La quête de l’ombre, “pivot” de la réflexion picturale de l’artiste Abdelkébir Rabi

La quête de l’ombre, “pivot” de la réflexion picturale de l’artiste Abdelkébir Rabi

samedi, 30 janvier, 2016 à 10:47

Hajar El Faker

Rabat – L’œuvre de l’artiste-peintre, Abdelkébir Rabi, relève de la méditation. Certes, elle invite tout un chacun à s’interroger sur la quête de la part de l’ombre dans la création artistique.
La question de l’ombre, c’est aussi celle de l’acte de dessiner dans sa substance fondamentale, le dessin apparaît, naturellement, comme l’expression tracée de l’ombre. A travers elle, la lumière se manifeste dans une corrélation parfaite de contrastes, ce qui offre à l’œil une illusion d’espace pour que la forme se manifeste dans toute sa plénitude.
Elle est, en outre, présente dans différents domaines artistiques, notamment en sculpture, photographie et théâtre, mais le “pivot” de la réflexion de Rabi se manifeste dans la trace de l’ombre en peinture.
“La question de l’ombre, c’est aussi celle de l’acte de dessiner dans sa substance fondamentale”, a indiqué Rabi, qui donnait récemment une Conférence à l’occasion du 1er Forum culturel de la MAP, placé sous le signe “L’ombre dans la peinture”.
De prime abord, il a fait savoir que son expérience dans la quête de la part de l’ombre dans la création artistique est un moyen de s’approcher de la lumière.
Selon la légende grecque, l’histoire de l’ombre commença avec les Egyptiens qui l’auraient instaurée à partir des effets d’ombre. A cette époque, celle-ci fut d’abord tenue comme étant l’âme même pour être considérée par la suite comme son double.
Les œuvres de grands maîtres du classicisme des temps passés: celles de Caravage et de Rembrandt demeurent, décidément, une référence inestimable dans l’histoire de l’art et constituent désormais un éloge éclatant et une célébration solennelle de l’ombre et de ses mystères.
Il suffit de se consulter les œuvres romantiques de Goya, à celles de Gorot ou encore de Victor Hugo pour se rendre compte de la place de l’ombre et l’attrait qu’exercent ses énigmes qui l’entourent.
Quand grandit la part de l’ombre, l’imagination règne en maître. Car cette part d’ombre est lucidité et cette lumière intérieure, pourtant sombre, nous aide à affronter le sentiment tragique de notre finitude.
“C’est en interrogeant les mystères de l’ombre que l’imaginaire s’ouvre, pleinement, à une pensée créatrice fertile”. Certes, la toile chez Rabi est un espace de l’émergence violente du signe et de sa naissance à partir d’une liberté maitrisée du geste. La toile devient ainsi le lieu d’une écriture volcanique qui doit beaucoup à la calligraphie extrême orientale.
Le signe lui confère sa plénitude, son ton et sa rythmique. Il constitue, à lui-seul, l’essence du tableau. Sa noirceur est ascétique et les couleurs qui viennent le parer sont généralement de parures symboliques.
La démarche de Rabi libère ainsi la lettre de sa lisibilité pour l’ouvrir à l’usage purement plastique et en faire une trace parmi les traces. Il développe une pratique artistique, depuis pratiquement quatre décennies, qui oscille entre figuration et abstraction.
Dans ce parcours où le sujet est devenu progressivement un prétexte pour construire librement un langage de formes, de couleurs et de contrastes, il aura suffi à l’artiste de rejeter totalement le peu de référence au réel qui reste pour aboutir à une peinture qui exprime sa propre réalité.
Rabi est natif de Boulmane où il fut bercé par la lumière du Moyen-Atlas. Il s’engagea dans une intense production figurative graphique et picturale. Les techniques, les formes et les conceptions caractéristiques de l’abstraction artistique feront désormais partie de son univers de création, avec toutefois des retours épisodiques à l’expression figurative qu’il n’a, en fait, jamais réellement quittée.
Rabi avait étudié à Fès et en France avant d’exercer en tant qu’enseignant universitaire et créa avec le professeur en esthétique, Moulim Laâroussi, la licence appliquée en arts, en partenariat avec la faculté Ben M’sik de Casablanca et celle d’Aix-En Provence.
Il a une présence et un style qui lui confère une place à part, style fondé sur une gestualité, une certaine graphie et une monochromie avec de grands traits noirs sur un fond blanc trahissant toujours comme un refus de la couleur, comme si le peintre se complaisait dans la sobriété poussée à l’extrême.
Rabi nous apprend davantage sur la dualité métaphysique propre à la pensée universelle, celle d’ombre-lumière. L’ombre suppose l’existence de la lumière, elle ne peut prendre forme sans elle. Ombre et lumière sont opposées et complémentaires. “il y a, en effet, en nous quelque chose de sombre qui rend plus lumineuse la vie”, a-t-il dit.
Avançant avec spontanéité dans les dédales obscurs de l’ombre, Rabi, lorsqu’”il commence une toile, il n’a aucune idée de ce que cela va donner”. Prise à l’éveil du jour, elle est la trace d’une émotion et non le résultat d’un choix.

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