Processus de Barcelone: Un 25ème anniversaire dans un contexte de défis majeurs pour le partenariat Euromed

Processus de Barcelone: Un 25ème anniversaire dans un contexte de défis majeurs pour le partenariat Euromed

jeudi, 26 novembre, 2020 à 12:17

-Par : Afaf Razouki-

Bruxelles – Le processus de Barcelone à l’origine du partenariat euro-méditerranéen “Euromed” souffle cette semaine sa 25ème bougie dans un contexte des plus particuliers, marqué par des défis majeurs mettant à rude épreuve les deux rives de la Méditerranée.

Lancé en 1995 dans le but de renforcer les relations politiques, économiques et sociales entre les pays de l’Union européenne (UE) et leurs partenaires de la rive sud de la Méditerranée, le partenariat Euromed se voulait un cadre de coopération posant les fondations d’un nouvel ensemble régional intégré et d’un espace commun de prospérité et de stabilité.

A l’occasion du 25ème anniversaire du processus de Barcelone, l’heure est au bilan pour le partenariat Euromed qui, de l’avis des observateurs, devra se réinventer pour surmonter la crise actuelle et favoriser une relance salvatrice pour les pays du pourtour méditerranéen.

Pour le secrétaire général de l’Union pour la Méditerranée (UpM), Nasser Kamel, cet anniversaire intervient dans une conjoncture spéciale, dominée par les incertitudes liées à la pandémie de Covid-19.

M. Kamel a souligné, mercredi lors d’un point de presse, que cette crise sanitaire a eu un impact majeur sur la région méditerranéenne, avec des répercussions sur le commerce extérieur, les échanges de biens, le tourisme et le chômage, entre autres, une exacerbation des inégalités et une aggravation des vulnérabilités pour les femmes, les jeunes et les enfants.

Le secrétaire général de l’UpM a ainsi plaidé pour des actions concertées et intégrées qui s’attaquent aux crises dans le cadre d’un espace euro-méditerranéen commun, soulignant la nécessité d’une coopération tangible et renforcée pour relever les défis pressants posés par la crise sanitaire et économique, le changement climatique et l’aggravation des inégalités.

S’agissant des perspectives de la coopération Nord-Sud au sein de l’espace euro-méditerranéen dans le contexte post-pandémie, Marie Ruyffelaere, chercheuse au sein de l’Université libre de Bruxelles (ULB), estime que si la crise du coronavirus permettra d'”observer des initiatives régionales à caractère économique et commercial en vue de soutenir les secteurs industriel et énergétique”, il semble, toutefois, peu probable, que le “développement socio-économique soit adressé de manière prioritaire”.

Dans un entretien à la MAP, la spécialiste des relations euro-méditerranéennes, souligne que dans le contexte actuel, il se pourrait que “l’UE décide de se concentrer sur sa propre crise économique et sociale, et renforce des mesures protectionnistes”.

Établissant un bilan des 25 années du partenariat Euromed, dont le moteur principal est de faire de la Méditerranée “une zone de paix et de prospérité partagée”, la chercheuse fait état de “l’échec de l’objectif principal de ce partenariat qui était de créer une intégration/approche régionale”.

“Jusqu’à aujourd’hui, la plupart des partenariats entre l’UE et les pays du sud de la Méditerranée sont bilatéraux et non régionaux”, a-t-elle souligné.

Au volet économique, il n’existe toujours pas de zone de libre-échange euro-méditerranéenne, a-t-elle déploré, notant qu’à partir de 2004, l’UE a uniquement créé des traités de libre-échange de manière individuelle avec les différents pays.

D’une manière générale, Mme Ruyffelaere estime que le Partenariat Euromed n'”a pas atteint ses principaux objectifs”, mais “il a tout de même permis de créer un cadre de coopération durable entre l’UE et les pays du sud de la Méditerranée”.

“Le Partenariat Euromed « rappelle » l’existence d’un partenariat, et force au dialogue. Il a permis la création de traités de libre- échange, qui permettent aux pays sud-méditerranéens un accès privilégié au marché européen. Il encourage aussi la coopération autour de la gestion des ressources (notamment la gestion de l’eau, l’environnement, des énergies) régionales”, relève-t-elle.

Mme Ruyffelaere a également évoqué le soutien financier de l’UE en faveur des pays sud-méditerranéens, qui a été initié dans le cadre du Processus de Barcelone et qui est régulièrement renouvelé, faisant observer qu’il s’agit “d’éléments de coopération non-négligeables entre l’UE et le sud de la Méditerranée entre 1995 et 2020, bien que les objectifs fondateurs restent non-atteints”.

Pour ce qui est de la Politique européenne de voisinage (PEV) instaurée en 2004, afin de compléter et renforcer le processus de Barcelone au moyen de plans d’action bilatéraux convenus avec tous les pays partenaires, l’universitaire juge qu'”elle ne constitue pas un tournant important dans la coopération Nord-sud dans l’espace euro-méditerranéen”.

Dans ce sens, elle rappelle que la PEV a permis la création d’accords d’association bilatéraux (en 2004), et leur renouvellement (à partir de 2015), ajoutant qu’elle a également favorisé des opportunités pour l’UE de dialoguer avec ses partenaires et d’établir une liste de priorités communes selon les intérêts de chacun.

Même son de cloche pour Nathalie Janne d’Othée, chargée de recherche et de plaidoyer Moyen-Orient et Afrique du Nord au Centre national de coopération au développement (CNCD-11.11.11), une ONG belge de solidarité internationale active, qui explique à la MAP qu’avec le lancement de la Politique européenne de voisinage en 2004, l’UE a renforcé les relations bilatérales avec chacun des pays de la région méditerranéenne, mais “a progressivement abandonné l’approche régionale”.

Selon elle, la PEV est plus pragmatique que le partenariat Euromed en se basant sur une approche différenciée qui utilise des conditionnalités adaptées à la situation de chacun des pays partenaires.

Si elle estime que le partenariat Euromed n’est pas aujourd’hui “une entreprise couronnée de succès” parce que l’UE, “au lieu de faire reposer le partenariat Euromed sur les droits humains et le développement durable, donne trop souvent la priorité au contrôle des migrations et à l’extension d’un modèle de développement économique néo-libéral”, elle fait remarquer que des crises comme celle liée à la pandémie de la Covid-19 peut constituer une opportunité pour la relance du partenariat euro-méditerranéen, de même pour la crise climatique.

“Ces crises révèlent l’interdépendance entre les Etats au niveau global, que ce soit au niveau sanitaire, économique, démographique ou climatique”, note-t-elle.

Pour faire face à ces défis, elle estime que l’Union européenne et son voisinage ont tout intérêt à joindre leurs forces : “L’UE doit comprendre qu’elle a tout à gagner d’un voisinage stable et prospère. Et cette stabilité et cette prospérité ne viendront que par la promotion de la démocratie et la recherche de solutions communes pour le développement durable sur les deux rives de la Méditerranée”.

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