Ramadan à Errachidia: un florilège de coutumes et de rites de la région du sud-est

Par Ali Hassani

Errachidia – Comme chaque année, l’avènement du mois sacré de Ramadan est l’occasion, pour les populations de la région du sud-est, notamment celles d’Errachidia, de donner toute la mesure de la diversité de traditions et de coutumes, découlant d’un héritage profondément ancré dans la mémoire collective et issu des préceptes de l’Islam.

La diversité des coutumes de la région reflète également la richesse culturelle du Maroc, étant donné que l’avènement du mois sacré de Ramadan constitue un événement religieux et social par excellence ainsi qu’une occasion de mettre en relief tout un florilège de coutumes empreintes de culture et d’un symbolisme unique.
Pour ne citer que quelques exemples des préparatifs accompagnant l’avènement du mois sacré, il est de coutume d’acheter des tripes, qui sont coupées en tout petits morceaux, séchées puis utilisées dans la soupe (Harira) comme substituts aux pois-chiches et à la coriandre.
Le pain à la graisse ou “Aghroum Tadount” trouve naturellement sa place lors de la rupture du jeûne et les dattes ne sont pas achetées mais gracieusement offertes à l’occasion du mois sacré aux personnes qui n’en ont pas.
Après la rupture du jeûne et les prières du Icha et des tarawih, certaines familles préfèrent passer la soirée autour de grillades et de verres de thé. Par la suite, les femmes préparent le Shour, un repas qui se compose généralement de pain arrosé de miel et de beurre ronce, accompagné de dattes.
Les femmes ont également l’habitude d’arrêter l’utilisation du khol et du henné, car, selon la coutume locale, l’application de ces deux produits pendant la journée invalide le jeûne.
S’ajoute à ce foisonnement de coutumes ramadanesques, une riche tradition populaire, qui confère à ce mois sacré un cachet distingué à travers une pléthore de chants passés d’une génération à l’autre dans un souci de préserver l’identité culturelle et la spécificité de la région.
Chez certaines tribus, les hommes et les enfants se réunissent après le ftour pour écouter des anciens contes ou “Timzra”, alors que les femmes se donnent rendez-vous pour entonner des chants.
Dans certaines régions, l’Askif, une soupe de pois-chiches, de fèves et de fruits séchés (abricots et pêches), remplace la Harira, la graisse constitue un ingrédient nécessaire pour la confection de pain et l’heure du S’hour est fixée par l’observation des constellations du Scorpion et du Sagittaire.
Il est également coutume de préparer le couscous vers la mi-ramadan et à l’occasion de la nuit du destin, d’allumer des feux, ainsi que des bougies dans les sanctuaires. Les enfants se rassemblent autour d’un feu et scandant un chant à la gloire de Ala un héros légendaire dans l’imaginaire populaire de la région.
A l’occasion de l’Aid al Fitr, les hommes arborent l’Iban, un habit traditionnel composé d’une cape blanche et d’une longue tunique, pour visiter les proches.
Evoquant ces traditions et coutumes, le chercheur en anthropologie, Lahcen Aït lafqih, a imputé l’attachement des tribus de la région au mois sacré à son caractère religieux sacré.
La célébration du mois de ramadan par les tribus de la région reflète leur attachement aux préceptes de l’Islam de même qu’il illustre une diversité culturelle, ainsi que la richesses du legs populaire marocain, a-t-il déclaré à la MAP.