L’Association Jannat pour l’accueil des malades cancéreux: Une structure chaleureuse pour soulager la souffrance des patients

                                  – Par Fatima Zahra ERRAJY-

  Rabat – Déterminée à combattre jusqu’au dernier souffle son cancer du sein, Latifa cette femme de 36 ans a trouvé du confort et beaucoup d’amour auprès de l’Association “Jannat” pour l’accueil des malades cancéreux à Rabat, qu’elle fréquente depuis une année, à l’instar d’une dizaine de femmes atteintes de cette pathologie et qui viennent à la maison de “LHaja Khadija” en provenance des différentes régions du Royaume.

“Quand j’ai appris que je suis atteinte du cancer du sein, j’étais au quatrième mois de la grossesse”, a confié à la MAP Latifa de Larache,  précisant qu’elle s’inquiétait surtout pour sa fille encore fœtus et ses jumeaux n’ayant pas dépassé leur dix ans”.

“L’idée de faire des aller- retour fréquents de Larrache vers Rabat en l’absence de logement et de moyens financiers me tracassait”, raconte Latifa, louant initiative de l’Association “Jannat” qui lui a offert soutien et logement à titre gracieux.

 “Après la souffrance qu’a endurée suite au décès de son mari d’un cancer, Lhaja Khadija, a décidé en 2007 d’ouvrir les portes de sa maison de trois étages à hay Yakoub Mansour à Rabat, devant les femmes atteintes de cette maladie”, a indiqué pour sa part Saleh El Kerti, vice-président de l’Association soulignant que celle-ci offre aux patientes, durant toute la période du traitement, logement et nourriture ainsi qu’un moyen de transport vers l’hôpital.

 Revenant sur les débuts de l’Association, M. El Kerti a indiqué dans un entretien à la MAP que “la maison de Lhaja” rassemblait parfois plus de 30 patientes. “C’est une noble femme qui a décidé de mettre en place une association qu’elle a choisi de baptiser l’Assciation “Jannat” pour l’accueil des cancéreux”, avant de décider d’améliorer et de diversifier les prestations présentées, à la faveur de l’appui de certaines âmes charitables, d’un don royal pour restaurer le siège de l’Association et d’un financement de quelques institutions pour installer des équipements, explique-t-il.

 Sur l’un des lits où s’allonge Fouzia, une nouvelle femme en provenance de Mechra Bel Ksiri, accueillie récemment par l’association, est déterminée à combattre cette maladie. “Mon mari souffre également d’une maladie chronique et je me retrouve souvent dans l’impossibilité de voyager à Rabat”, a expliqué fouzia, mère de six enfants, précisant que faute de moyens, elle devra arrêter un jour le traitement.

Armée d’un grand espoir, Fouzia semble avoir trouvé de la consolation auprès de l’Association Jannat, précisant qu’elle a pu au moins économiser les dépenses de transport.

“Cette association a sauvé beaucoup de cas semblables au mien”, s’est-elle réjouie faisant remarquer que plusieurs patientes abandonnent des séances de chimiothérapie en raison de l’éloignement de leur domicile et du manque de moyens.

“Il y a sept ans, on m’a diagnostiqué du cancer de l’utérus”, a indiqué pour sa part, Lhaja Fadma l’une des premières bénéficiaires des services de l’association et qui se rend de temps à autre à Rabat pour un suivi médical après sa guérison, indiquant qu’après avoir découvert sa maladie, elle a d’abord déménagé de Khénifra à Casablanca, puis à Rabat”.

 “Une fois à Rabat, l’un de mes connaissances m’a orienté vers la maison de +Lhaja Khadija+, où j’ai reçu tout le soin et l’appui financier et psychique dont j’avais besoin”, renchérit Lhaja Fadma d’une voix étouffée par les larmes, précisant qu’elle est liée d’une relation étroite avec cette maison et ses habitants.

“Une nouvelle vie a commencé entre les coins de cette demeure, après que j’ai souffert le martyr avec une maladie qui a bouleversé ma vie stable”, a- t-elle indiqué avec beaucoup d’émotion.

Au cours des dix années de travail de l’association, le nombre des patientes hébergées dans cette structure n’a cessé d’augmenter eu égard à la hausse des personnes atteintes par cette maladie, notamment le cancer du sein, a indiqué M. El Kerti qui note que l’association reçoit environ 120 patients par mois, hébergés pour une durée maximum de vingt jours, soit 12 à 18 cas par jour, parfois même 25.

“Nous sommes incapables de fermer nos portes devant certains cas précaires et aggraver ainsi leur souffrance, chose qui nous oblige à les accueillir même si nous dépassons notre capacité d’accueil” a- t-il fait remarquer.

 Actuellement, le grand défi pour l’Association est la capacité d’hébergement limitée, face au grand nombre des malades, particulièrement celles en provenance des régions éloignés.

 “Certaines sont des jeunes femmes, d’autres sont des mères qui vivent dans l’espoir de revenir un jour à leurs maisons et à leurs enfants”, a fait savoir le vice-président de l’Association, ajoutant que le problème se pose également au niveau du transport.

 Dans ce sens, il a révélé l’intention de l’Association d’ouvrir un nouveau siège à proximité de son siège actuel, déclarant qu’il s’agit “d’un rêve qui se réalisera aussi pour ses membres que pour les bénéficiaires.

 Le nouveau siège ne lui manque que quelques équipements et meubles”, a ajouté le responsable précisant qu’une antenne sera inaugurée à Casablanca où des assistants sociaux se mobiliseront pour fournir les mêmes prestations dispensées à la maison de Rabat.

 Les services de “Jannat” ne se limitent pas à l’hébergement, mais incluent également des activités de divertissement visant à apporter un soutien psychologique et moral à ces patientes, et qui sont présentées par des volontaires relevant des universités et des associations de jeunes et de femmes, a fait savoir M. El Kerti se félicitant du fait que plusieurs patientes prennent gout à la vie et retrouvent le courage et la force nécessaires pour combattre la maladie.

 A ce propos, Latifa El Ouadi, une assistante sociale qui travaille à l’association depuis 2011, a indiqué que “de temps à autre, elle cherche avec les autres membres de l’ong, à apporter un soutien psychologique et moral aux pensionnaires, et leur rendre visite deux ou trois fois par semaine en compagnie de bienfaitrices soucieuses d’alléger la souffrance de ses dames.

Latifa considère l’association comme sa “deuxième maison”, notant qu’elle ressent une énorme joie dès qu’elle aperçoit le sourire sur leurs visages, et qu’elle porte la responsabilité morale de les soutenir pour qu’elles puisent surmonter l’épreuve qui impacte très souvent leur familles et leur féminité.

Le vice-président de l’association a mis en exergue les efforts déployés pour fournir des médicaments qui ne peuvent être fournis par les hôpitaux et les établissements spécialisés, en particulier dans les premiers phases du traitement. L’assistance est de l’ordre de 500 dirhams par mois pour chaque cas, a- il ajouté relevant que des bienfaiteurs se chargent parfois de l’achat des médicaments les plus demandés.

 Outre le personnel volontaire, M. El Kerti a précisé que l’association emploie près de sept personnes chargées des affaires administratives, notamment l’enregistrement des données personnelles des pensionnaires et l’organisation de leurs rendez-vous, ainsi qu’une réceptionniste, des cuisinières et un chauffeur.

Tous les employés et les membres de l’association font de leur mieux pour fournir un service humanitaire complet, a – t-il indiqué soulignant que la présidente de l’association souhaite que la porte de “sa maison” reste toujours ouverte devant toute femme malade.