La clinophilie, un symptôme de multiples pathologies psychiatriques à prendre au sérieux

La clinophilie, un symptôme de multiples pathologies psychiatriques à prendre au sérieux

mercredi, 16 décembre, 2020 à 13:13

– Par : Soukaïna OUMERZOUG-

Rabat – L’envie obsessionnelle de vouloir rester allongé pendant des heures au lit tout en étant éveillé et de ne plus pouvoir sortir de chez soi, ce que les psychanalystes appellent la clinophilie. En effet, il s’agit d’un symptôme annonciateur de multiples pathologies psychiatriques devant alerter l’entourage de la personne clinophile.

Le fait de se sentir incapable de se lever, sortir de son lit et de commencer sa journée pourrait bien représenter un symptôme d’une pathologie mentale à ne pas prendre à la légère. Ce trouble intercurrent, mal compris du grand public, doit constituer un signal d’alerte aux proches de la personne clinophile pour détecter le développement précoce d’une certaine pathologie psychiatrique.

Pour la personne atteinte de ce symptôme, le lit devient l’endroit le plus sûr et un lieu rassurant où elle ressent un sentiment de sécurité et de bien-être, lui permettant notamment d’éviter de confronter les difficultés du monde réel ou d’échapper à une réalité blessante ou désespérante.

La clinophilie est un symptôme qu’on retrouve dans plusieurs pathologies psychiatriques. C’est le fait que la personne adore ou préfère rester isolée pour des raisons qui lui appartiennent, a indiqué, dans une déclaration à la MAP, le professeur de psychiatrie à l’hôpital Arrazi de Salé, Abderrazzak Ouanass.

Quand ce symptôme perdure dans le temps, cela devient pathologique retentissant sur la vie personnelle, relationnelle et professionnelle de la personne. A ce moment-là, ce symptôme est considéré comme pathologique, a expliqué le Pr. Ouanass.

Selon le professeur, ce symptôme peut représenter, soit une pathologie anxieuse dans le cas où la personne a peur de sortir ou lui arrive une phobie d’impulsion, ou bien une pathologie lourde, c’est-à-dire un symptôme annonciateur de la dépression ou de la schizophrénie. A cet effet, il s’avère nécessaire de voir à quoi cette clinophilie est associée comme symptôme.

Lorsque l’analyse sémiologique qui a été faite révèle que ce symptôme est accompagné d’une tristesse de l’humeur, d’une inhibition psychomotrice ou la personne concernée n’a plus envie de rien et n’a plus le goût à la vie, dans ce cas on parle de la clinophilie qui rentre dans le cadre d’une dépression”, a clarifié le Pr. Ouanass.

Par ailleurs, si la personne clinophile se trouve isolée, rit ou parle toute seule et ne prend plus soin d’elle avec un désordre dans sa chambre à titre d’exemple, on peut éventuellement parler d’une pathologie plus lourde comme la schizophrénie ou autre, a-t-il poursuivi.

Concernant le traitement de ce symptôme, il varie selon le type de la pathologie à laquelle il est associé (dépression ou schizophrénie …). “Une fois l’analyse sémiologique est faite, le psychiatre avéré va le traiter de la façon la plus appropriée”, a-t-il dit.

De l’avis du psychiatre et psychanalyste Hachem Tyal, la clinophilie n’est pas un syndrome psychiatrique en soi. Ce n’est donc pas une maladie en tant que telle, mais un symptôme particulier qui est associé à d’autres symptômes pouvant constituer une véritable maladie psychique, a-t-il relevé.

“Être clinophile revient en fait à rester longtemps allongé dans son lit, un peu comme si on est attiré par ce lit et qu’on a du mal à en sortir, sans pour autant dormir vraiment dans ce lit”, a précisé le psychanalyste, relevant que la clinophilie peut être retrouvée dans deux grandes maladies mentales, à savoir la dépression et la schizophrénie et aussi chez des personnes âgées.

“La clinophilie n’est pas un trouble du sommeil car même si souvent les patients disent qu’ils préfèrent dormir, en réalité ils ne dorment pas”, a-t-il soulevé, ajoutant que quand ce trouble existe chez une personne, il faut d’abord vérifier sa réalité que ce n’est pas un trouble du sommeil et ensuite quelle est la maladie le sous-tend.

De son côté, la psychologue et sexologue clinicienne Sara El Kabir a relevé que le symptôme de la clinophilie doit être organisé, développé et structuré dans un tableau clinique pour pouvoir donner un sens ou un diagnostic à ce qui se passe à la personne qui préfère passer ses journées au lit.

Si la personne a une humeur dépressive et n’arrive pas à faire des activités ou avoir de l’appétit, cela peut donner des indices sur une dépression possible, a fait remarquer Dr El Kabir. “Au cas où la personne présente des hallucinations, on peut mettre l’hypothèse de développement d’une crise de psychose ou d’une schizophrénie cachée”, a-t-elle ajouté.

“On ne peut pas donner un sens à ce symptôme s’il ne fait pas partie d’une multitude de symptômes ou de facteurs qui peuvent nous donner l’hypothèse sur un diagnostic possible”, a ajouté la psychologue.

De ce fait, il s’avère que les manifestations cliniques de ce symptôme, dont l’importance est souvent sous-estimée par la majorité, peuvent masquer en réalité des troubles bien graves pouvant nuire à la vie de la personne clinophile si aucune intervention psychologique n’est faite par des spécialistes.

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