En Côte d’Ivoire, 2020 a sonné le glas des longs tourments électoraux

En Côte d’Ivoire, 2020 a sonné le glas des longs tourments électoraux

mardi, 22 décembre, 2020 à 12:03

-Par : Otmane Elmibrak-

Abidjan – Contrairement aux prophéties et supputations rabâchées depuis plusieurs mois, voire quelques années, laissant entendre une autre crise postélectorale en 2020 tout aussi funeste que celle de 2010-2011, la Côte d’Ivoire n’a pas été rattrapée par ses vieux démons.

Les événements liés au scrutin présidentiel du 31 octobre dernier ont, certes, occasionné 85 décès, survenus pour le gros dans des affrontements intercommunautaires, mais on est tout de même bien loin des 3.000 morts de la crise de 2010-2011, née du refus de Laurent Gbagbo d’admettre la victoire d’Alassane Ouattara, alors reconnue par la communauté internationale.

Ces décès, la plupart d’entre eux au moins, ne seraient pas d’ailleurs survenus sans l’appel de certains partis de l’opposition à la “désobéissance civile” et au “boycott actif” du processus électoral.

“85 morts dont 34 avant, 20 pendant et 31 après l’élection (..) 484 blessés dont certains éléments des forces de défense et de sécurité, 225 personnes interpellées, 167 inculpées et 45 sont sous mandat de dépôt”, tel est le bilan sécuritaire de cette élection dont la phase préélectorale a connu une série de rebondissements. Retour sur ses principaux faits marquants.

Le 5 mars, le président Alassane Ouattara a annoncé, devant les parlementaires du Sénat et de l’Assemblée nationale, réunis en Congrès extraordinaire à Yamoussoukro, qu’il n’allait pas se présenter à l’élection présidentielle et qu’il avait décidé de transférer le pouvoir à une nouvelle génération.

Dans la foulée, le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly a été désigné candidat à la présidentielle par le parti d’Alassane Ouattara, le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP).

Fin avril, l’ancien premier ministre et ex-président de l’Assemblée nationale Guillaume Soro est reconnu par la justice ivoirienne coupable de détournements et recel de deniers publics et de blanchiment de capitaux. Il est condamné à 20 ans de prison ferme, 4,5 milliards de F CFA d’amende, soit près de 6,9 millions euros, et à la privation de ses droits civiques pendant 5 ans.

Alors que les préparatifs du RHDP allaient bon train, le premier ministre et candidat du parti d’Alassane Ouattara à la présidentielle, Gon Coulibaly, est décédé une semaine après son retour de la France où il a été hospitalisé deux mois pour problèmes cardiaques.

Le 27 juillet, l’ancien chef de l’Etat, Henri Konan Bédié (84 ans), a été désigné candidat présidentiel de l’ex-parti unique, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI).

Evoquant un cas de force majeure, le président Ouattara a reconsidéré, le 6 août, sa décision de ne pas briguer un autre mandat et a annoncé sa candidature en réponse à l’appel des militants de son parti.

A un mois et demi du scrutin, la Cour constitutionnelle a invalidé les candidatures de Guillaume Soro et de Laurent Gbagbo. Quatre candidats ont été retenus : le Président Alassane Ouattara (RHDP), l’ancien premier ministre sous Gbagbo, Pascal Affi N’Guessan (FPI), Henri Konan Bédié (PDCI) et l’ex-député Kouadio Konan Bertin (Indépendant et dissident du PDCI).

Le 15 octobre, la campagne électorale a été lancée pour se poursuivre jusqu’au 29 octobre (15 jours). Henri Konan Bédidé et Affi N’Gessan se disent “non concernés” par le processus électoral, appellent à la “désobéissance civile” et au “Boycott actif”. Pour autant, ils n’ont pas retiré leurs candidatures officiellement.

Le 31 octobre, les Ivoiriens étaient aux urnes pour un scrutin émaillé d’incidents par “endroits isolés”. Ces incidents seraient au nombre d’une dizaine, selon Alassane Ouattara.

Le lendemain, les partis et groupements politiques de l’opposition ont dit “constater la fin du mandat” du président Ouattara, appelant “à l’ouverture d’une transition civile” afin de créer les conditions d’une élection présidentielle “juste, transparente et inclusive”.

Plus tard dans la journée, le RHDP met en garde l’opposition contre “toute tentative de déstabilisation”, en appelant à la fermeté des autorités et insistant que nul n’est au-dessus de la loi.

Le 02 novembre, l’opposition a annoncé la création d’un “Conseil national de transition”, présidé par l’ancien chef de l’Etat et président du principal parti de l’opposition (PDCI), Henri Konan Bédié, dans la perspective de former un “gouvernement de transition”. Une annonce qui est restée sans effet tangible sur le terrain d’autant qu’elle a été rejetée par plusieurs pays et organisations régionales et internationales.

Le 03 novembre, Alassane Ouattara est déclaré réélu pour un nouveau mandat de 5 ans avec 94,27% des voix au premier tour, selon les résultats proclamés par la Commission électorale. Son investiture, le 14 courant, a sonné le glas d’un processus électoral piquetés de plusieurs surgissements.

A l’issue de cet enchainement, les acteurs politiques ivoiriens semblent désormais privilégier le dialogue. En atteste la rencontre, mi-novembre à Abidjan, entre le président Ouattara et l’ex-chef de l’Etat Henri Konan Bédié, avec pour but, selon les deux parties, de “briser la glace”.

Autre signe de l’apaisement et des intentions de pacification qui marquent désormais la scène politique ivoirienne. Le 4 décembre dernier, l’ex-chef de l’Etat ivoirien Laurent Gbagbo, en liberté conditionnelle à Bruxelles après avoir été acquitté de crimes contre l’humanité en première instance par la Cour pénale internationale (CPI) , a annoncé avoir obtenu des autorités ivoiriennes deux passeports, soulignant qu’il “envisageait” de rentrer en Côte d’Ivoire.

C’est dire, somme toute, que l’année 2020 aura largué les amarres des mauvais souvenirs électoraux en Côte d’Ivoire dont les cadors de la scène politique semblent d’ores et déjà affectionner le dialogue et la concertation.

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