Les abeilles, ces travailleuses inconfinables!

Les abeilles, ces travailleuses inconfinables!

mercredi, 20 mai, 2020 à 11:00

Par Hakim ENNADI

Rabat – S’il y a des ouvrières qui s’épanouissent en travaillant à plein temps à l’ère de Covid-19, ce sont bien les abeilles. Aidées par une nette diminution de la pollution, une meilleure floraison et une intervention humaine assez limitée, les colonies d’abeilles prospèrent depuis l’entrée en vigueur, le 20 mars 2020, des mesures de l’état d’urgence sanitaire, imposées dans le cadre de la lutte contre la propagation de la pandémie.

Bon nombre d’apiculteurs observent que le confinement a contribué à une nette amélioration de la qualité de l’air et une diminution des traitements agricoles souvent liés à l’utilisation de pesticides, insecticides et herbicides.

Ainsi, la plupart des fleurs se sont épanouies, offrant aux abeilles un nectar en abondance et de meilleure qualité.

Contrairement à leurs abeilles, qui jouissent de la libre circulation sans avoir besoin d’autorisation ni craindre une contamination, la circulation des apiculteurs a, quant à elle, été, par moments, limitée depuis l’apparition de la pandémie du coronavirus. Faute de dérogation pour pouvoir se déplacer ou par peur de contracter le virus, ils ont considérablement réduit leur activité durant une saison printanière des plus décisives.

Face à cette situation, des autorisations de déplacements dérogatoires ont été accordées aux apiculteurs pour poursuivre leurs activités et effectuer leurs missions dans de meilleures conditions.

En effet, le printemps est la saison durant laquelle les apiculteurs travaillent d’arrache-pied pour développer les colonies, confortés par des conditions naturelles et environnementales propices qui favorisent la production du pollen et du nectar, sources de protéines pour les apidés.

“Le confinement en début du printemps est très mal tombé”, dit Lahcen, un apiculteur de Kénitra qui déplore ne pas avoir pu visiter ses ruches, installées à une trentaine de kilomètres de chez lui, à la fin de l’hivernage. Il n’a donc pas pu examiner l’état de santé des colonies après une longue et rude période d’hiver. “En apiculture, un respect strict du calendrier est obligatoire”, indique à la MAP Lahcen qui a roulé sa bosse dans le domaine de l’apiculture.

“La gestion du rucher oblige l’apiculteur à effectuer des visites de contrôle hebdomadaires. Dès le mois de février, il faut une observation en permanence de certains paramètres, dont l’état de santé des colonies, l’âge de la reine, l’évolution du couvain et la quantité ou la masse d’abeilles”, explique cet apiculteur, qui a obtenu une autorisation de déplacement dérogatoire.

Même son de cloche chez le président de la Fédération interprofessionnelle régionale de l’apiculture – Rabat-Salé-Kénitra, Saïd El Abbassi, qui note que l’activité apicole a un impact direct sur la reproduction des colonies, précisant que l’intervention humaine est essentielle pour l’essaimage artificiel et ainsi combler les pertes des colonies, ou procéder à la multiplication commerciale destinée à la vente.

“A travers cette opération, l’apiculteur peut multiplier ses effectifs jusqu’à quatre fois, sachant que le prix de vente d’un essaim dépasse les 600 dirhams”, indique M. El Abbassi, faisant savoir que sans cette opération, le manque à gagner pour l’apiculteur est d’environ un essaim reproduit par ruche et par semaine.

En plus des visites régulières de son rucher, l’apiculteur est souvent amené à déplacer ses ruches vers d’autres zones géographiques. Il s’agit de la transhumance apicole lorsque les apiculteurs cherchent des emplacements de butinage riches en sources pollinifères et mellifères pour les colonies et aussi pour garantir une production de miel durant l’été.

Ces déplacements étant effectués exclusivement la nuit, plusieurs apiculteurs ne pouvaient plus procéder à la transhumance depuis l’interdiction de la circulation nocturne, avant que les autorités n’interviennent pour leur attribuer les dérogations nécessaires.

M. El Abbassi explique, à cet effet, qu’il y a des zones plus favorables que d’autres pour la production du miel et du pollen. Si l’apiculteur ne visite pas son rucher, il pourra concéder des pertes en termes de production qui peuvent dépasser en moyenne les 15 kilogrammes par ruche et par emplacement.

“Aussi, les pertes en pollen peuvent s’élever à 1400 grammes par ruche et par semaine”, ajoute-t-il.

Si la mobilité des abeilles et des apiculteurs est aussi vitale, c’est également parce qu’elle permet, en partie, d’assurer la sécurité alimentaire à travers la pollinisation des cultures nutritives telles que les fruits et les légumes.

Ainsi, les mesures dérogatoires accordées aux apiculteurs ont été prises pour leur permettre de continuer à visiter leurs ruches, récolter les produits de la ruche et déplacer les abeilles dans des zones offrant des ressources alimentaires plus importantes, ou dans le cadre de contrats de pollinisation.

Pollinisateurs infatigables, les abeilles rendent, selon l’Organisation mondiale de l’alimentation et de l’agriculture (FAO), “un service indispensable à la production agricole, à la biodiversité mais aussi aux moyens d’existence des populations”. Aux côtés d’autres pollinisateurs, elles ont un impact sur 35% de la production agricole mondiale, en contribuant à faire augmenter la production de 87 des principales cultures alimentaires dans le monde, ainsi que celles de nombreux médicaments faits à partir de plantes.

Ceci dit, apiculture ne rime jamais avec confinement! Durant cette période exceptionnelle, tous les confinés du monde ont besoin des services généreux de travailleuses assidues, responsables et bien organisées. Déconfiner les abeilles pour servir le bien-être des confinés est une décision juste et sage.

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