L’Arganier, un arbre providentiel qui symbolise la richesse forestière de la province d’Essaouira

L’Arganier, un arbre providentiel qui symbolise la richesse forestière de la province d’Essaouira

jeudi, 22 février, 2018 à 13:16

             Par : Samir Lotfy

Essaouira- De par ses multiples caractéristiques entre autres, l’essence forestière endémique du Maroc à grande valeur biogéographique et sa résistance très poussée à la sécheresse et aux aléas climatiques, l’Arganier (Argania spinosa) se présente comme un arbre providentiel aux rôles multiples à même de symboliser la richesse forestière de la province d’Essaouira.

Avec un taux de couverture forestière de 43 pc, la province d’Essaouira figure parmi les zones les plus boisées à l’échelle nationale, avec une couverture forestière très diversifiée, et nettement dominée par l’Arganier qui couvre, à lui seul, quelque 136.430 ha, soit 20 pc de la superficie totale de l’Arganeraie nationale estimée, elle, à 830.000 ha, soit 7 pc de la superficie forestière du Royaume.

Outre ses utilités et son importance économiques, la forêt de l’Arganier, qui apparait sous une forme « triangulaire » à partir du segment littoral allant du nord d’Essaouira au sud de Sidi Ifni, en pénétration continentale jusqu’à l’Est de Taroudant, joue un rôle indéniable dans la protection des sols et l’amélioration de l’environnement végétal.

Cette formation quasi-rustique, indestructible, conditionne ainsi l’existence des populations rurales, alors que sa disparition entrainerait inéluctablement une désertification plus pesante.

Il s’agit en fait, d’une délimitation qui englobe une très grande diversité des milieux naturels, alors même que l’Arganier dispose d’une caractéristique écologique indéniable à savoir : son adaptabilité à tous les types de sols, à l’exception de ceux sablonneux d’où, son inexistence sur les dunes environnantes de la ville d’Essaouira.

L’importance de l’Arganier et des pratiques et savoir-faire qui lui sont liés, leur ont valu d’être classés en 1998, par l’Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture (UNESCO) comme « Réserve de Biosphère de l’Arganeraie (RBA) », avec une inscription dès novembre 2014, sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’Humanité.

Conscient de la valeur indéniable de ce patrimoine vert, le Maroc s’est lancé tôt dans la préservation et la valorisation de cet arbre singulier, en décidant, sur Hautes Instructions Royales, la création le 11 novembre 2009, de l’Agence Nationale des Zones Oasiennes et de l’Arganier (ANDZOA), placée sous tutelle du ministère de l’Agriculture et de la pêche maritime.

Grâce à son approche volontariste et intégrée, reposant sur trois piliers stratégiques majeurs pour relever les défis liés à la qualification humaine, à la valorisation des ressources économiques et à la protection de l’environnement, l’ANDZOA œuvre, entre autres, pour la préparation des conditions favorables au développement humain, et la mobilisation des ressources eu eau, outre la rationalisation des méthodes de sa gestion en prévision des dangers et de l’impact des changements climatiques.

En chiffres, avec une densité moyenne de 50 à 300 arbres/ha, l’Arganeraie de la province d’Essaouira compte quelque 20.500.000 arbres, ce qui permet d’offrir 1.470.000 journées de travail familial pour la seule opération d’extraction de l’huile d’argan, outre le fait que l’argan constitue un support alimentaire permanent pour plus de 250.000 petits ruminants, a confié à la MAP, le directeur provincial des eaux et forêts à Essaouira, M. Abdelali Oumouhab.

Et de poursuivre que d’un point de vue production, l’Arganeraie offre une triple vocation à la fois fruitière, pastorale et forestière, notant que pour ce qui est des rendements en fruit, ils sont très variables, soit une moyenne de 15kg/arbre et une densité de 30 arbres/ha, alors que la production peut être estimée à 450 kg/ha/an en fruit frais.

D’un point de vue géographique, au nord-est d’Essaouira, l’Arganeraie pénètre jusqu’à 60 km, avec une superficie répartie, allant jusqu’à 84 pc dans la zone de Haha au sud de la province et 16 pc dans la zone de Chiadma (nord d’Essaouira), a expliqué M. Oumouhab.

Sur le plan économique, précise-t-il, l’Arganeraie a toujours constitué un espace de parcours d’un grand intérêt pour la population locale et celui des transhumants, et le fruit de l’Arganier et ses produits dérivés ont été très sollicités notamment, l’huile d’argan dont, les vertus thérapeutiques et l’importance cosmétique, ont franchi les frontières nationales pour se doter désormais, d’une notoriété à l’international.

M. Oumouhab a, dans ce sens, fait le diagnostic de l’état actuel des massifs à Arganier, la situation actuelle des écosystèmes à Arganier est les résultats des mutations qu’a connues l’espace naturel des suites de l’évolution et des nouvelles relations tissées entre les ressources naturelles et le milieu social, faisant observer que parmi les facteurs ayant engendré une évolution « régressive » de l’Arganier, figure la population par ses multiples pratiques quotidiennes, au dépens des espaces boisés de l’Arganier (surpâturage, labours, ramassage total des noix d’Argan).

Il a déploré le fait que ces pratiques, conjuguées aux conditions climatiques défavorables (sécheresse prolongée), ont eu pour effet immédiat de déclencher un mécanisme de dégradation des forêts de l’Arganier.

En rapport avec cette question, un diagnostic établi par l’ANDZOA, laisse constater que cette filière connait une série de difficultés qui empêchent les différentes composantes de la chaine d’en tirer profit de manière équitable et ce, en dépit de l’importance du chiffre d’affaires à l’export et du renforcement de la valeur ajoutée.

Parmi ces difficultés, explique la même source, on note la faiblesse de la transformation de la matière première au niveau local, quelque 80 pc de la production étant commercialisée sans emballage, la multiplicité des intermédiaires dans le marché du fruit et de l’huile d’argan (près de 60 pc de part du marché) faisant ainsi, des ayants-droits dans cette filière, « le maillon le plus faible de la chaîne ».

On pointe du doigt également, la faiblesse des organisations professionnelles locales, une grande anarchie en matière de collecte de la matière première et l’absence d’un secteur privé investisseur à même d’appuyer et de compléter l’action des associations de valorisation de l’huile d’argan, outre le grand nombre d’intervenants dans la chaîne de l’argan, ce qui rend la tâche encore délicate, explique ladite Agence.

Pour faire face à cette situation, les principaux partenaires ont charge de la promotion et de la préservation de l’arganier à savoir : la DPEFLCD, l’ANDZOA, et le ministère de l’agriculture, en partenariat avec les professionnels, en l’occurrence la Fédération bi-professionnelle marocaine de l’Argan et la Fédération nationale des ayants-droits exploitants d’Argan, mènent des actions fortement louables en la matière au niveau national comme sur le plan provincial.

Parmi les objectifs fixés à l’horizon 2020, dans le cadre du contrat-programme de mise à niveau du système de l’Arganier, signé le 04 octobre 2013 devant SM le Roi Mohammed VI, figurent la réhabilitation de 200.000 ha à travers la plantation, la régénération et la sylviculture de cet arbre, la création de fermes modernes d’argan, l’augmentation de la production annuelle de l’huile d’argan de 4000 tonnes par an, pour s’établir à terme à quelque 10.000 tonnes.

L’effort porte aussi sur la mise en place de projets modernes visant à valoriser et à promouvoir les produits d’argan dans le cadre des projets des Piliers I et II du Plan Maroc Vert, la protection des spécificités de l’appellation « Label Maroc » de l’Arganier et des différents produits et dérivés dans le marché international et la promotion de la recherche scientifique liée à cet arbre.

Au niveau provincial, en ce qui concerne la mise à niveau de l’espace arganier entre 2012 et 2017, il a été procédé à l’aménagement de quelque 30.561 ha à travers notamment, la régénération de l’Arganier, la plantation de différentes espèces forestières dans l’espace arganier, l’amélioration des pâturages, la sylviculture, la fixation du sable et la distribution de plants sélectionnés entre autres, selon l’ANDZOA.

Pour la création de plantations d’arganier au niveau de la province, il convient de noter que le nombre des communes concernées est de 12, avec une superficie totale proposée de l’ordre de 1394 ha, dont une plantation de 100 ha en cours de réalisation à la commune de Lamzilate, alors que les autres superficies proposées seront ultérieurement assujetties à l’approbation technique.

Ce projet ambitieux qui cadre avec les spécificités de l’espace vital de l’Arganier et les changements climatiques, s’est fixé un objectif de 205 ha en 2017/ 2018 au niveau d’Essaouira, pour passer à 2000 ha à l’horizon 2022, ajoute-t-on de même source.

Quant aux actions de la Direction Provinciale de l’Agriculture (DPA), elles s’insèrent dans le cadre des projets du Pilier II du « Plan Maroc Vert » et portent sur l’appui à l’émergence et à la bonne gouvernance des coopératives arganières au niveau de 27 communes rurales, pour un montant global de 19 millions de DH et quelque 2.000 femmes bénéficiaires.

Ce projet se fixe pour objectifs à terme, la création d’emplois stables, la valorisation de l’huile d’argan et des sous-produits, et la mise à niveau des coopératives qui travaillent dans cet écosystème.

Quant à la production de l’huile d’argan, les chiffres fournis par la DPA laissent constater l’existence de plus de 60 coopératives féminines d’extraction et de commercialisation de l’huile d’argan.

En outre, on estime que ces coopératives font travailler quelque 2.000 femmes rurales au niveau de la province, alors que la production est estimée en moyenne à 2.000 tonnes annuellement, un volume qui reste variable d’une saison à l’autre, en fonction des conditions climatiques.

Pour rendre ces coopératives plus opérationnelles et efficientes, il a été procédé entre 2011 et 2016, à la dotation de ces entités féminines d’extraction et de commercialisation de l’huile d’argan en équipements de valorisation de cette huile, la réfection de sièges des coopératives, l’accompagnement technique et la formation des producteurs, l’acquisition de matériel d’emballage, et la réalisation en cours de “Dar Argan” (Maison d’Argan), au profit du Groupement d’Intérêt Economique (GIE-Vitargan), selon la DPA d’Essaouira.

Partant de ce constat, la filière arganière ne cesse de bénéficier d’un véritable engagement d’une multitude d’intervenants, dans le cadre d’une approche globale et intégrée alliant promotion, valorisation et préservation du patrimoine arganier, ce qui augure d’un avenir prometteur et permettra de tirer vers le haut, le niveau de contribution de cette chaine arboricole à l’économie nationale, et de consolider, ainsi, la présence des produits arganiers marocains sur les étales du marché international.

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