France : le projet de loi «asile et l’immigration» n’en finit pas de provoquer des remous au sein de la classe politique

France : le projet de loi «asile et l’immigration» n’en finit pas de provoquer des remous au sein de la classe politique

mardi, 20 février, 2018 à 11:50

 

Par Amina Benlahsen

 

Paris – Le projet de loi «asile et immigration», que le gouvernement français devra présenter en conseil des ministres mercredi avant de le soumettre à l’approbation des parlementaires en avril prochain, n’en finit pas de provoquer des remous au sein de la classe politique tant parmi les acteurs de la gauche et de la droite que, fait nouveau, dans les milieux mêmes de la majorité.

Très critiqué aussi par les associations de défense des droits des immigrés qui le jugent déséquilibré et faisant la part belle au volet sécuritaire au détriment de celui humanitaire, ce projet de loi, un des thèmes de campagne du président Emmanuel Macron, vise à réduire à six mois les délais d’instruction de la demande d’asile, à faciliter la reconduite à la frontière pour les déboutés et à mieux intégrer les personnes admises sur le territoire.

Si la droite le considère comme étant laxiste face au défi migratoire, la gauche conteste la logique «répressive» d’un texte destiné surtout, selon elle, à faciliter les expulsions.

Parmi les mesures décriées par la gauche, notamment le mouvement la France Insoumise (gauche radicale) de Jean-Luc Melenchon, figure le doublement de la durée maximale pendant laquelle un étranger en instance d’expulsion peut être placé en “rétention”, qui passe de 45 à 90 jours (voire 135 si l’étranger fait obstruction à son départ forcé du territoire).

En réponse à ces critiques, le ministre français de l’intérieur, Gérard Collomb, qui porte ce projet de loi et fait l’objet de critiques acerbes à son sujet, avait fait valoir récemment que “c’est un projet de loi totalement équilibré», faisant remarquer qu’«il reprend deux grands principes: la France doit accueillir les réfugiés, mais elle ne peut accueillir tous les migrants économiques”.

“Le problème principal tient à notre législation, qui par rapport aux législations européennes est beaucoup plus favorable”, avait-il jugé.

Le président Macron avait lui-même reconnu récemment la complexité de cette réforme.

«Aujourd’hui, nous n’avons pas la capacité d’accueillir massivement tous les gens qui arrivent», avait expliqué le chef de l’Etat français, faisant savoir que son pays va accélérer les contrôles. Cela «ne veut pas dire qu’on va expulser les gens au lendemain du contrôle, mais on va leur dire beaucoup plus rapidement : +Vous n’avez aucune chance d’accéder à l’asile+», avait-il insisté.

Pour tenter d’apaiser les esprits, le premier ministre Edouard Philippe, accompagné de son ministre de l’intérieur, se sont rendus lundi, à deux jours de la présentation du projet de loi controversé, à la direction territoriale de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII) de Lyon pour y rencontrer des réfugiés et des associations.

A cette occasion, un rapport sur l’intégration des étrangers en France lui a été remis par le député du mouvement La République en marche (LREM-majorité présidentielle), Aurélien Taché, dans lequel il déplore l’insuffisance du cadre tracé à l’intégration et propose notamment d’autoriser les demandeurs d’asile en France à chercher un travail au bout de six mois, avant même qu’ils n’obtiennent le statut de réfugié.

Il propose ainsi dans ce rapport, qui lui avait été commandé il y a six mois par le premier ministre, de lever les blocages administratifs qui pèsent sur le travail des étrangers.

«La première chose que recherche un demandeur d’asile lorsqu’il arrive ce n’est pas qu’on le mette dans un centre d’hébergement ou qu’on lui donne une allocation pour qu’on s’occupe de lui, c’est qu’on le laisse travailler», a insisté Taché, député du val d’oise (région parisienne).

Pour lui, les demandeurs d’asile doivent pouvoir commencer à travailler six mois après l’enregistrement de leur dossier, ce qui correspond au délai nécessaire pour instruire un dossier de demande d’asile, comme le stipule le projet de loi Asile et Immigration.

Le rapport recommande aussi de doubler le nombre d’heures de cours de français, voire de les tripler pour les publics qui le souhaitent, “pour viser une élévation du niveau”.

La présentation de ce rapport est une occasion pour le gouvernement de redorer son image, deux jours avant la présentation du texte répressif de Gérard Collomb, commente à cet égard le journal Libération (gauche) en estimant qu’il s’agit surtout là d’une «main tendue avant le tour de vis, le coup de barre humaniste de la politique migratoire avant son pendant répressif».

Ces déclarations en disent long sur le climat de tension que suscite le projet de loi sur l’asile et l’immigration et sur l’épreuve que devra traverser dans les jours, voire les semaines, à venir le gouvernement pour faire passer ses conceptions en la matière.

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