Les peignes artisanaux: quand les cornes se mettent au service de la beauté et de l’environnement

Les peignes artisanaux: quand les cornes se mettent au service de la beauté et de l’environnement

mercredi, 31 janvier, 2018 à 14:53

 

.-Par Maria LAAROUSSI-.

 

Rabat – Peigne démêloir, peigne râteau, peigne fourchette, peigne à barbe ou peigne de voyage, autant de peignes artisanaux en corne que l’on peut trouver sur nombre de sites de vente en ligne occidentaux. Ces peignes, dont le prix peut dépasser quelquefois les 20 euros, sont des joyaux de l’artisanat marocain qui ne constituent pas uniquement des accessoires rares de nos jours, mais plutôt des moyens qui concilient avec brio santé, esthétique et environnement.

Si certains Marocains et Marocaines s’enorgueillissent à tort de leurs peignes fabriqués en plastique et ne ratent aucune occasion de les exhiber, d’autres préfèrent le retour aux origines à l’instar de leurs mères et grand-mères qui lissaient leurs longs cheveux avec un peigne en corne à deux rangées de dents pour en faire de jolies nattes, un chignon crêpé ou un “qardoune” pour dompter des cheveux frisés, bouclés ou ceux les plus rebelles.

“Rien ne se perd. Rien ne se crée. Tout se transforme” : cette maxime attribuée à Lavoisier a trouvé sa voie/voix depuis longtemps chez les artisans marocains qui, au lieu de jeter dans la nature les cornes des vaches et des bœufs, ils en ont fait de jolis peignes.

Contrairement au plastique qui a besoin de centaines d’années pour se décomposer, polluant ainsi la planète entière, la corne, un matériau composé de molécules de kératine, est biodégradable.

Ce n’est donc pas la peine de se payer une séance de lissage brésilien à la kératine qui peut coûter cher ! Un peigne de corne saura faire l’affaire.

Les défenseurs de l’environnement estiment que les cornes utilisées à cette fin doivent être issues d’animaux d’élevage destinés à l’abattoir, préalablement tués pour la consommation de viande, et non pas pour la seule fin d’en récupérer les cornes.

Ainsi, pour la fabrication de peignes en corne, il faut éviter toute sorte de maltraitance des animaux, insistent-ils.

Outre cette fonction écologique, les peignes en corne ont la vertu de ne générer aucune électricité statique, de refermer de manière efficace les écailles des cheveux et de leur donner éclat et brillance.

Abdellatif Zagzouti, l’un des rares fabricants de peignes en corne au Maroc, a appris depuis son jeune âge à manipuler les cornes dans la ville ocre, suivant les traces de son père.

Abdellatif, comme la majorité des fabricants de ce peigne 100% bio et naturel, achète les cornes auprès des tanneries et des abattoirs de Marrakech. “Il est de plus en plus difficile de trouver la matière première pour confectionner des peignes”, a-t-il avoué à la MAP, faisant savoir que “la corne sert également à fabriquer d’autres accessoires, objets de décoration et des meubles pour les chambres à coucher”.

Interrogé sur le prix du peigne en corne, l’artisan a fait savoir qu'”il est passé de 8 dirhams à 70 dirhams”, déplorant que le peigne traditionnel de nos grands-mères “n’est plus à la mode” et indiquant que le peigne râteau fait l’objet de la majorité des commandes.

“Auparavant, deux ouvriers pouvaient fabriquer 45 peignes par jour, alors que de nos jours, le nombre de pièces fabriquées quotidiennement ne dépasse pas 15 ou 20 selon les commandes”.

“En moyenne, une corne peut fournir un peigne simple de 10 à 15 centimètres, contrairement au plus large qui mesure environ 20 centimètres”, a expliqué ce mâallem qui essaie de perpétuer ce savoir-faire ancestral menacé de disparition.

La fabrication de ces peignes nécessite un travail minutieux qui mêle habileté manuelle, endurance physique et maîtrise des machines utilisées, a précisé cet artisan doué.

“Le secret pour réussir ce peigne consiste principalement en technique du chauffage et de l’aplatissage de la corne”, a-t-il confié, prévenant que “si l’artisan ne maîtrise pas cette technique, la corne risque de se tâcher ou de se casser”.

M. Zagzouti essaie d’innover en permanence afin d’offrir à ses clients marocains et étrangers des peignes haut de gamme, naturels, écologiques et en parfaite affinité avec les cheveux.

“Comportant souvent deux rangées de dents, le peigne en corne jouait aussi le rôle de peigne anti-poux, qui se vend aussi dans d’autres pays, en facilitant l’élimination des lentes, tout en respectant la fibre capillaire”, a-t-il poursuivi.

Dans le processus de fabrication de ces peignes, “rien ne se jette”, a-t-il martelé, informant que la poudre extraite des cornes broyées sert d’encens.

Grâce à son amour passionné et inné de ce métier, notre artisan défie tous les obstacles, notamment une baisse de la demande intérieure, et promet de faire de son mieux pour transmettre ce capital immatériel aux générations montantes.

Opter pour le peigne en corne constitue certainement un pas au service de la cause écologique, tout en permettant à la femme, comme à l’homme, d’en tirer le meilleur profit.

 

 

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