Préserver la santé ou sauver l’économie, le dilemme cornélien de l’Europe

Préserver la santé ou sauver l’économie, le dilemme cornélien de l’Europe

mercredi, 18 novembre, 2020 à 12:31

-Par : Afaf Razouki-

Bruxelles – Face à une deuxième vague épidémique qui déferle sur des hôpitaux à bout du souffle, l’Europe se retrouve devant un dilemme cornélien: Préserver la santé de ses citoyens ou sauver son économie déjà fragilisée par un premier confinement éprouvant.

Alors que les pays européens ont multiplié les restrictions allant même, pour la plupart d’entre eux, à décréter un deuxième confinement afin d’alléger la pression sur les systèmes de santé au bord de l’effondrement, les gouvernements disent envisager des mesures qui pourraient durer de longs mois au risque de donner le coup de grâce à leurs économies.

Avec près de 300.000 nouveaux cas quotidiens, l’Europe est le continent qui enregistre la plus forte progression de la pandémie. Cette situation a conduit de nombreux pays à multiplier les tours de vis et la tendance qui se dessine pour le moment c’est que les autorités veulent jouer la carte de la vigilance pour éviter un nouveau retour à la case départ.

En Belgique par exemple, le ministre de la Santé Frank Vandenbroucke, a été on ne peut plus clair en relevant que le déconfinement sera plus strict que pendant la première vague et qu’il faudra se montrer “très patient” avant de relâcher les restrictions. Certains experts évoquent même la barre de 50 contaminations par jour pour lever le confinement alors que le pays continue de recenser en moyenne quelque 5.000 infections quotidiennes.

Ce ton prudent est également adopté par le Premier ministre français, Jean Castex, qui a souligné la fatalité de “vivre avec le virus sur le temps long”, disant travailler sur une stratégie de lutte contre le Covid-19 jusqu’à l’été 2021.

Le constat est le même en Allemagne, où les restrictions contre le coronavirus pourraient se prolonger “pendant au moins les quatre ou cinq prochains mois”, selon le ministre de l’Economie Peter Altmaier.

“Tous les pays qui ont levé leurs restrictions trop tôt ont jusqu’à présent payé un prix élevé en termes de vies humaines”, a-t-il prévenu.

Même si les bonnes nouvelles provenant ces derniers jours des sociétés pharmaceutiques Pfizer et Moderna concernant l’efficacité de leur vaccin contre le Covid-19 ont soufflé un air d’espoir sur les pays européens, comme un peu partout dans le monde, l’heure n’est nullement au relâchement d’autant plus que le processus de vaccination nécessitera plusieurs mois et posera de nombreux défis logistiques.

Le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a prévenu, dans ce sens, qu’”un vaccin ne suffira pas à lui seul à vaincre” la pandémie de coronavirus, réitérant son appel au maintien de certains fondamentaux, qui ont permis à nombreux pays de contenir le virus.

Face au spectre de mesures sur le long terme, la colère gronde dans les milieux économiques qui craignent le pire pour les mois à venir.

Pour les secteurs les plus touchés, ces nouvelles restrictions sont tombées tel un coup de massue, assombrissant davantage les perspectives pour de nombreuses entreprises.

En France, les petits commerçants et de proximité, dont l’activité est jugée “non nécessaire” sont vite montés au créneau, pour réclamer une réouverture plus tôt que prévue, mais le gouvernement a décidé de maintenir les commerces fermés au moins jusqu’au 1er décembre.

Le même constat de désolation est fait par les professionnels des secteurs culturel, de la restauration, de l’hôtellerie, du tourisme et des loisirs qui se disent “les victimes” de ce reconfinement, redoutant des faillites en cascade.

En Espagne, l’organisation patronale “CEOE” relève qu’environ 100.000 entreprises ont déjà fermé au niveau national, mettant en garde que l’étendue réelle des dégâts ne sera connue qu’une fois levées les mesures de soutien public, en particulier les lignes de crédit aux entreprises et le financement du chômage partiel.

Pour ce qui est de l’Italie, depuis le début de la crise sanitaire, 50.000 entreprises sont au bord de l’effondrement, ce qui représente environ 350 000 personnes, selon la fédération italienne des entreprises.

Dans ses dernières prévisions économiques pour la zone euro et l’UE, la Commission européenne a dit s’attendre à ce que les perspectives de croissance économique pour les prochains mois restent “très incertaines”, en raison de l’évolution constante de la situation épidémiologique liée au coronavirus.

“Nous nous attendons à ce que cette résurgence de la pandémie mette la relance sur ‘pause’ sur le court terme”, a commenté le commissaire européen à l’Économie, Paolo Gentiloni.

Pour revigorer son économie malmenée par cette crise majeure, l’UE compte sur son plan de relance qui vise à soutenir ceux qui en ont le plus besoin, encourager les investissements et les réformes et renforcer les économies en se concentrant sur les priorités communes des Etats membres.

Toutefois, le blocage de la Pologne et de la Hongrie qui exigent l’abandon d’un nouveau mécanisme liant le versement des fonds au respect de l’Etat de droit avant de donner leur feu vert, pourrait retarder l’adoption de ce plan de relance qui nécessite l’unanimité des Vingt-sept.

Touchée de plein fouet par cette crise sanitaire aux répercussions économiques et sociales majeures, l’UE, longtemps critiquée pour sa gestion de la première vague de la pandémie, dit vouloir tirer les leçons de cette épreuve difficile en dévoilant il y a quelques jours son projet d'”Union de la santé”, qui vise à renforcer le cadre européen en matière de sécurité sanitaire et le rôle d’agences européennes clés dans la préparation aux crises sanitaires et la réaction face à celles-ci.

A travers cette “Union de la Santé”, l’UE entend également renforcer la coordination européenne dans le domaine sanitaire et raviver l’esprit de solidarité collective entre les Etats membres après un début de pandémie où l’approche de “chacun pour soi” a prévalu au grand dam de pays comme l’Espagne et l’Italie qui se sont retrouvés livrés à eux-mêmes dans une guerre sans merci.

L’UE a, par ailleurs, annoncé la création d’une nouvelle agence spécifique pour s’assurer que l’Europe dispose des moyens d’affronter de futures pandémies.

Souhaitant se tourner vers le futur et anticiper de nouvelles crises sanitaires, l’UE devra surtout surmonter ses divisions et apprendre de ses erreurs du passé qui ont terni son image et fragilisé davantage son unité.

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