Afrique du sud: L’heure de vérité sonne pour le président Zuma

Afrique du sud: L’heure de vérité sonne pour le président Zuma

mercredi, 2 novembre, 2016 à 18:05

   

                                             –Par Abdelghani AOUIFIA–

Johannesburg – Longtemps sur la sellette, le président sud-africain, Jacob Zuma, semble plus que jamais proche de l’éviction voire de poursuites judiciaires suite à la publication mercredi d’un rapport explosif dévoilant la corruption au plus haut niveau de l’Etat Arc-En-Ciel.

Rédigé par la médiatrice de la République, Thuli Madonsela, peu avant son départ de ce poste à la mi-octobre, le rapport appelle à des enquêtes sur de possibles “crimes” de corruption commis au sommet de l’Etat.

Le document de 355 pages et intitulé “State Capture” (La Prise de contrôle de l’Etat) passe au peigne fin les relations douteuses entre le président sud-africain et les Gupta, une famille de riches hommes d’affaires d’origine indienne.

Cette relation était tellement spéciale que les Gupta avaient leur mot à dire dans la désignation de hauts responsables, y compris des ministres, selon le rapport, dont la publication a été autorisée par la justice sud-africaine en dépit des pressions des cercles proches de Zuma au sein de l’African National Congress (ANC, au pouvoir).

La publication de ce rapport très embarrassant intervient au moment où les appels au départ de Zuma ne cesse de gagner de l’ampleur.

Accusé d’implication dans d’autres cas de corruption, Zuma est accusé d’avoir conduit l’Afrique du sud à la situation actuelle, marquée par une crise multidimensionnelle.

L’économie de ce pays, désigné comme étant le plus avancé du continent africain, ne va pas bien, avec une croissance au point mort (0 pc cette année, selon les organisations économiques et financières nationales et internationales) et un chômage touchant 27 pc de la population active, selon les chiffres officielles.

Les décisions peu réfléchies du président, dont le limogeage en décembre dernier de l’ancien ministre des Finances, Nhlanhla Nene, sont citées parmi les causes ayant plongé le pays dans la crise.

Le rapport de la médiatrice publique a révélé que David Van Rooyen, le député peu connu désigné par Zuma pour remplacer Nene, un argentier connu pour sa compétence, s’était rendu à sept reprises chez les Gupta, y compris la veille de sa nomination surprise au ministère des Finances.

La nomination de cet illustre inconnu avait provoqué la panique des marchés et contraint le président Zuma à rappeler, au bout de quatre jours seulement, le très respecté Pravin Gordhan au poste de ministre des Finances.

Le jour de la publication du rapport accablant, des milliers de Sud-Africains sont descendus dans les rues de Pretoria pour réclamer le départ de Zuma, dont le maintien au pouvoir risque de conduire le pays à l’implosion, selon l’opposition.

Au sein de l’ANC, les divisions s’accentuent entre le camp Zuma et ceux qui réclament son départ.

Le parti communiste, principale composante d’une alliance permettant le maintien de l’ANC au pouvoir, a mis en garde, mercredi, contre les conséquences de la profonde crise qui déchire le parti de Nelson Mandela.

L’ANC doit mettre fin au factionnalisme qui le déchire ou faire face à une mort politique, a dit Solly Mapailla, secrétaire-général adjoint du parti communiste.

Un changement à la tête de l’ANC s’imposait depuis la débâcle des élections communales d’août dernier, a dit le responsable, qui faisait allusion aux pertes subies par l’ANC lors de ce scrutin en particulier dans les grandes métropoles de Pretoria, Johannesburg, Port Elisabeth et Nelson Mandela Baye.

“Si aucune décision n’est prise pour remettre l’ANC sur les rails, nous allons certainement perdre le pouvoir dans les années qui viennent”, a dit le responsable du parti.

Le parti communiste fait partie avec la centrale syndicale du COSATU d’une alliance tripartite avec l’ANC. Cette alliance est considérée comme le facteur clef ayant permis à l’ANC de rester au pouvoir depuis la fin du régime de la ségrégation raciale, Apartheid, en 1994.

La très influente Fondation Nelson-Mandela est entrée sur le fil pour demander le départ de Zuma.

La communauté des affaires a, quant à elle, appelé à un changement à la tête de l’Etat pour sauver l’économie d’une dégradation qui semble de plus en plus inévitable.

“Save South Africa”, un collectif d’ONG, a accusé le gouvernement de l’ANC de promouvoir la corruption, une pratique devenue tellement rampante qu’elle menace le pays de faillite, selon le collectif.

“Le pays est en crise. Les jeunes sont trahis”, lance, de son côté, Cheryl Carolus, figure de proue de la lutte contre l’apartheid. “Nous avons atteint un stade où nous devons prendre une décision”, a-t-elle dit, dénonçant une direction qui a décidé de prendre le contrôle du pays, de ses institutions et de ses ressources.

Les chefs religieux ne sont pas restés indifférents. “L’Afrique du sud se trouve à la croisée des chemins”, a dit Warren Goldstein, membre du conseil des leaders religieux sud-africains, appelant à “rendre la souveraineté au peuple”.

En dépit de cette colère, le camp Zuma semble déterminé à ne pas lâcher prise. D’après les médias, les supporters du président ne toléreront pas un départ précoce de Zuma dans le but de sauvegarder leurs intérêts.

Pour avoir le dernier mot dans cette lutte déjà déclenché, le camp pro-Zuma table sur les divisions au sein de l’opposition. Cependant, tout enlisement de cette situation risque fort bien, selon les analystes, d’enfoncer le pays dans une crise dont les conséquences sont incalculables.

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