Loi de Finances rectificative: Quatre questions à Soraya Kettani, présidente de Fomagov

Loi de Finances rectificative: Quatre questions à Soraya Kettani, présidente de Fomagov

samedi, 30 mai, 2020 à 11:57

Rabat – La présidente de la Fondation marocaine de la bonne gouvernance (Fomagov) et analyste en politique internationale et en communication politique et publique, Soraya Kettani, a accordé une interview à la MAP dans laquelle elle s’est exprimée sur la décision du gouvernement de recourir à une Loi de Finances rectificative.

1- Le Gouvernement se penche actuellement sur l’élaboration d’un PLFR en réponse à une conjoncture économique fortement impactée par la crise sanitaire de covid-19. Quelle lecture faites-vous de cette décision ?

La décision du gouvernement de recourir à une loi de finances rectificative (LFR) souligne l’énormité des écarts creusés par la pandémie sur la prévisibilité des hypothèses de la loi de finances de départ, la difficulté pour l’Etat de soutenir le sort actuel et à venir de l’économie, la nécessité de reconstituer le capital des équilibres budgétaires, et l’impérieuse nécessité d’accomplir le principe de respect des règles de constitutionnalité.

2- Dans quelle mesure le recours à cette LFR pourrait-il stimuler l’économie nationale pour sortir de cette crise?

Une loi de finances donne à lire la philosophie doctrinaire d’un Etat, l’agencement de la justesse des relations et interactions, l’efficacité et la performance des institutions et bien d’autres éléments qui relèvent de l’organisation d’un pays et de sa nation. De sa lecture se dégagent l’esprit des lois suspendus au dessus de l’ensemble des mouvements de gestion d’un pays, ainsi que l’identité générique qui caractérise le choix des décisions, politiques, économiques, sociales, etc.

L’intervention et la précision pour le mois à venir d’une loi de finances rectificative souligne l’urgence de la mise en place des principes d’une relance économique. Jusqu’à quel point cette dernière sera plus en rupture, ou plus en continuité, avec les principes doctrinaires de la gestion de notre pays, vu la spécificité très particulière du cas d’urgence, en rupture totale avec les données de modélisation des hypothèses budgétaires prévalues jusque là, et qui suggère très volontiers, une astucieuse rupture avec les dogmes préexistants ?

De cette pandémie, qu’est ce que l’Etat aura tiré comme enseignements sur la manière avec laquelle il était auparavant agencé, pour produire à partir de la situation actuelle, un saut qualitatif, dans le volume et dans le temps ?

En d’autres termes, quels seront les territoires d’intelligence qui seuls feront que réussisse la performance du funambule à laquelle sera livré le gouvernement, vu que sa grande difficulté résidera dans l’instabilité et l’incertitude des hypothèses à entrevoir, et la rapidité actuelle de leur déplacement ?

3. Quelles seraient, selon vous, les priorités de cette LFR ?

Le gouvernement placera la transformation numérique parmi les priorités de la loi de finances rectificative, ainsi que les secteurs de la santé, de l’éducation, de la recherche scientifique, de l’emploi et de la protection sociale.

Placer ces postes en tête de chapitres pourrait suggérer un changement de paradigme, celui de l’appropriation de ces territoires d’intelligences comme moteurs de conversion des menaces actuelles en instruments d’opportunités futures.

Pour l’illustrer, la transformation numérique permettra-t-elle par exemple de réduire l’obésité de l’Etat, et par conséquence augmenter sa performance, et par effet de cascade, la confiance et l’accélération des circuits productifs ? Et de ce fait, par quel processus mécaniques conduire cela ?

La révision de la loi de finances devra être le deuxième acte fort de l’Etat qui suivra celui en représentation depuis le 17 mars dernier. Le premier acte ayant dicté et agencé la batterie de mesures et d’actions protectrices en soutien aux populations, la loi de finances rectificative matérialisera l’acte II du lien entre Etat et Nation.

C’est une nouvelle occasion de produire à nouveau la force de l’Etat, et surtout, de matérialiser ce que scandait depuis toujours le pacte nation-citoyens : la confiance, la justice et l’efficacité administrative et professionnelle.

4. Quel sont les enjeux de ce projet de Loi de Finances rectificative ?

C’est un exercice périlleux, entre réserve et humilité, prudence et courage, partage et respect des règles de constitutionnalité.

Les conditions de sa convocation sont très difficiles: Des pertes économiques considérables, une fragile soutenabilité de la structure socio-économique, une sécheresse confirmée, une incertitude sanitaire et une incertitude des marchés internationaux.

Dans cette instabilité, l’équilibrisme est de reconfirmer à nouveau la sincérité qui sera livrée dans cette nouvelle loi de finances, dans le respect des règles de la représentativité au sein des instances parlementaires, de la constitutionnalité dans la préservation de l’équilibre des finances de l’Etat, de la transparence dans la collectivisation de l’ensemble des acteurs et de leurs intérêts, dans le processus d’approbation des nouveaux comptes de l’état.

Pour conclure, cette nouvelle loi rectificative mobilisera très certainement des quantités importantes de créativité, ce qu’il faut espérer. Mais elle nécessitera en cas certain du courage dans une foi immense, à placer, sur le long terme, dans la sincérité de tous les acteurs.

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