Portugal: Le Musée Calouste Gulbenkian aux oeuvres de l’antiquité égyptienne à l’art contemporain

Par Karim Naji
Lisbonne – Le Musée Calouste Gulbenkian, l’un des plus visités au Portugal, compte des oeuvres datant de l’antiquité égyptienne jusqu’à l’art contemporain issues de deux collections: La Collection du Fondateur et la Collection Moderne.

Bien situé au centre ville de Lisbonne et entouré par l’un des jardins modernes les plus emblématiques du Portugal, Le Calouste Gulbenkian, à la fois musée, bibliothèque d’art, salle de concerts et salle de conférences, est doté d’une vaste collection privée et des galeries des artistes les plus novateurs.

La Collection du Fondateur Calouste Gulbenkian rassemble des œuvres allant de l’Antiquité jusqu’au début du 20e siècle, comptant plus de 6.000 pièces qu’il a réunies lui-même tout au long de sa vie, incluant arts égyptien et gréco-romain, arts de l’Orient islamique et de l’Extrême-Orient: pièces de monnaie, peinture, sculpture et arts décoratifs, entre autres.

Des chefs d’oeuvres de renommée internationale et des œuvres de grands maîtres tels que Rubens (peintre baroque flamand), Rembrandt (un des plus importants peintres de l’École hollandais), Turner (peintre, aquarelliste et graveur britannique), Degas (un des plus importants sculpteurs français), ainsi que le plus grand ensemble de bijoux de René Lalique (bijoutier et joaillier français), figurent dans cette collection privée.

Quant à la Collection moderne, constituée de plus de 10.000 œuvres, elle est considérée comme la plus complète en matière d’art moderne et contemporain portugais. Les galeries initient à l’histoire de l’art et à la culture au Portugal depuis le début du 20e siècle jusqu’à nos jours, avec des œuvres d’Amadeo de Souza-Cardoso (peintre portugais, précurseur de l’art moderne), Vieira da Silva (artiste peintre), Paula Rego (artiste plasticienne) et Almada Negreiros (peintre et écrivain).

L’artiste Calouste, qui a rassemblé une importante collection privée, considérée comme l’une des meilleures au monde, a recommandé que toutes les oeuvres soient réunies ensemble pour être appréciées par les générations futures, a indiqué le conservateur du musée, Joao Carvalho Dias, dans un entretien à la MAP.

Le musée créé après sa mort en 1955 renferme l’ensemble des oeuvres d’art qu’il a conservées durant toute sa vie, a-t-il ajouté, précisant que le bâtiment a été construit en 1969 pour rassembler l’intégralité de ces oeuvres sous le même toit, pour qu’elles ne risquent pas de se disperser, conformément à sa volonté.

Quant à la collection moderne, elle relève de la fondation créée par testament de Gulbenkian, comme institution à but éducatif, scientifique, artistique et caritatif, devenue par la suite collectionneuse, à travers l’achat de différentes oeuvres du Portugal et d’autres pays, a-t-il expliqué.

Les oeuvres d’art antique du musée, d’une valeur inestimable, remontent à 2500 ans avant Jésus Chris, et compte aussi, selon lui, celles les plus récentes qui font partie du patrimoine ouvert de la fondation, à travers les achats effectués chaque année, de l’antiquité égyptienne à l’art contemporain.

Le musée, qui accueille 400.000 visiteurs en moyenne chaque année, doit son nom à l’homme d’affaires arménien Calouste Sarkis Gulbenkian qui a fait sa fortune au début du 20ème siècle dans l’industrie pétrolière alors naissante au Moyen-Orient, a-t-il fait savoir.

L’homme qui avait plusieurs résidences à Istanbul, à Londres et à Paris, élit domicile pendant la seconde guerre mondiale, à Lisbonne, dans un Portugal demeuré neutre, jusqu’à sa mort en 1955.

“Féru d’art, Calouste Sarkis Gulbenkian, est né en 1869 sous l’empire Ottoman, dans la ville Scutarin, sur la rive orientale du Bosphore à côté d’Istanbul. Sa vie de collectionneur s’étend sur pratiquement 60 ans; ses premières acquisitions, des monnaies grecques, ont eu lieu en 1896, à la fin du siècle, il achète à Londres et à Paris des gemmes provenant de la collection Alfred Morrison et de la céramique d’Iznik”, a enchaîné M. Dias.

Il acquiert d’importantes pièces d’art égyptien, des tapisseries de Mantoue, des peintures d’artiste de renom, des livres manuscrits, des statuettes et divers objets d’art décoratifs représentant différentes époques et cultures qui font la joie des visiteurs.

D’un tempérament exigeant, Gulbenkian a toujours valorisé, dans ses acquisitions, la qualité des objets, leur provenance et leur parfait état de conservation, jusqu’à l’obsession, a-t-il tenu à préciser.

Cette obsession se manifeste clairement à travers ses multiples correspondances. Un écriteau, affiché à l’entrée du musée, extrait de l’une d’entre elles, en dit long sur sa passion pour cet art.

“J’ai pleine conscience qu’il y a du temps pour prendre une décision sur le futur de mes oeuvres d’art. Je peux dire sans regret ou exagération, que je les considère comme mes filles et que leur bien-être figure parmi mes préoccupations qui représentent 50 ou 60 ans de ma vie. Tout au long de ce temps où je les ai rassemblées, parfois avec de grandes difficultés, mais toujours et exclusivement guidé par mon goût personnel, elles restent dans mon âme et mon coeur”, avait-il écrit.

La constitution de la collection Gulbenkian, en apparence erratique, suivait en fait un goût affirmé aux facettes multiples, traversant l’Orient islamique, l’Extrême-Orient et l’Occident européen, qui fait de cet artiste un collectionneur hors pair.