Mohamed Ben Azzouz Hakim, le doyen des historiens marocains tire sa révérence

Par Abdelaziz Hayoun
Tétouan – Doyen des historiens marocains, Mohamed Ben Azzouz Hakim, décédé lundi à Tétouan, a consacré plus de 70 années à l’étude de l’histoire moderne du Maroc, enrichissant ainsi la bibliographie nationale d’œuvres renommées ayant contribué à la défense des causes justes du Royaume.

Le regretté chercheur et historien, qui a été décoré par SM le Roi Mohammed VI du Wissame Al Kafaâ Al Fikria, s’est illustré par sa capacité de recherche et d’analyse des documents historiques, ce que reflète d’ailleurs la richesse et la grande valeur historique et scientifique de ses ouvrages, faisant de l’érudit l’un des plus grands de l’histoire du Maroc.

Les travaux de feu Ben Azzouz Hakim sont essentiels pour la connaissance et la compréhension de plusieurs sujets de l’histoire moderne et contemporaine du Maroc, notamment ceux relatifs à la région du Nord et plus particulièrement aux relations maroco-espagnoles.

Les historiens marocains sont unanimes à souligner et à reconnaître la grande qualité des recherches historiques de Mohamed Ben Azzouz Hakim, qui a jeté la lumière sur des documents rares et tracé avec justesse les contours des relations et des événements communs entre les deux rives du Détroit de Gibraltar.

L’historien, qui maitrisait parfaitement les langues arabe, espagnole, portugaise, italienne et française, a tiré pleinement profit de sa formation académique à l’Université de Madrid et des nombreux postes de responsabilité qu’il avait occupés depuis la période du protectorat, pour accéder à une documentation riche et rare, lui permettant de s’ériger en référence incontournable pour des générations de chercheurs et d’historiens.

Feu Ben Azzouz Hakim, qui est devenu, à 18 ans, le premier Marocain à voir publié un livre en langue espagnole, paru dans les années 1940 sous le titre “Voyage en Andalousie”, a offert, par son œuvre, les clés essentiels pour l’étude et l’analyse de l’histoire commune maroco-espagnole, tout en réunissant, au fil des années, l’une des bibliothèques les plus riches et les plus variées dans les domaines de l’Histoire et de la philosophie de l’Histoire.

Le défunt avait exprimé, à plusieurs reprises, son souhait de voir son œuvre, comptant plus de 320 livres en arabe et en espagnol et plus de 300 recherches, faire l’objet de travaux de recherche et de publication de la part de ses confrères.

Par ailleurs, l’historien avait consacré une grande partie de ses travaux à la cause du Sahara marocain, notamment son livre intitulé “La souveraineté marocaine sur les provinces sahariennes à travers les documents makhzaniens”, dans lequel il démontre, documents historiques à l’appui, la marocanité du Sahara et la solidité des liens politiques, économiques, sociaux et spirituels liant les tribus sahraouies au Trône alaouite.

Véritable témoin de son époque, feu Mohamed Ben Azzouz Hakim restera l’un des grands historiens au Maroc, dont l’oeuvre inépuisable constitue un outil indispensable pour l’étude et l’analyse de l’histoire du Maroc au XXème siècle.