Après avoir résisté, le Mexique se résout au confinement “responsable”

Après avoir résisté, le Mexique se résout au confinement “responsable”

vendredi, 3 avril, 2020 à 13:04

Par -Khalid EL HARRAK-

Mexico – Pendant que la plupart des pays de la planète décrètent un confinement total pour freiner la propagation de la pandémie de coronavirus, les autorités mexicaines ont longtemps hésité dans l’espoir de maintenir l’économie en vie avant de se résigner à déclarer la guerre contre un ennemi invisible, diffus et imprévisible.

“N’arrêtez pas de sortir ! Allez au restaurant !”, disait le président Andrés Manuel López Obrador, la semaine dernière dans une intervention télévisée, en multipliant les signes de déni de la crise du coronavirus. Courbes effrayantes à l’appui, le chef de l’Etat a opté cette semaine pour un autre registre plus ferme face au coronavirus.

Contredisant brusquement ses déclarations passées sur la pandémie, il a présenté de manière abrupte une réalité incontournable en appelant les Mexicains à rester chez eux.

“Si nous ne restons pas chez nous, la contamination pourrait exploser (…), ce serait incontrôlable”, a averti le chef de l’Etat dans une allocution diffusée sur son compte twitter alors que le pays frôlait, jeudi soir, la barre des 1.500 cas de Covid-19. Un virage radical dans la gestion de la crise imposé par des risques sanitaires et économiques colossaux.

Depuis lundi, les centres commerciaux, les restaurants et les jardins publics sont restés fermés et les consignes de distanciation sociale, de rester à la maison et de se laver les mains fréquemment, sont dispensées en masse par les autorités sanitaires pour renforcer la prise de conscience des populations.

Sous le feu des critiques pour l’insuffisance des mesures prises face à l’épidémie, le gouvernement a décrété l’état d’urgence sanitaire pour éviter la propagation du coronavirus qui a déjà fait 507 morts dans le pays pour plus de 1.510 cas recensés, et a ordonné la suspension immédiate jusqu’au 30 avril des activités non essentielles dans les secteurs public, privé et social et la fermeture des centres commerciaux et des jardins publics.

Cette décision permet au ministère de la Santé de prendre toutes les mesures nécessaires pour faire face à la crise, protéger les employeurs et les salariés de ses conséquences, et garantir l’approvisionnement de la population, avait déclaré le sous-secrétaire à la Santé, Hugo Lopez-Gatell.

Il a exhorté les Mexicains à rester chez eux, une consigne qui s’applique de manière stricte pour les plus de 60 ans, les femmes enceintes, les personnes souffrant de diabète, d’hypertension ou de pathologies cardiaques, plus vulnérables face au virus.

Autre mesure pénalisante pour l’économie du pays, la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique, l’un des passages frontaliers les plus fréquentés au monde, demeure fermée pour tous les voyages non essentiels à l’instar de celle entre le territoire américain et le Canada, dans le cadre de la lutte contre la propagation de l’épidémie.

Pour l’heure, au moins quatre millions de Mexicains, dont des commerçants et des travailleurs journaliers aux Etats-Unis, sont affectés par cette paralysée à la frontière entre les deux pays, longue de 3.169 kilomètres, se retrouvant ainsi sans travail étant donnée l’impossibilité de traverser les frontières, selon la presse locale.

L’armée et la marine ont annoncé qu’elles fourniraient des installations hospitalières et formeraient leurs dentistes pour qu’ils épaulent le personnel soignant.

Mais la déclaration de l’état de l’urgence sanitaire ne signifie pas le confinement strict, car plusieurs dizaines de millions de travailleurs informels sont tout simplement menacés de ne plus pouvoir subvenir à leurs besoins.

Il s’agit de ceux qui vivent au jour le jour, vendeurs ambulants, organistes de rue, journaliers sur les marchés ou micro-entrepreneurs dans les menus services du quotidien des grandes villes qui, habituellement, fourmillent de besoins.

Pour le sous-secrétaire à la Santé, qui se charge de la réponse du gouvernement à cette pandémie, “la réalité sociale et économique de chaque pays est différente. Au Mexique, malheureusement, la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté, si nous asphyxions l’économie du pays, si nous asphyxions la société, cela pourrait avoir des conséquences dévastatrices, beaucoup plus graves que l’épidémie de coronavirus elle-même”.

Les organisations de la société civile n’ont pas tardé à tirer la sonnette d’alarme sur la fragilité de la situation pour cette large frange de population. Car pour elle, si le gouvernement ne prend pas des mesures prioritaires pour les plus démunis, la pauvreté va encore augmenter.

En attendant, l’auto-confinement reste, pour les analystes, une bouée de sauvetage vitale contre la propagation du Covid-19 dans le pays.

Lire aussi

Cérémonie de remise du 2e Prix “Al Qods Acharif” d’excellence journalistique le 7 mai à Rabat

vendredi, 3 mai, 2024 à 21:49

L’Agence Bayt Mal Al Qods Acharif organise, mardi prochain à Rabat, la cérémonie de remise des prix aux lauréats de la deuxième édition du Prix “Al Qods Acharif” d’excellence journalistique dans les médias de développement.

“House of Beautiful Business Festival” : regards croisés sur l’égalité, la justice et la durabilité

vendredi, 3 mai, 2024 à 21:10

Des philosophes, écrivains et entrepreneurs se sont penchés, vendredi à Tanger, sur différentes thématiques liées à l’égalité, la justice et la durabilité, au premier jour du “House of Beautiful Business Festival”, qui fait cette année sa première escale en terre africaine.

La mécanisation et la digitalisation, des clés de la compétitivité industrielle (M. Mezzour)

vendredi, 3 mai, 2024 à 21:06

L’intégration de la mécanisation et de la digitalisation permet aux entreprises industrielles d’améliorer leur compétitivité sur le marché, a affirmé, vendredi à Rabat, le ministre de l’Industrie et du Commerce, Ryad Mezzour.