La violence policière, une réalité sud-africaine

La violence policière, une réalité sud-africaine

jeudi, 20 mai, 2021 à 11:20

-Par : Ilias Khalafi-

Johannesburg – En Afrique du Sud, la violence policière est une réalité tangible qui va crescendo avec la hausse alarmante des taux de criminalité dans le pays.

Depuis l’instauration du confinement en mars 2020, pour cause de coronavirus, la brutalité policière a pris des proportions inquiétantes, suscitant l’ire des Sud-africains qui tentent encore, tant bien que mal, de panser les blessures de l’apartheid.

La multiplication des meurtres commis par les éléments de la police a ravivé les vielles blessures de la société sud-africaine et soulevé plusieurs questions sur les rapports entre les forces de l’ordre et les citoyens, plus de 27 ans après la fin du régime de la ségrégation raciale.

Collins Khosa, un résident du township d’Alexandra, le plus grand bidonville de Johannesburg, est l’une des nombreuses victimes de la violence policière dans le pays de Nelson Mandela.

En avril 2020, alors que le pays observait les mesures de confinement les plus strictes, Khosa a été passé à tabac par des forces de l’ordre et a rendu l’âme quelques heures plus tard dans sa demeure. La société civile ne pouvait alors que s’indigner, une fois de plus, de la violence de ceux-là même qui sont censés protéger les citoyens.

Et si la pandémie de la Covid-19 a rendu cette violence policière encore plus visible, force est de souligner que ce phénomène a toujours été perçu comme une cicatrice qui ne s’est jamais refermée.

Faut-il rappeler à ce sujet que le 16 août 2012, la police de la nation arc-en-ciel avait abattu 34 mineurs et blessé plus de 70 autres à Marikana, une mine de platine située à 140 km au nord-ouest de Johannesburg.

Le drame, intervenu suite à une grève contre les bas salaires et les conditions de travail dans la mine, avait profondément choqué l’opinion publique d’autant plus qu’il s’agissait de l’événement le plus violent dans le pays depuis la fin du régime de l’apartheid en 1994.

Afin de prendre la juste mesure de l’ampleur de l’utilisation de la force par les services de police sud-africains, il suffit d’évoquer les données publiées récemment par la Direction indépendante des enquêtes policières (IPID). Celle-ci a, en effet, déploré le décès de 440 personnes en 2020, à la suite d’une action de la police, ce qui équivaut en moyenne à un décès toutes les 20 heures.

Sur ce sujet, le chercheur Paul Clarke a révélé, sur la base de données disponibles entre 2014 et 2019, que dans ce pays d’Afrique australe 7,96 décès pour un million de personnes sont causés par la police, alors qu’aux États-Unis, à titre de comparaison, la moyenne est de 3,37 décès pour un million de personnes.

Les circonstances spéciales de la pandémie ont peut-être aggravé la situation, mais la confiance du public envers les services de police, qui pourtant sont censés faire appliquer la loi, s’est érodée depuis bien longtemps.

Un constat fait également par le Forum économique mondial qui a classé l’Afrique du Sud 118e sur 137 pays en matière de fiabilité de la police à «faire respecter la loi et l’ordre». Le département sud-africain des statistiques a, lui aussi, révélé dans une récente enquête sur les victimes du crime que seul 54,2% des citoyens approuvent les actions de la police.

Alors que l’Afrique du sud peine à réformer ses services de police pour restaurer sa réputation, déjà entachée par les taux élevés de criminalité, l’image du pays continue à se détériorer du fait de la brutalité policière qui est devenue une réalité amère.

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