Maroc: Un nouveau positionnement dans un monde en pleine mutation (étude)

Maroc: Un nouveau positionnement dans un monde en pleine mutation (étude)

mercredi, 13 novembre, 2013 à 8:59

Rabat – Dans un monde en pleine mutation, de plus en plus multipolaire, fragmenté et inégalitaire, le Maroc, un pays stable à position géostratégique avantageuse, en manque de ressources énergétique mais fort d’une économie diversifiée, est amené à avoir un nouveau positionnement dans ses relations internationales, fait ressortir une nouvelle étude de l’Institut marocain des relations internationales (IMRI)..

Dans une décortication des rapports de force mondiaux, l’étude intitulée “Géopolitique du Maroc: nouveau positionnement dans un monde qui change”, fait observer que l’hyperpuissance américaine laissant la place à plusieurs pôles de puissance en l’occurrence les BRICS, l’Europe perdant en influence et les organisations internationales peinant à relever les défis du siècle, le Royaume est poussé vers un nouveau positionnement, dont les questions du Sahara marocain et du développement économique et social en seraient inéluctablement les principaux critères.

Avec l’Union européenne (UE), première zone économique au monde, le Maroc entretient des relations commerciales aussi solides qu’anciennes, portées par les accords commercial de 1969 et de coopération de 1976, mais surtout par celui d’Association de 1996, qui a tracé un véritable partenariat entre le Royaume et l’UE, en ajoutant aux accords précédents le dialogue politique la décision de créer une zone de libre échange pour les produits industriels, souligne l’IMRI.

L’excellence des relations marocco-européennes a fait que l’UE a décidé de conférer au Maroc, en 2008, le statut avancé par lequel le Royaume bénéficie de toutes les attributions d’un pays membre, exceptée la participation aux institutions politiques de l’Union, rappelle l’étude, tout en s’arrêtant sur les négociations entamées en 2013 sur l’ALECA (Accord de libre-échange complet et approfondi) qui doit inclure les services et les marchés publics.

Certes, l’Union européenne traverse actuellement une crise économique conséquente à la crise financière née aux Etats-Unis en 2008, mais elle constitue toujours la première puissance commerciale du monde, et le Maroc, qui y voit un partenaire incontournable, est appelé en substance à renforcer ses liens économiques et commerciaux avec l’UE.

Un partenaire d’autant plus incontournable, relève l’étude, que les négociations entre l’UE et les Etats-Unis sur un Accord de libre-échange offrent des opportunités énormes pour le Maroc, soucieux de diversifier son commerce extérieur et devenir une plateforme de production et d’exportation en relation avec deux entités économiques qui vont représenter 50% de la production mondiale une fois cet accord conclu.

De son côté, la région MENA représente pour le Maroc un partenaire aussi incontournable que l’UE, estime l’IMRI.

La région MENA, en proie à des troubles complexes depuis le déclenchement du “printemps arabe”, accablée par le conflit israélo-palestinien et l’antagonisme latent persistant entre l’Iran et les pays arabes sunnites, suscite l’intérêt de toutes les puissances mondiales en raison de la présence de grandes réserves de pétrole et de gaz, selon les conclusions de l’étude.

Si le Maroc, pays le plus stable grâce à son régime monarchique millénaire, a fait des avancées démocratiques couronnées par l’adoption d’une nouvelle constitution et des élections législatives libres et transparentes, l’Algérie piétine et demeure otage de l’Armée qui détient le pouvoir réel depuis l’indépendance, alors que l’instabilité règne en Tunisie, en Libye comme en Egypte, fait-on observer.

Les relations du Maroc avec la région MENA différent d’un pays à l’autre. Avec l’Algérie le Maroc est confronté à un grave différend sur la question du Sahara marocain qui mine les relations bilatérales entre les deux pays et constitue un frein à la construction maghrébine, déplore cette étude.

Avec les pays du Moyen-Orient, les puissants pays du Golfe en première ligne, le Maroc entretient par contre d’excellentes relations. Les pays du Golfe constituant de fait un des principaux investisseurs étrangers au Maroc, notamment dans les secteurs de l’immobilier, du tourisme et des énergies renouvelables.

Tout en restant attaché à la construction maghrébine, le Maroc, fier de ses racines arabo-africaines, tente de jouer un rôle important dans la région Mena, en témoigne sa présence diplomatique dans tous les pays de la région sauf l’Iran et Israël et sa défense acharnée des intérêts arabes depuis l’ONU, en sa qualité de membre non permanent du Conseil de sécurité.

Dans ses relations avec l’Afrique sub-saharienne, l’étude souligne que le Maroc agit selon deux objectifs majeurs, à savoir la consolidation de sa position sur la question du Sahara et le développement des échanges commerciaux et des investissements avec les pays africains dans le cadre d’un partenariat équitable.

Soucieux de diversifier les débouchées de son économie suite à la crise économique qui frappe l’Europe et motivé par la bonne croissance de l’économie africaine ces dernières années, le Royaume a œuvré pleinement pour la promotion des échanges commerciaux et des investissements vers l’Afrique qui ont connu, cette dernière décennie, une envolée remarquable, fort en cela de 14 conventions tarifaires, de non-double imposition et de protections des investissements, signées avec 13 pays, pour l’essentiel de l’Afrique de l’Ouest.

Les échanges commerciaux entre le Maroc et l’Afrique, malgré qu’ils eurent atteint 1 milliards de dollars, sont confrontés à nombre d’obstacles, notamment les droits trop élevés de douane en Afrique Sub-saharienne (20% en moyenne), l’absence d’infrastructures modernes et une mauvaise adaptation de l’appareil productif marocain aux spécificités des marchés africains.

Cependant, le Maroc, deuxième investisseur en Afrique, est arrivé à exporter son savoir-faire notamment dans les secteurs financier, de l’électrification, de l’accès à l’eau potable, des infrastructures, des télécoms et du logement social.

De l’autre côté de l’Atlantique, le Royaume entretient de solides relations avec les Etats-Unis, le Brésil et le Canada, et tente activement de consolider ses liens de coopération avec d’autre pays de cette région, note l’IMRI..

Le Maroc est en effet le seul pays d’Afrique à avoir un Traite de libre-échange avec les Etats-Unis, fruit de liens séculaires entre les deux pays.

L’IMRI relève, par ailleurs, que le commerce extérieur marocain reste néanmoins largement déficitaire au détriment du Royaume, et les investissements américains au Maroc ne sont pas encore à la hauteur des aspirations de Rabat, qui bénéficie d’une aide financière dans le cadre du Millenium Challenge Account, mais surtout du soutien au plan d’autonomie pour le Sahara.

Le Maroc entretient de bonnes relations politiques avec le Brésil qui a adopté une position équilibrée dans la question du Sahara. Sur le plan économique, la balance commerciale marocaine est bénéficiaire en faveur du Brésil, du fait des exportations de phosphates et dérivés. Le Brésil est ainsi devenu le troisième client du Maroc après la France et l’Espagne.

L’étude conclut, à ce propos, que le Maroc doit absolument diversifier son économie avec l’Amérique à travers les échanges commerciaux et les investissements, comme il est appelé à consolider ses relations avec les trois pays les plus importants (Etats-Unis, Brésil, Canada), mais aussi rechercher des opportunités avec les autres pays américains.

Pour ce qui est de l’Amérique latine, le Maroc doit mettre à profit ses bonnes relations avec l’Espagne pour consolider ses rapports avec cette région, en se basant sur le dynamisme de la diplomatie économique et culturelle, selon l’étude de l’IMRI.

En somme, le Maroc, pays d’importance moyenne, doit multiplier les efforts pour concrétiser la construction maghrébine, consolider sa position avec ses partenaires traditionnels en Europe, diversifier ses rapports avec l’Afrique et ériger en priorité le développement de ses relations avec l’Amérique et l’Asie.

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