Afrique du sud: Affaire Nkandla, M. Zuma de nouveau dans la tourmente

Afrique du sud: Affaire Nkandla, M. Zuma de nouveau dans la tourmente

jeudi, 4 février, 2016 à 10:55

Par Abdelghani AOUIFIA

Johannesburg – Les derniers développements d’une affaire de détournement de fonds impliquant le président sud-africain Jacob Zuma, ont ravivé le débat sur l’avenir de ce dernier à la tête de l’African National Congress (ANC) et du pays.
L’affaire remonte à 2012 quand le président sud-africain a été accusé d’avoir eu recours à l’argent du contribuable pour rénover sa résidence privée dans sa localité natale de Nkandla, dans la province du KwaZulu Natal oriental. Un montant de plus de 13 millions de dollars des fonds publics a été alloué à ce projet.
M. Zuma, qui fait l’objet d’une plainte à la Cour constitutionnelle déposée par l’opposition, a surpris les observateurs mardi soir en proposant de rembourser une partie de ce montant dans le but de clore un dossier qui risque de peser lourd lors des prochaines échéances électorales, à commencer par le scrutin local prévue durant ce premier semestre de 2016.
Certains observateurs ont vu dans l’offre du président une tentative d’éviter une défaite humiliante à la Cour constitutionnelle devant une opposition plus que jamais déterminée à capitaliser sur les déroutes du patron de l’Union Buildings (quartier général du gouvernement à Pretoria).
D’autres analystes voient en l’offre présidentielle un signal que M. Zuma est en train de perdre son emprise sur le pouvoir.
En effet, il s’agit de la deuxième concession majeure faite par le président en moins de deux mois. En décembre dernier, M. Zuma a été forcé de limoger un député peu connu qu’il avait nommé trois jours auparavant au poste très stratégique de ministre des Finances en remplacement de Nhlanhla Nene, écarté pour des raisons restées inconnues.
Ces concessions montrent que le président se trouve sous d’énormes pressions, explique Somadoba Fikeni, analyste politique à l’université de Pretoria, notant que les pressions devront s’intensifier dans le but d’amener M. Zuma à quitter le poste de président avant la fin de son deuxième mandat en 2019.
L’opposition, représentée par l’Alliance Démocratique (DA) et l’Economic Freedom Fighters (EFF), a juré de poursuivre la lutte à la Cour constitutionnelle, estimant que l’offre faite par M. Zuma de rembourser une partie du montant utilisé dans la rénovation de sa résidence montre qu’il assume la responsabilité dans ce scandale le plus retentissant en Afrique du sud depuis l’avènement de la démocratie dans ce pays en 1994 dans le sillage de la fin du régime de l’apartheid.
Les députés de l’EFF, une formation populiste issue d’une sécession de l’ANC, ont menacé d’organiser des manifestations virulentes à l’occasion du discours que M. Zuma prononcera lundi sur l’état de la Nation.
La DA et l’EFF ne laisseront pas l’occasion s’échapper pour maintenir la pression sur M. Zuma et l’ANC, indique l’analyste Nic Borain, relevant que le président risque d’être la victime de cette guerre politique désormais déclarée par l’opposition.
Au sein de l’ANC, la ligne officielle veut que M. Zuma continue de bénéficier de la couverture du parti. Cependant, la presse rapporte ce jeudi que des membres influents de la formation de Nelson Mandela ont commencé à parler ouvertement de la situation embarrassante dans laquelle se trouve la formation à cause des dernières débâcles présidentielles.
Selon ces responsables, la dernière sortie du président ne pourra pas corriger le tort causé à l’image du parti.  “Nous avons utilisé nos structures pour protéger un mensonge flagrant”, indique un haut responsable de l’ANC, cité par le quotidien The Times.
Outre le scandale Nkandla, le président sud-africain est mis à mal pour la gestion des problèmes économiques et sociaux qui s’aggravent dans le pays depuis l’année dernière.
Sous sa direction, l’Afrique du sud, première puissance économique continentale, n’arrive pas à renouer avec la croissance économique d’avant la grande récession de 2009.
Les institutions de Bretton Woods, la Banque mondiale et le Fonds Monétaire International, viennent de réduire leurs prévisions de croissance pour ce pays à 0,8 et 0,7 pc respectivement, des taux qui ne serviront pas la stratégie du gouvernement Zuma visant à résorber un chômage endémique (25,5 pc de la population active) et une pauvreté qui décime près de 40 pc de la population totale du pays.
Tous ces facteurs ont contribué à saper la popularité du chef de l’Etat. Un sondage, réalisé récemment par l’Afrobarometer, montre que 66 pc des Sud-Africains en âge de voter ne font plus confiance à M. Zuma.
Ces personnes interviewées soulignent que leur président ignore d’une manière systématique le parlement et la loi, selon l’Afrobarometer, un projet d’enquête et de recherche, non partisan, dirigé en Afrique, qui mesure les attitudes des citoyens sur la démocratie et la gouvernance, l’économie et la société civile.
La cote de popularité de M. Zuma a en effet baissé de moitié durant les quatre dernières années, indique le centre, ajoutant que les Sud-Africains estiment qu’un contrôle strict doit être imposé aux pouvoirs présidentiels notamment par le biais du parlement.

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