Ramadan et coronavirus au Brésil : la foi console face à la désolation

Ramadan et coronavirus au Brésil : la foi console face à la désolation

lundi, 4 mai, 2020 à 14:03

Par -Khalid ATTOUBATA-

Brasília – Faire le ramadan en terres d’expatriation est déjà une épreuve et un challenge pour les fidèles, tant au niveau de la pratique religieuse qu’en termes de préservation des aspects culturels et identitaires de ce mois sacré.

Au Brésil, comme dans quasiment tous les pays du monde, les musulmans, et les marocains établis dans ce pays d’Amérique du sud en particulier, sont appelés cette année à faire avec une épreuve encore plus rude, celle de la pandémie du nouveau coronavirus et les mesures rigoureuses décrétées pour contenir la pandémie.

Les musulmans du pays le plus peuplé d’Amérique latine, au nombre de près de 3 millions, trouvaient dans les rassemblements dans les quelque 120 mosquées à travers le Brésil ou autour des tables d’iftar collectif, entre amis et voisins, une consolation et un moment de communion pour apaiser le sentiment d’isolement résultant de leur distanciation de leur mère-patrie.

Or, cette année la pandémie du Covid-19 oblige une distanciation même vis-à-vis de l’entourage, sans parler de la fermeture des lieux de culte, y compris les mosquées, dans le cadre de la batterie de mesures prises par les 27 États brésiliens pour protéger la capacité de leurs systèmes de santé et maitriser la pandémie.

Ceci dit, comme la foi n’est pas forcément tributaire des lieux, sa pratique, même en conditions exceptionnelles ne change rien aux principes sacrés de ce mois de piété et de dévotion, de vertus et de solidarité.

Qui plus est, l’Islam étant une religion de facilité qui prône la primauté de la préservation de la vie, les musulmans, marocains en l’occurrence, font de la spiritualité un moyen de vaincre la pandémie qui pèse lourdement sur les corps comme sur les esprits.

Pour Dr. Mohsin Ben Moussa AlHassani, président du Centre islamique des études et des recherches islamiques, les musulmans du Brésil et de l’Amérique du Sud en général vivent cette année un ramadan assez particulier à bien des égards.

“Les musulmans doivent profiter des aspects positifs. Ils peuvent accomplir les prières, dont celles collectives, chez eux avec les membres de la famille, car la pandémie n’est pas un prétexte pour manquer de dévotion ou à ses devoirs envers Dieu”, a dit dans un entretien à la MAP M. AlHassani, par ailleurs président de la Rabita des oulémas d’Amérique latine.

Mais au milieu des désolations causées par la pandémie, qui a déjà atteint près de 70.000 personnes et fait environ 5.000 morts au Brésil, comment peut-on faire de la foi, en temps de crise, un catalyseur pour répandre le bien, consolider les relations humaines et promouvoir la culture de solidarité dans les sociétés d’accueil ?

Selon le prêcheur marocain, originaire de Tanger établi au Brésil depuis plus 25 ans, aux malheurs créés par le nouveau coronavirus, viennent se joindre des opportunités, des moments de répit pour méditer, se rapprocher de Dieu et renforcer les liens avec ses proches.

“Il suffit, en effet, d’observer cet élan de solidarité qui s’est nourri des drames liés au Covid-19, pour se rendre à l’évidence que l’heure est au dévouement et à l’engagement en faveur de l’émancipation du bien et de l’espoir, et le rejet du mal”, a-t-il insisté, appelant à se défendre des actes qui sont de nature à empirer la situation comme ce phénomène de publication d’informations trompeuses et mal vérifiées sur le coronavirus.

“A cet égard, j’insiste sur la nécessité de se référer aux instances d’oulémas officielles pour s’informer des vrais recommandations de l’Islam dans de telles situations, conformément aux règles et enseignements du rite malékite”, a poursuivi M. AlHassani.

Dans le même ordre d’idées, le directeur du Forum international de la communication et du dialogue civilisationnel a mis en avant certains préceptes de l’Islam qui font prévaloir la flexibilité à toute épreuve.

“Dieu le miséricordieux a été clément envers les personnes dont le jeûne pourrait causer de sérieux problèmes de santé et partant, les musulmans ne doivent se précipiter vers la perdition, d’autant plus que cette pandémie peut être fatale pour les personnes à risque”, a-t-il ajouté.

Par ailleurs, “les musulmans sont appelés à respecter les mesures décrétées par les autorités pour préserver l’intégrité et la santé des citoyens, lesquelles mesures sont recommandées même par la religion musulmane, comme les habitudes d’hygiène et le principe de distanciation sociale”, a insisté M. AlHassani.

Dans ce sillage, il a affirmé que “le Maroc a fait preuve, sous la conduite éclairée de SM le Roi Mohammed VI, Amir Al Mouminine, de sollicitude à l’égard de la santé des citoyens et de promotion des valeurs de solidarité, comme en témoigne la création d’un fonds spécial dédié à la gestion de la pandémie du Coronavirus”.

D’autre part, M. AlHassani a mis en avant les différentes actions menées par les associations islamiques et qui s’intensifient à l’occasion du mois béni du Ramadan au niveau des mosquées et centres islamique à travers le Brésil. Il a notamment cité l’accompagnement de l’industrie du halal, la distribution de repas d’iftar, la collecte de la zakat en faveur des plus démunis et l’invitation de prêcheurs de l’étranger, une tâche rendue difficile cette année après la fermeture des espaces aériens.

C’est ainsi que les musulmans et les quelque milliers de marocains établis au Brésil sont appelés à vaincre la pandémie par l’engagement citoyen, mais aussi par la foi, le rapprochement de Dieu et la solidarité en ces temps de crise inédite qui vient défier toute l’humanité sans exception aucune.

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