Hanane El Moulahi, une jeune actrice associative au chevet des personnes addictives

Par Mohamed KOURSI.

Marrakech, 05/03/2020 (MAP) – Une simple tournée au coeur du quartier El Mellah, dans l’ancienne médina de Marrakech, qui abrite le Centre d’Addictologie, inauguré par SM le Roi Mohammed VI en février 2019, est largement suffisante pour constater, si besoin est, le grand écho combien favorable suscité par les actions soutenues et inlassables menées par les membres de l’Association “Baraka Idman”, chargée de la gestion de cet important édifice, dont Mme Hanane El Moulahi assure la présidence du pôle d’accompagnement social.

En effet, du haut de ses 30 ans, Mme El Moulahi, également présidente de l’Association “Baraka Idman”, a su, à la faveur de son dévouement, de sa disponibilité et de son sens de l’écoute, gagner les cœurs de ces jeunes addictifs et forcer le respect de l’ensemble des habitants de ce quartier populaire où se dresse ce centre d’une extrême importance.

Cet engagement infaillible en faveur de l’accompagnement et de l’assistance de ces personnes vulnérables à comportements addictifs, tous âges et catégories sociales confondus, en vue de faciliter leur réinsertion dans la vie normale, a fait de cette jeune militante au grand cœur, une source d’inspiration pour d’autres femmes à même de devenir une véritable “icône” de la scène associative à l’échelle locale, en particulier, et régionale, en général.

Toutefois, derrière les yeux toujours brillants et pleins d’optimisme et le sourire permanent de “Mama Hanane”, comme il plaît à “ses fils” parmi les bénéficiaires des prestations du Centre de l’appeler, se cache une expérience douloureuse vécue dès l’âge de 13 ans, suite au décès d’un de ses amis et d’un de ses proches à cause de l’addiction.

Arrivée à Marrakech à l’âge de 19 ans où elle a exercé plusieurs métiers, notamment dans le domaine médical, tout en veillant à poursuivre ses études, cette femme, issue de la ville de Safi, a décidé de faire sien le combat d’aider ces personnes addictives à reprendre confiance en elles, à maintenir vive la flamme de l’espoir et à tisser de nouvelles relations sociales à même de faciliter leur retour à une vie des plus normales, tout en se donnant à fond, afin de partager son message en faveur de ces “patients si particuliers”.

Devenue une véritable référence de la scène associative à l’échelle locale et régionale, “Mama Hanane” est l’incarnation éloquente des valeurs humaines, de solidarité et d’écoute de l’autre en situation difficile. Elle a le mérite de s’investir malgré toutes les contraintes dans un domaine aussi sensible, eu égard à la “nature” des personnes aux conduites addictives avec qui elle est en contact quotidiennement.

Alors qu’elle exerçait en tant qu’assistante médicale à bord d’une ambulance, un métier qui exige parfois, en cas d’urgence, de quitter sa maison très tôt le matin, Mme El Moulahi a été victime d’une agression de la part de personnes addictives.

“Les séquelles de ce drame que j’ai vécu, dès mon jeune âge, ainsi que la perte cruelle de mon ami et de l’un de mes proches ont sérieusement marqué ma mémoire et ma vie”, a-t-elle confié à la MAP. D’où l’idée de la création, en 2015, de l’Association “Barak Idman” avec le concours de personnes motivées et animées par le même souci et la volonté de contribuer aux actions de lutte contre les conduites addictives et de prévention de la consommation de drogues, notamment dans les rangs des jeunes en herbe et des adolescents.

“Cette expérience a constitué un véritable déclic dans ma vie, en ce sens que j’étais fermement convaincue que l’action associative est l’espace propice et le cadre idoine pour la réalisation de nombre de mes rêves et aspirations”, a souligné Mme El Moulahi qui, en plus de son engagement indéfectible dans le domaine associatif, est également l’exemple de la femme entrepreneure puisqu’elle préside aussi une entreprise opérant en événementiel dans la cité ocre.

Mettant en avant le bilan positif de l’action menée par le Centre, une année après son ouverture, ainsi que les efforts soutenus et la mobilisation constante du personnel de l’Association et dudit Centre pour mener à bien cette noble mission, elle a précisé que le nombre des bénéficiaires de la prise en charge médicale et sociale, assurée par l’établissement jusqu’à décembre dernier, s’élevait à 290 personnes addictives, alors que plus de 5.000 personnes, toutes catégories d’âge confondues, ont bénéficié de séances de sensibilisation, menées chaque vendredi par une unité mobile au sein de la médina de Marrakech, et chaque mercredi dans les établissements scolaires.

La présidente de “Baraka Idman” a tenu à affirmer que la décision de la Fondation Mohammed V pour la Solidarité de conférer la gestion de cet édifice d’envergure a marqué un “réel tournant” dans “la vie et l’action” de cette jeune association “honorée” par la noble mission qui lui a été confiée.

Cette “distinction”, a-t-elle enchaîné, a été “une source” de davantage de motivation, de détermination et d’enthousiasme pour l’ensemble du staff de l’association pour aller de l’avant, persévérer et intensifier les efforts et les initiatives afin de réaliser les objectifs escomptés.

Pour Mme El Moulahi, qui est actuellement professeure permanente en sciences de la santé, la personne addictive “doit être perçue comme une personne à besoin spécifique et très vulnérable”, et par conséquent, a-t-elle dit, l’addiction “doit être considérée comme toute autre maladie, qui a un remède et nécessite un accompagnement médical”.

“Notre objectif au niveau du Centre d’addictologie d’El Mellah n’est pas seulement de réduire la consommation de drogues, mais aussi d’atténuer les risques et réactions liés à la conduite addictive”, a-t-elle expliqué avant de conclure en lançant un appel du cœur à davantage d’intérêt et d’attention à l’égard des bénéficiaires des actions de ces Centres, en termes de traitement médical et de formation, et à la multiplication de ce genre d’établissements au niveau de la région de Marrakech-Safi et à l’échelle nationale, pour assurer une meilleure prise en charge individualisée, médicale et sociale, des personnes souffrant d’un comportement addictif, et œuvrer en faveur d’une implication effective des familles dans les actions de prévention.