La vie sociale désormais à 1m50

-Par Adil Zaari Jabiri-

Bruxelles – Après avoir passé 50 jours entre quatre murs, les déconfinés devraient s’accomoder d’une nouvelle vie sociale où la distance de 1 mètre 50 avec son prochain sera désormais de rigueur pour éviter la propagation du nouveau coronavirus.

Les poignées de main, la bise et les accolades entre amis, cousins et proches il va falloir s’en passer peut être à vie, car selon les dernières révélations de l’OMS, le virus s’installera parmi nous pendant longtemps.

C’est cette liberté conditionnelle qui régira donc la vie à venir bien qu’elle installe le froid et la suspicion dans les rapports humains, car elle reste le seul moyen d’éviter la multiplication des cas de contamination en l’absence d’un traitement efficace et d’un vaccin.

Tous les aspects de la vie sont touchés. De chez le coiffeur, à la restauration, en passant par la pratique du sport, le shopping et les loisirs.

Chez le coiffeur ou l’esthéticienne par exemple, fini le bavardage dans les salles d’attentes. Les salons reçoivent uniquement sur rendez vous et ne peuvent accueillir qu’un nombre limité de clients selon la superficie des locaux tout en respectant les mesures de protection et d’hygiène d’usage.

Le shopping, qui fut une partie de plaisir, devient une corvée. Il faut faire la queue, ne pas être accompagné et surtout s’interdire de toucher la marchandise ou de tester un produit même si on vous asperge à l’entrée de gel hydro-alcoolique et on vous remet un masque et des gants. Des magasins ont même instauré un système de rendez vous pour éviter l’effet de foule.

Quant aux restaurants et cafés qui restent pour le moment fermés jusqu’à nouvel ordre, des scénarios, lors de l’ouverture probablement en juin, sont envisagés pour imposer la norme de 1m50 dans la disposition des tables avec des séparations en carton ou en plexiglass entre les clients. Un temps de consommation limité sera également imposé pour laisser la place à d’autres clients qui arrivent.

Sur les plages, fini le prélassement au soleil et les pique-niques. Les positions statiques sont interdites. Certaines communes zélées ont même démonté les bancs publics pour empêcher les promeneurs de s’asseoir. Seules les baignades, la pratique du sport et la pêche debout sont autorisées.

Autre caractéristique de la nouvelle vie sociale est le port du masque, qui, pourtant était banni dans la société occidentale notamment pour des considérations culturelles ou religieuses et qui devient aujourd’hui un comportement civique, voire une obligation.

Considéré comme le moyen de protection le plus efficace et le plus sûr à côté d’autres gestes barrière, le port du masque en rajoute une couche à la frustration suscitée par la distanciation sociale dans la mesure où il empêche de voir les expressions du visage, ce qui rend plus froids, plus insignifiants les rapports humains.

Si ces changements sont difficilement assimilables par les adultes, chez les enfants ils ont eu un effet de choc.

Lundi dernier à la reprise de l’école un peu partout dans les pays européens, les images étaient identiques et l’émotion vive. Les enfants ont découvert un nouveau monde où ils devaient saluer leurs camarades de loin, se séparer en classe, ne pas partager la table de cantine et surtout jouer seuls à la cour de récréation.

Les staffs pédagogiques et des psychologues ont été appelés à la rescousse, mais pour les enfants, rien ne peut justifier ce mûr cruel qui s’est dressé brutalement entre eux et les a réduit au silence et à l’individualisme.