La certification de la viande Halal en Amérique Latine, le pari gagnant d’une nouvelle génération d’acteurs économiques

La certification de la viande Halal en Amérique Latine, le pari gagnant d’une nouvelle génération d’acteurs économiques

mardi, 4 avril, 2023 à 13:40

Buenos Aires – La certification de la viande Halal en Amérique Latine est un secteur prometteur qui attire de nombreux acteurs, au regard des marchés potentiellement énormes dans le monde musulman, en Afrique, en Asie et même en Europe.

Le secteur mise également sur le coût de revient relativement faible de la viande dans cette région qui abrite les deux plus gros producteurs au monde, à savoir le Brésil et l’Argentine.

Mohammed Bennis, président de la société « The Halal Approval », fait partie de cette nouvelle génération qui cherche à donner ses lettres de noblesse à la certification Halal dans la région latino-américaine.

Résidant en Argentine depuis plus de deux décennies, Bennis a fondé en 2019 avec des associés émiratis cette société qui a ouvert un bureau à Sao Paulo, capital économique du Brésil, et qui emploie, entre autres cinq ingénieurs formés au Maroc.

Voici trois questions à Mohammed Bennis :

Question :

Quelle définition donnez-vous au mot Halal ?

Réponse :

Le « Halal » est une question épineuse en Amérique latine, qui a connu de nombreux dysfonctionnements. Le « Halal » dans son sens conventionnel, tel qu’il est connu dans les pays islamiques, n’est pas appliqué correctement dans tous les pays du sous-continent. Très peu d’enfants des premiers migrants en provenance des pays arabo-musulmans, qui sont nés et ont grandi dans ces pays, ont perpétué une certaine manière de certifier la viande « Halal ».

La tendance était à la réalisation de profits rapides au détriment de certaines normes jugées nécessaires, et même obligatoires, dans le concept du Halal, qui ne se limite pas, à mon sens, uniquement à mentionner le nom de Dieu et à égorger la bête. Ces normes incluent également l’alimentation du bétail.

Dans le cas des bœufs destinés à l’abattage, il est probable que le fourrage contienne une protéine d’origine animale, comme le porc, par exemple, ce qui est courant dans l’industrie de l’alimentation animale. De même, les vaccins appliqués aux troupeaux peuvent contenir des produits prohibés par la Chariaa, c’est pourquoi, les institutions encadrant le « Halal » doivent surveiller la filière du début jusqu’à la fin sans omettre aucune étape, en tenant compte des conditions de sécurité sanitaire et d’hygiène.

Question :

Quelle est la part de l’Amérique Latine dans le marché mondial du Halal ?

Réponse :

Sans doute, le Brésil se taille la part du lion en matière de produits carnés, qu’ils soient de volaille ou la viande rouge, au sein du système “Halal”, car il respecte largement les normes en la matière.

Les volumes de viande exportés par les pays sud-américains vers les pays islamiques, notamment le Brésil, l’Argentine, l’Uruguay, le Paraguay ou encore la Colombie, restent faibles par rapport à ce qui est exporté vers l’Europe ou l’Asie par exemple.

Par exemple, le Brésil exporte 14.500 tonnes de volaille labélisé « Halal » vers les pays musulmans et 8423 tonnes de viande rouge.

Quant à l’Uruguay, il exporte 74 tonnes de poulet Halal et 605 tonnes de viande rouge.

Quant à l’Argentine, ses exportations s’élèvent à 2300 tonnes de poulet et 3013 tonnes de viande, bien que ce pays possède l’un des plus grands cheptels au monde (plus de 53 millions de têtes), mais ses producteurs ont un sérieux problème de commercialisation à l’étranger.

Aujourd’hui, il existe de nouvelles initiatives par le biais d’entreprises pour exporter de la viande Halal, comme celle que nous avons lancée en 2019, “Halal Approval”, qui a son siège en Argentine et un bureau au Brésil.

La qualité de la viande argentine est mondialement reconnue, mais des efforts sont nécessaires à l’adresse du consommateur étranger pour que ce produit puisse occuper la place qui lui sied sur les marchés des pays musulmans. Il est évident que dans ce business, la confiance est un élément capital.

Question :

Quels sont les principaux défis de la certification et la vente de la viande Halal ?

Réponse :

L’un des défis majeurs que le secteur du « Halal » doit relever consiste en l’absence d’abattoirs 100% dédiés « halal » dans une ville comme Buenos Aires, où vivent environ 17 millions de personnes, dont environ un million et demi de musulmans. Les seuls abattoirs existants appartiennent à la communauté juive.

Par conséquent, nous aspirons à installer un abattoir « Hallal » et ouvrir des magasins de viande « Halal ».

Au sein de la compagnie « Halal Approval », outre les certifications « Halal » que nous délivrons, nous avons une équipe d’experts en sécurité sanitaire et en savants de loi islamique. Dans notre quête de qualité, nous cherchons des abattoirs qui tiennent compte de toutes les normes requises. Nous avons fait venir cinq ingénieurs du Maroc spécialisés dans l’industrie alimentaire et qui ont reçu leur formation au Maroc.

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