Pr Redouane Rabii: La science dans la peau, la Patrie dans le cœur

Pr Redouane Rabii: La science dans la peau, la Patrie dans le cœur

samedi, 24 octobre, 2020 à 14:15

-Par : Meriem Rkiouak-

Rabat – Un des Pères fondateurs de l’endo-urologie au Maroc, premier Marocain à traiter les maladies de prostate avec du laser, premier à utiliser les cellules souches contre le diabète et le vieillissement, précurseur de la chirurgie urologique robotisée en 3D… A 54 ans, Professeur Redouane Rabii, urologue émérite, spécialiste de santé sexuelle et pionnier de la médecine régénérative au Maroc, au monde arabe et en Afrique, est un habitué des premières fois et un abonné aux exploits scientifiques et médicaux.

Entre consultations, bloc opératoire, travaux de recherche (il en a publié 160) et visioconférences, l’homme, un science-addict infatigable et insatiable, est surbooké. Ce qui ne l’empêche pas de recevoir, pendant plus de deux heures, l’équipe de BAB dans son bureau chic et sobre au sein de l’hôpital universitaire international Cheikh Khalifa à Casablanca. C’est un homme grand et élancé, à la chevelure lisse et noire, enveloppé dans sa blouse blanche immaculée et tout sourire qui vient à notre rencontre en nous saluant chaleureusement (verbalement et pas physiquement, distanciation sociale oblige). Malgré les dizaines de prix et de certificats de reconnaissance internationaux et les photos-souvenir avec de grandes personnalités politiques et médicales qui tapissent le mur de son bureau, professeur Rabii garde en son être et paraître cette humilité et cette simplicité caractéristiques des grands Hommes. La glace est immédiatement brisée et la conversation s’engage à bâtons rompus, fluide, spontanée et agréable. C’est avec faconde et une vive passion dans la voix et le regard que notre hôte nous entretient des transformations qu’a connues l’urologie au Maroc, ses perspectives de développement et sa contribution, comme enseignant-chercheur, praticien et associatif, à l’essor de la discipline. Ayant roulé sa bosse pendant 25 ans dans ce domaine, il est capable de disserter sur le sujet pendant des heures et des heures, dans un arabe, français et anglais irréprochables. Un “Ibn Battouta” de la médecine

France, Allemagne, Etats-Unis, Royaume-Uni, Japon, Corée, Australie… De congrès en congrès et d’hôpital en hôpital, Rabii sillonne les capitales mondiales de la recherche médicale. De ses pérégrinations, il rentre toujours avec une innovation chirurgicale ou une découverte thérapeutique qu’il va implémenter sans tarder dans son pays natal. C’est d’ailleurs grâce à lui que l’endo-urologie a fait son entrée au Royaume, en 2000. Idem pour la vaporisation photo sélective de la prostate (VPP), une technologie laser très avancée qu’il a introduite en 2013 et qui offre un maximum de sécurité et de confort aux patients pour un prix abordable.

De tous ses faits d’armes, difficiles à énumérer, deux sont de principales sources de satisfaction pour le professeur Rabii: le premier, c’est d’opérer, dans le cadre d’une caravane médicale organisée annuellement par l’Association marocaine d’endo-urologie dont il est le président-fondateur, les habitants d’un douar ou d’un patelin enclavé moyennant les meilleures technologies médicales du monde, celles adoptées par les établissements de santé les plus prestigieux en Corée et au Japon. “Pour moi, c’est l’extase, un moment fort de mon existence”, confie-t-il. Le deuxième motif de fierté de notre interlocuteur c’est d’avoir pu “démocratiser” et “démystifier” la chirurgie de la prostate au Maroc, dans la mesure où, grâce à la technique de VPP, cette opération “ne fait plus peur comme avant, n’a presque pas d’effets secondaires et ne nécessite plus de séjour à l’hôpital”. Et de toutes ses rencontres, au fil d’un quart de siècle de carrière, c’est celle avec Anthony Atala, président du département d’urologie de la Wake Forest School of Medicine en Caroline du Nord aux Etats-Unis et légende vivante de la médecine régénérative, qui l’a marqué le plus.

Invité de marque du 16e Congrès arabe de l’Urologie, organisé à l’initiative de l’AMEU en 2019 à Casablanca, Pr Atala a noué une profonde amitié avec Pr Rabii et les deux hommes s’échangent depuis visites et correspondances. Un pionnier des cellules souches dans le monde arabe

La médecine régénérative est la deuxième passion de notre spécialiste après l’urologie, son amour premier et éternel. “Les cellules souches c’est l’avenir de la médecine. Dans quelques décennies, la médecine telle qu’on la connaît et la pratique actuellement sera en voie de disparition. Les immenses applications, encore inexplorées, de la médecine régénérative en font une solution miracle pour guérir des maladies réputées incurables et pour lesquelles la science ne propose que des soins palliatifs comme le diabète, l’Alzheimer, le vieillissement et j’en passe. Les cellules souches peuvent s’avérer efficaces aussi contre les dysfonctionnements immunitaires, tel celui lié au Covid-19. Il y a là un océan de possibilités à sonder”, fait-il savoir, des étoiles plein les yeux.

C’est que pour Pr Redouane Rabii, l’impossible n’existe pas. “Pas mal de fois, quand j’allais expérimenter telle ou telle innovation chirurgicale au Maroc, on me disait: ‘mais bon sang, qu’est-ce que tu comptes faire là ? Arrêtes de délirer, ça va pas marcher ici, tu perds ton temps, etc’… Ma détermination n’en est que plus grande. Je prends la chose comme un défi personnel et je fais des mains et des pieds pour réussir mon projet et prouver aux sceptiques qu’avec de l’ambition et de la persévérance on peut repousser les limites de l’impossible car, là où il y a une volonté il y a un chemin”. Féru des expérimentations médicales, le docteur à la cinquantaine épanouie applique l’adage qui dit “charité bien ordonnée commence par soi-même”.

Il s’est fait lui-même cowboy pour les besoins de certains de ses essais cliniques. “Pour vérifier le pouvoir anti-âge des cellules souches, je m’en suis fait faire injecter dans le visage. En recommandant cette technique à mes patients, je sais donc parfaitement de quoi je parle”, raconte-t-il, gaiement et sans complexe, en caressant sa mâchoire avec désinvolture. Dans une chambre d’hôpital juste à côté, une femme septuagénaire plie bagage après un bref séjour dans l’unité de soins du Pr Rabii. “Atteinte de troubles de la mémoire, on lui a administré des cellules souches qui remplaceront celles détériorées par l’âge. Pour l’anecdote, une dame de sa famille qui l’accompagnait a tellement apprécié ce qu’elle a vu qu’elle a demandé à être prise en charge elle aussi pour une thérapie cellullaire anti-âge. Le succès est tellement éclatant que des gens de Dubai viennent se faire soigner ici parce que chez eux, la thérapie cellullaire n’existe pas encore”. Contre responsabilité lourde, âme légère.

Poursuivant cette visite guidée dans le centre de médecine régénérative dirigé par notre interlocuteur, nous débouchons dans la salle de soins, où les patients sont confiés aux bons soins d’une équipe pluridisciplinaire qui comprend une estéticienne, un gynécologue et un dermatologue, pour un résultat zéro erreur. La pièce, à l’image de tout le département, est peinte en couleurs pastel à dominante jaune et orange, “mes couleurs préférées, couleurs de la joie et de la vie”.

Pr Rabii est un bon vivant. Le poids de ses responsabilités on ne peut plus sérieuses n’a pas réussi à écraser son tempérament jovial, son rire puéril et sa légèreté de corps et d’âme qui laisse admiratif, ni à détourner ce mari aimant et père dévoué de sa petite famille, son premier soutien dans la vie. “Difficile quand on est un professionnel de santé très sollicité en ces temps de crise sanitaire de garder l’équilibre entre sa vie professionnelle et familiale. Le plus dur c’est de partir chez soi le soir la peur au ventre d’apporter le virus à ses proches. Mais, Dieu merci, j’ai la chance d’avoir une famille aimante dont le soutien me donne l’énergie et le courage d’aller de l’avant”, s’attendrit-il.

Seule une de ses quatre filles a emprunté la voie de son père en poursuivant des études de médecine à l’Université Mohammed VI des sciences de la santé. L’aînée est diplômée de la London School of Economics, tandis que la troisième fille passera son baccalauréat l’année prochaine et la cadette est inscrite dans l’enseignement primaire collégial.

“Tous les goûts sont dans la nature. Une de mes filles rêve d’être pilote et l’autre voue une passion pour les métiers de la bouche, la pâtisserie notamment. La première avait l’habitude de taquiner sa cadette en mettant en avant le prestige dont jouissent les pilotes, leurs revenus élevés par rapport aux cuisiniers, etc. Or, par ces temps de pandémie où les avions sont cloués au sol et les pilotes sont au chômage au moment où les industries alimentaires classées comme essentielles tournent à plein régime, notre pâtissière en herbe semble avoir pris sa revanche”, dit-il dans un éclat de rire. “La moralité de l’histoire, c’est que le coronavirus a bouleversé les paradigmes, changé notre regard par rapport à beaucoup de choses et nous a aidé à distinguer l’essentiel de l’accessoire dans notre existence. C’est l’une des grandes leçons du Covid-19”. Parole de professeur !

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