Le Tram revalorise “l’oublié” art déco casablancais

Le Tram revalorise “l’oublié” art déco casablancais

jeudi, 24 juillet, 2014 à 12:27

Par Khalid Abouchoukri
Casablanca – Sur le boulevard Mohammed V dans le centre-ville de Casablanca, les piétons découvrent avec étonnement l’art déco de leur ville qui a toujours existé et n’a jamais “déménagé”. Il fallait juste regarder autrement et lever, de temps en temps, les yeux pour savourer les façades des immeubles en rangées aux décors sublimes.
Dans cette métropole bouillonnante avec ses embouteillages monstres, ses effervescence et énervements, personne ne se donnait la peine ni ne prenait le plaisir à bien regarder autour de soi, à scruter et à observer les fronts des bâtisses décorés d’ornementations faites d’angelots, de corbeilles de fruits ou de têtes de lions se mélangent harmonieusement aux frises en zellige, en stuc ou aux balcons en bois de cèdre.
Trop occupés à courir derrière la montre, les Casablancais, englués dans le rythme effréné du quotidien, ne se souciaient guerre des splendeurs architecturales dont regorge la ville. Même la disparition de nombreuses œuvres de cet héritage tel les cinéma Vox et Triomphe, rasés dans les années 80 et 90, le théâtre municipal, l’Hôtel Anfa mais également de nombreux bâtiments tombés sous les bulldozers ou en ruine faute d’entretien et de restauration, ne sont plus que des souvenirs enfouis dans la mémoire collective des “vieux”.
Ils étaient toujours pressés à traverser les artères du centre historique de la ville, la plupart du temps en zigzag, les yeux rivés sur les véhicules et autres motocyclettes pour éviter d’être fauchés.
Les Casablancais, qu’ils soient de L’mdina Laqdima ou habitants extramuros, ne dérogeaient pas à cette règle en faisant partie de cette armée de bidaoua qui n’ont jamais “vu” ni “n’ayant eu vent de l’existence en face d’un trésor architecturel”, de ce livre à ciel ouvert de l’art déco dont les formes géométriques se marient avec les motifs et les techniques traditionnels.
En franchissant à maintes reprises dans les deux sens la muraille ou en vaguant à leurs occupations quotidiennes dans le centre d’affaires, les Casablancais tout comme les visiteurs lèchent, dans l’indifférence totale, les “habituels” immeubles, des “ordinaires habitations”, sans jamais regarder plus haut que soi-même ce panaché de diversité architecturale avec ses façades et frontons embellis de coupole ornée de frises ou de jeu aérien de colonnade.
Depuis que le plein cœur du périmètre très Art Déco, qui s’articule autour du Boulevard Mohammed V et de la place des Nations Unies, se visite à pied, c’est un nouveau regard, une nouvelle manière pour les Casablancais de pratiquer leur ville, de découvrir leur cité ayant poussé, le siècle dernier, les architectes à donner libre cours à leur imagination, à se permettre tous les styles.
Le Tramway qui serpente la ville, y est pour beaucoup dans ce changement de tendance, en rendant ces chefs d’œuvres emblématiques plus visibles, plus accessibles. Ainsi, la Place des nations, cet espace public (7 hectares) devenu “C” pour cause de plateforme du tram, a été prise d’assaut “enfilant” la peau d’un “guide” pour faire redécouvrir cette richesse architecturale de bâtiments fonctionnalistes et modernistes dans ce “temple” de l’art déco, témoin encore de ce mouvement modern, de ce melting pot créatif.
La création de ce mastodonte de la circulation, dont les larges vitres reflètent ce qu’il y a autour, a permis aussi de réaménager la ville, par là où il passe, avec une mise à niveau des façades, des chaussées et des lumières rendant, le long de son parcours de nuit, la ville encore plus lumineuse, explique Rachid Andaloussi, cofondateur et président de Casa mémoire, une association pour la sauvegarde et la réhabilitation du patrimoine architectural du XXè siècle au Maroc.
A l’époque, ces édifices avaient constitué le laboratoire des innovations de produit, de procédés et de l’esthétique en une sorte de rapprochement de l’innovation avec les besoins de différenciation qui font aujourd’hui de la ville un emblème. L’ensemble architectural offre une synthèse originale et une fusion créative entre les influences des cultures maghrébine, européenne et américaine. A l’innovation urbanistique fait écho l’innovation esthétique.
Elle a aussi bénéficié du savoir-faire des arts traditionnels (zelliges, boiseries, stucs), des courants internationaux et des technologies innovantes tel le béton armé, relate cet architecte qui se définit comme un artisan travaillant à réconcilier sa cité natale avec son prestigieux passé.
Casablanca n’a pas que le style art déco, c’est une ville qui a représenté toute la panoplie de la modernité au niveau de la représentation architecturale avec du mauresque, du néo mauresque, du contemporain, une belle architecture avec une écriture et un langage magnifique mixant le savoir d’une nouvelle vague d’architectes venant de France à un savoir-faire marocain.
La redécouverte de ce patrimoine casablancais, initiée depuis quelques années grâce à Casa mémoire et ses défenseurs du bâti casablancais avec des visites guidées de lieux “rarement accessibles” tels les bâtiments administratifs, religieux (église Notre-Dame- de Lourdes) Bank Al Maghrib, consulat d’Italie et anciennes villas de particuliers transformées, a permis à cet ensemble architectural, ayant donné naissance à une approche collective transcendant l’inscription individuelle des bâtiments, de se faire reconnaître, de se mettre en lumière en dépit des couches de pollution.
La préservation de ce patrimoine insoupçonné puise sa force dans cette évolution du rapport entre la société civile, les institutions et l’effet fédérateur du patrimoine enclenchée, depuis novembre 2013, avec l’inscription sur la liste indicative du patrimoine mondial de l’UNESCO.
Cette étape induit déjà une reconnaissance de la valeur universelle exceptionnelle de la capitale économique et de sa légitimité en tant que creuset architectural et urbain, d’une ville de défis où en 1950 se construisait le premier gratte-ciel africain, la Liberté (17 étages et 78 m de hauteur), et en 1993 le plus haut minaret du Monde (Mosquée Hassan II).

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