COP22 : Les ONG de l’Afrique centrale veulent que les pays africains donnent mandat au Maroc pour la captation et la mobilisation des fonds

COP22 : Les ONG de l’Afrique centrale veulent que les pays africains donnent mandat au Maroc pour la captation et la mobilisation des fonds

mercredi, 2 novembre, 2016 à 11:32

-(Propos recueillis par Salah AOUNI, correspondant de la MAP à Libreville)-.

 

Libreville – Le président du Réseau des organisations de la société civile pour l’économie verte en Afrique centrale (Roscevac), Nicaise Moulombi, a émis l’espoir que les pays africains donnent mandat au Maroc, lors de la COP22 qui s’ouvre le 7 novembre à Marrakech, pour la captation et la mobilisation des fonds nécessaires pour le financement de leurs projets en lien avec les changements climatiques.

‘’Aujourd’hui nous avons un modèle marocain qui est unique grâce à son expérience et son expertise et qui a montré ses preuves en matière de mobilisation des fonds. Nous attendons de nos gouvernements que Marrakech soit pour eux une opportunité de donner ainsi ce mandat au Royaume pour la captation et la mobilisation des fonds’’, a-t-il indiqué dans un entretien accordé à MAP-Libreville.

Pour cet écologiste gabonais, également président de l’Observatoire du développement durable des produits et des services des industries du Gabon (ODDIG), ‘’que ce soit dans l’adaptation comme dans l’atténuation, les processus de captation des fonds sont tellement complexes qu’il vaut mieux aller avec un partenaire qui a déjà la maîtrise, en l’occurrence le Maroc’’.

Lors d’une conférence il y a quelques mois à Rabat sur les INDC (contributions décidées au niveau national), se rappelle-t-il, la ministre marocaine en charge de l’environnement avait indiqué que le Royaume a pu obtenir des financements dans le cadre des MDP (Mécanismes de développement propre), après trois longues années de négociations.

‘’Quel pays africain a aujourd’hui cette capacité d’aller aussi vite que le Maroc, qui a déjà une maîtrise technologique, scientifique et analytique, pour obtenir ces fonds ?’’, s’interroge-t-il, insistant que l’Afrique doit montrer l’exemple et avoir une coalition autour du Maroc qui est au centre et de l’Europe et des pays du sud.

Pour ce faire, a-t-il suggéré, il faut que les Etats africains aillent à Marrakech avec des dossiers de projets structurés pour que le Royaume puisse les porter vers la captation des fonds, notamment au niveau du fonds vert mondial.

M. Moulombi souligne, à cet effet, que chaque pays doit consolider sa vision en la matière, citant à titre d’exemple le vaste projet agricole Graine au Gabon, pour lequel la COP22 de Marrakech constitue une opportunité de capter des fonds de financement.

Il a également cité l’initiative d’un guichet vert au niveau de la Banque africaine de développement (BAD), lancé dans le cadre de son projet ‘’Nourrir l’Afrique’’, qui peut aussi profiter aux différents pays qui ont déjà des programmes ayant des chances d’obtenir des financements.

M. Moulombi a loué, en ce sens, l’expérience avérée du Maroc dans les domaines touchant à l’environnement, se félicitant notamment de la mise en place, en termes d’énergies renouvelables, du premier centre mondial d’énergie solaire à Ouarzazate, mais aussi en termes de gestion des ressources en eau et des déchets qui devient, a-t-il indiqué, une valeur économique capable de largement contribuer à l’absorption du chômage.

Côté électricité, il a évoqué le projet ‘’Eclairer l’Afrique’’ de la BAD, pour faire observer que le Maroc a déjà réglé ce problème et est actuellement au niveau de l’efficacité énergétique, ajoutant que toutes les initiatives lancées doivent être consolidées en bénéficiant de l’expérience marocaine car, pour lui, ‘’ce ne sont pas les opportunités qui manquent au Royaume’’.

‘’La Cop de Marrakech est une COP d’expérience, de partenariat et de l’action’’, a-t-il assuré.

 

Par ailleurs, M. Moulombi, qui préside aussi l’association ‘’Croissance Saine Environnement’’, a salué la ratification de l’Accord de Paris sur le climat (COP21), notant que ‘’ce serait un signal de mauvaise gouvernance pour les pays de l’Afrique, en général, et de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC) en particulier, qui n’auront pas ratifié cet accord avant le rendez-vous de Marrakech, devant la quasi-totalité des pays, dont la Chine et les Etats-Unis’’.

‘’Les pays qui ne l’auront pas signé avant leur arrivée à Marrakech seront considérés comme des Etats qui n’auront pas leur développement car ne sont pas à l’heure de l’anticipation’’, a-t-il dit.

Et c’est là tout le rôle de la société civile de lancer des signaux en ce sens, explique M. Moulombi, déplorant que des pays africains ‘’n’ont pas pris conscience que la COP de Marrakech est d’abord une COP africaine’’.

Evoquant les enjeux stratégiques de la Cop22, il a indiqué que les Etats africains doivent faire le point de leurs INDC, à quel niveau se situent-ils, quelles sont les améliorations qui ont été apportées et quelle est l’implication de la société civile et du secteur privé, lequel n’est pas encore bien préparé à accompagner les efforts de développement, à un moment où la forte croissance économique pour les trente prochaines années va se faire au sud, a-t-il dit.

Selon lui, la forte croissance de la prochaine décennie est prévue dans les pays africains, lesquels doivent se préparer à assurer avec succès cette transition énergétique qui passe impérativement par une justice climatique.

Par ailleurs, M. Moulombi a fait savoir qu’il animera à Marrakech lors de la COP22, au nom du Roscevac, un ‘’side event’’ sur le thème ‘’Le rôle des acteurs non étatiques dans la transformation structurelle de l’entreprenariat vert féminin dans le contexte de la justice climatique dans le bassin du Congo’’.

La gent féminine et les jeunes doivent tirer profit de l’entreprenariat vert, une transformation qui peut favoriser une amélioration du cadre de vie des populations, mais aussi une meilleure traçabilité des poches fiscales qui restent encore dispersées, a-t-il expliqué.

Il a mis l’accent, en ce sens, sur la nécessité pour les pays de l’Afrique centrale de tirer profit de l’expérience du Maroc dans le domaine de l’agriculture, sur les plans à la fois juridique et de transfert de commerce interzones (export).

Le Réseau des organisations de la société civile pour l’économie verte en Afrique centrale (Roscevac) a été mis en place en 2012 sur décision des ministres des forêts et de l’environnement des pays de la CEEAC, au cours d’une réunion tenue à Brazzaville. Il a tenu sa première Assemblée générale constitutive en 2014, à l’issue de laquelle Nicaise Moulombi a été élu à ses commandes.

Ce réseau a pour objectif de faire la promotion et le lobbying en matière de l’économie verte en Afrique centrale, accompagner les politiques de développement communautaires et renforcer la coopération sud-sud.

 

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