitaire, accompagnées de textes de Abdellah Karroum qui éclaire et informe le lecteur sur la mémoire de ses prises de vue.
L’année 1975 est un moment crucial, le début de la fin du siècle dernier. L’Etat espagnol décolonise le Sahara. La guerre du Vietnam se termine. Les intellectuels avaient déjà pris position contre les intrusions colonialistes et contre les régimes autoritaires partout dans le monde, contre l’usage des armes chimiques et les guerres sales souvent contre des innocents”, rappelle l’artiste Abdellah Karraoum, pour asseoir le lecteur dans le contexte dans lequel ont été prises les photos de cet ouvrage écrit en arabe et en français.
“1975 semble tellement proche quand la photographie fixe les regards témoins de ce temps précis de la rencontre. L’image revient et semble réduire le temps de l’histoire, en opposition avec la mémoire qui semble creuser le fossé, plus profond, entre cette image et la connaissance que nous avons du sujet. La photographie est en fer dans une troisième réalité, plus permanente que le présent ou la fiction”, explique-t-il.
En Afrique en général, et plus particulièrement dans le vaste désert du Sahara, “la civilisation est construite sur le geste minimal, le spectre des couleurs très peu nuancé, mais fortement marqué par la lumière. Le noir et blanc de la photographie nous fait oublier l’existence de la couleur, tellement elle en devient visible”, soutient-il.
“La modernité de chaque époque est inscrite par les images et les récits, par les outils techniques de représentation et par la parole. L’écrivain moderniste Taha Hussein, tient-il à rappeler, n’a-t-il pas décrit son voyage en France et son passage à Montpellier, dans une étude anthropologique alors qu’il était non voyant ?”.
Pour ce qui est de la démarche de Bernard Plossu, Karroum indique qu’il a opté pour “un double objectif, dans le sens de la marche quand il s’agit d’aller à la rencontre des habitants d’Agdz, et dans le sens de la représentation quand il s’agit de la prise de vue photographique”.
En photographe sensible au moment qui s’offre à lui, il équipe son appareil d’un objectif qui “ne tord pas le réel dans cette sélection d’instants et de rencontres”, ajoute-il.
Quelque 101 photographies en noir et blanc sont prises par Plossu qui a dirigé son appareil du côté d’Aglou, l’Anti Atlas, le Haut Atlas, la Vallée du Draâ, Tafraout, Fès, Marrakech, Goulmime, Casablanca, Tanger, Tiznit, Volubilis, dont il a happé des paysages ou encore des scènes de la vie quotidienne ou des places célèbres du Maroc comme celle mythique de Jamae El Fna à Marrakech.
Sur d’autres clichés sont montrées des femmes voilées à l’ancienne, habillées en djellaba, marchant dans la rue d’un pas décidé qui vaquent à leur occupation, une autre scène présente des Gnaouas jouant avec les qraqeb (anciennes crotales), une autre encore là amusante montrant deux personnes, un enfant cramponné à un adulte qui sont accrochés sur la selle d’un vélo à Aglou, une scène amusante dans les villages marocains.
Et figurent sur d’autres un cageot collé à un panier en osier qui jouxte une passoire en plastique, les trois récipients remplis d’œufs dans l’expectative d’être vendus, deux mausolée esseulés à l’océan, des constructions en pisé debout ou nichées dans des villages, des enfants à dos d’âne trottant sur une plaine immense qui domine tout l’espace de la photo, une jeune fille ravissante et tout sourire habillée en gandoura noire baladant sur le dos son bébé pour qu’il voit mieux le monde qu’il l’entoure. La chose la plus naturelle dans les contrées occidentales serait de le porter sur le ventre.
Sur d’autres clichés, de beaux rideaux qui donnent sur l’océan ou peut-être le désert mais entrouverts pour suivre du regard au loin un oiseau volant haut dans le ciel, une grande fenêtre rectangulaire en fer forgé dont le centre est barré de vide facilite la vue d’arbres à celui qui veut bien les admirer, des tapis qui peuvent servir également de tentures murales sont accrochés aux portes d’entrée des magasins, les décorant.
Karroum raconte avec force détails que lorsqu’il s’agit de prendre en photo “des voitures qui sont encore rares sur les pistes des villages des montagnes berbères” et, où “les poutres végétales de miel debout en été, le soleil oblige Plossu à augmenter la vitesse d’exposition de la pellicule. Et le diaphragme de l’appareil s’ouvre et se ferme en une infraction de seconde 1/500e et parfois plus rapidement encore”.
Son regard aiguisé, Karroum s’accorde cette liberté de décrire que “tout cela donne un caractère mural au ciel et ramène l’image à la surface, les regards des personnages surpris sont encore plus perçants, dans le geste, car, estime-t-il, les yeux sont très loin pour qu’en voie les reflets”.
Plus précisément vers le sud, Plossu aspire “à rejoindre un paysage, à établir un lien entre ce quoi est perçu, vécu et ce qui est capté et transporté ailleurs, à commencer par Tanger, déjà les côtes africaines”, renchérit-il.
“La scène de chaque image photographique est l’extension d’un événement, l’image nous indique une autre temporalité, l’imaginaire du sujet qui poursuit sa marche. L’histoire”, nous dit Karroum.

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