Covid-19: Trois questions à Eric Hazan-Lasri, directeur des urgences à l’Institut national de santé au Mexique

Covid-19: Trois questions à Eric Hazan-Lasri, directeur des urgences à l’Institut national de santé au Mexique

mardi, 30 juin, 2020 à 14:55

Propos recueillis par Khalid EL HARRAK
Mexico – L’orthopédiste mexicain d’origine marocaine et directeur des urgences à l’Institut national de santé au Mexique, Dr Eric Hazan-Lasri présente dans cet entretien accordé à la MAP une analyse de la situation épidémiologique de la Covid-19 au Maroc et de la pertinence des mesures “strictes mais efficaces” prises par le Royaume, sous la conduite éclairée de SM le Roi Mohammed VI, pour enrayer le nouveau coronavirus.

1- Comment évaluez-vous la stratégie prônée par le Maroc pour freiner la propagation du virus ?

Alors que des pays comme l’Espagne, l’Italie et la France reportent 456 décès par million d’habitants respectivement, le Maroc n’affiche que 6 morts, un taux des plus bas dans le monde, ex-aequo avec des pays qui ont prouvé le succès de leur contrôle de la pandémie comme la Corée du Sud.

Le taux de malades par million d’habitants est aussi nettement inférieur comparé aux pays d’Europe occidentale : seulement 327 cas/million au Maroc, contre 6.328 pour l’Espagne, 3.975 pour l’Italie et 2.496 pour la France. Ces indicateurs sont plus favorables que tous les autres pays d’Europe, Asie ou Amériques avec une population totale entre 30 et 50 millions d’habitants.

Avec l’analyse de ces indicateurs, il est clair que les mesures adoptées par SM le Roi Mohammed VI ont eu des résultats très satisfaisants pour limiter la contagion et les décès dus à la pandémie par COVID-19. Cette expérience à succès serait très utile à partager pour maints d’autres pays dont le niveau de développement et caractéristiques socio-économiques et démographiques sont semblables.
2- Que pouvez-vous dire sur ce contexte général de crise liée à la pandémie et sur l’importance de la solidarité nationale et régionale pour réduire ses effets économiques ?

La pandémie du COVID-19 est un fléau avec multiples répercussions à tous les niveaux. L’économie globale en a été fortement atteinte à cause de la paralysie prolongée de l’activité économique dans la plupart des secteurs. Des milliers de personnes ont perdu leur emploi et des centaines de PME finiront par se déclarer en faillite.

La Banque Mondiale prévoit une contraction globale de 5.2% à moyen terme, avec des effets négatifs à long terme dû à la diminution d’investissements, ralentissement du commerce international, fragmentation des chaînes de productions et érosion du capital humain.

Les nations plus riches peuvent dépenser une partie substantielle de leur PIB comme le Japon avec plus de 20%, les Etats-Unis avec une proposition qui représente 14% de leur PIB, ou alors trouver d’autres stratagèmes comme la France qui propose des crédits garantis à taux bas pour relancer les entreprises, ainsi que de financer les salaires des travailleurs à 84%, tandis que les Pays-Bas offrent de soutenir 90% des salaires pour les entreprises. D’autres pays en voie de développement n’ont pas cette possibilité, comme la Colombie qui ne dépensera que 1,5% de son PIB, ou les pays émergents qui dépendent de la vente du pétrole, dont le prix s’est effondré à des valeurs négatives.

A cet égard, la contribution au Fonds Spécial pour la Gestion du Coronavirus de SM le Roi Mohammed VI de 32 milliards de dirhams est une somme considérable qui place le Maroc au niveau de l’Australie, Allemagne et Hong Kong avec 10% du PIB compromis. Car seule une stratégie agressive pour relancer l’économie à court et moyen terme permettra de limiter les affres économiques prévues à moyen et long terme.

3- Quelle est votre appréciation de l’initiative de SM le Roi Mohammed VI d’envoyer des aides médicales à des pays africains afin d’accompagner leurs efforts de lutte contre la pandémie de COVID-19 ?

Sans doute l’une des leçons les plus marquantes de cette pandémie est la nécessité de la coopération régionale et internationale. Cette coopération a plusieurs bienfaits, au-delà du soulagement de la population affectée dans un pays voisin ou ami, elle permet de renforcer les liens diplomatiques qui auront des répercussions économiques bénéficiant le pays solidaire.

L’initiative royale de prêter assistance aux pays africains portera ses fruits en augmentant l’influence du Royaume dans la région et renforçant son rôle diplomatique comme une force croissante dans le continent. Une stratégie d’une grande lucidité à moyen terme qui permettra au Maroc diversifier son marché et se positionner comme leader régional et interlocuteur intercontinental important pour les pays africains vis-à-vis de l’Europe.

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