Paix universelle, l’idéal inaccessible

Paix universelle, l’idéal inaccessible

mercredi, 28 août, 2013 à 10:25

Par Said Youssi.

Amsterdam – Il était une fois, une romancière, un Tsar et un riche magnat et d’autres pacifistes, dégoûtés par les horreurs de la guerre, eurent l’idée de tenter de soulager les souffrances causés par les conflits. Ensemble, ils se mirent au défi de caresser le rêve d'”une paix universelle”, à une époque où les armes faisaient la loi.

C’est ainsi que l’idée de “la paix universelle” a émergé, comme étant une voie unique vers un monde meilleur, adoptée et défendue corps et âme par un parterre d’intellectuels et de diplomates, avec à leur tête la pacifiste autrichienne Bertha von Suttner, auteur en 1889 du roman Die Waffen Nieder (Bas les armes!), où elle décrit l’horreur de la guerre.

En 1894, Bertha met tout son espoir dans le tsar de toutes les Russies, Nicolas II pour s’engagera pour la paix. Chose faite aussitôt: Le tsar, malgré ses agissements belliqueux dans plusieurs régions, décrète un “manifeste de la paix” et appelle au désarmement et à une conférence internationale sur la paix à La Haye-1898, dans le palais Huis ten Bosh de la reine Wihelmine, une parente du tsar.

De cette conférence sur le désarmement et la paix, à laquelle ont assisté 26 pays, naîtra la Cour permanente d’Arbitrage (CPA), dont la vocation sera de régler les différends internationaux, mais aussi l’idée d’ériger un palais dédié à la paix à La Haye. Andrew Carnegie, un riche magnat de l’acier et ami de Suttner se chargea du financement avec seule condition : la construction d’une bibliothèque intégrée au palais, inauguré officiellement le 28 août 1913.

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l’Organisation des Nations unies (ONU) vient remplacer la Société des Nations (SDN). Mais, si les principales instances des Nations unies ont élu siège à New York, son organe juridictionnel, la Cour internationale de Justice (CIJ) s’installe, comme sa devancière la Cour permanente de la justice internationale (CPJI), au Palais de la Paix.

Cent ans après, jour pour jour, les représentants de dizaines de pays, dont le Maroc, et d’organisations internationales se retrouvent le temps d’une journée pour célébrer le centenaire du Palais de la Paix, faire le bilan et tenter de continuer sur les pas de leurs prédécesseurs sur un chemin, qui reste aussi long et semé d’embûches, comme c’était le cas un siècle auparavant.

En effet, si l’époque, les instruments et les personnes ne sont plus les mêmes, la guerre, elle, reste aussi dévastatrice et horrifiante, en atteste le grand nombre de morts qui tombe chaque jours ici et là et le volume du commerce d’armes qui sillonnent les océans et les cieux pour le compte des va-t-en-guerre, au bénéfice des sociétés d’armement et au grand dam des peuples.

Certes, “le temple de la paix” existe depuis cent ans conférant à la ville de La Haye le statut de cité internationale de la paix, au vu du nombre de conférences et d’institutions qu’elle accueille en faveur d’un monde meilleur, mais il semble que seules les images atroces des milliers de morts en Afrique, au Proche-Orient et en Asie, les sanglots des blessés et les cris des proches parviennent à interrompre, quoique provisoirement, le bruit des armes, toujours aussi assourdissant.

Au moment où les diplomates des pays membres de l’ONU, des experts et des représentants d’organisations internationales et d’ONG s’investissent à La Haye, ce mercredi 28 août, les conflits continuent de sévir, entre autres, en Syrie, en Irak, en République de Congo, en Colombie, en Myanmar et en Palestine, où Israël continue de défier le monde par sa politique de colonisation et avec la bénédiction certains pays portant “fervents défenseurs de la paix universelle”.

Si l’idée de célébrer le centenaire du Palais de la paix paraitra “incongrue” voire “absurde” pour certains influencés par les images horribles diffusées en boucle sur les médias du 21 siècle, elle ne l’est pas pour les organisateurs des festivités du centenaire et les défenseurs de la CIJ et de la CPA, selon lesquels, ces deux organes ont réussi à résoudre des dizaines d’affaires et partant prévenir des conflits armés.

Le Palais de la Paix est devenu “le symbole mondial de la paix et de la justice ( ) où des milliers de personnes uvrent chaque jour à l’instauration d’un monde plus sûr et plus juste, au sein de quelque 160 organisations internationales”, se félicitent-ils, ajoutant : “Nos efforts ne doivent pas faiblir. A l’avenir encore, dirigeants de la planète, juristes, diplomates et étudiants continueront à se rassembler à La Haye pour coopérer à un monde plus pacifique et plus juste”.

Une chose est certaine: si Bertha von Suttner, figure centrale du mouvement pacifiste à l’origine de l’idée du Palais de la paix et première femme Prix Nobel de la paix (1905), était toujours parmi nous autres vivants aujourd’hui, elle aurait récidivé et crié : “Die Waffen Nieder” (A Bas les armes!).

(ENCADRE)

Le Palais de la Paix de La Haye a été inauguré officiellement le 28 août 1913 et devenu depuis le coeur de la cité internationale de la paix et du droit.

Le palais comprend la cour permanente d’arbitrage (CPA) et la Cour international de justice (CIJ et la Bibliothèque et Académie de droit international de La Haye).

Instituée par la Charte des Nations Unies, signée en 1945 à San Francisco, la CIJ est le principal organe judiciaire de l’ONU. Elle a pour mission de régler, en application des traités internationaux, les litiges que les Etats portent devant elle et de donner son avis sur les questions juridiques que lui soumettent les organes de l’ONU.

La CIJ possède trois types de compétences : elle peut trancher des litiges opposant les Etats entre eux, ou les Etats et les organisations internationales, lorsqu’ils concernent l’application du droit international (différends frontaliers, incidents aériens, ou des problèmes liés à la coopération judiciaire internationale), mais sa compétence en matière contentieuse reste facultative.

La CIJ peut également être saisie par les organes de l’ONU pour donner son avis sur une question juridique ou chargée de réexaminer les décisions rendues par le Tribunal administratif de l’Organisation internationale du travail (OIT).

A l’opposé de la Cour Pénale Internationale (CPI), la CIJ n’est pas compétente pour juger des personnes physiques accusées de crimes de guerre ou de crimes contre l’humanité. N’étant pas une juridiction pénale, elle n’a pas de procureur susceptible de lancer des poursuites.

La CPA est, quant à elle, une organisation internationale et juridiction arbitrale permanente. Elle a été créée en 1899 par la première conférence de la paix à La Haye et confirmée lors de la deuxième conférence (1907). Au moins, 107 Etats ont ratifié une des deux Conventions créant la CPA.

La CPA assure l’administration des arbitrages internationaux, des conciliations et des commissions d’enquêtes dans des litiges entre Etats, personnes privées et organisations intergouvernementales. Elle se situe ainsi à la croisée du droit international public et du droit international privé.

La CPA se compose d’un greffe et d’une liste d’arbitres potentiels dans laquelle les parties choisissent les arbitres chargés de régler le différend les opposant.

Outre la CPA et la CIJ, le Palais de la Paix abrite aussi la Bibliothèque et l’Académie de droit international de La Haye. La bibliothèque possède un fonds imposant dans le domaine du droit international.

Parmi les références les plus anciennes et les plus connues de la bibliothèque figurent deux ouvrages d’Hugo Grotius qui ont fait autorité des siècles durant : De jure belli ac pacis (Sur les lois de la guerre et de la paix) de 1625 et Mare liberum (De la liberté des mers) de 1609.

Véritable centre d’expertise où se pressent chaque jour étudiants, juristes et chercheurs en droit international, la bibliothèque est depuis 2007 installée dans un nouveau bâtiment relié au palais par une passerelle couverte.

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