Une recherche scientifique efficace passe par la redéfinition des missions et une meilleure synergie (Directeur d’un centre de recherche)

Une recherche scientifique efficace passe par la redéfinition des missions et une meilleure synergie (Directeur d’un centre de recherche)

lundi, 12 mars, 2018 à 11:48

 

-Propos recueillis par Ali REFOUH-

 

Rabat – Aboutir à une recherche scientifique efficace passe nécessairement par une action concertée et énergique en faveur d’une redéfinition de la mission de la recherche et développement (R&D), d’une véritable ouverture win/win et d’une meilleure synergie transversale et multidisciplinaire, a souligné M. Bouchaib Bounabat, directeur du centre de recherche “Rabat Information Technology Center”, relevant de l’Université Mohammed-V de Rabat.

 Une prise de conscience collective des différentes parties prenantes (chercheur, université, pouvoir public central et local, secteur privé, ONG) est plus que jamais nécessaire pour faire de la R&D un véritable levier du développement socioéconomique, a affirmé M. Bounabat, également professeur de l’enseignement supérieur à l’Ecole nationale supérieure d’informatique et d’analyse des systèmes (ENSIAS), dans un entretien à la MAP.

 Cette action concertée et énergique est, ainsi, requise, notamment, pour une redéfinition ambitieuse du sens et de la mission de la R&D en termes d’objectif stratégique prioritaire à atteindre “si nous voulons que notre pays puisse évoluer du statut de consommateur vers celui de producteur et d’exportateur de l’innovation et des technologies”, a expliqué M. Bounabat.

“Une telle action, poursuit ce docteur d’Etat en informatique, doit également avoir pour finalité une meilleure synergie transversale et multidisciplinaire au sein de, mais aussi, entre structures de recherche (équipes, laboratoires et centres), et ce dans un but d’efficacité, de complémentarité et de constitution de masses critiques de chercheurs. Ces éléments constituent des atouts incontournables pour aborder sereinement les projets de recherche de grande envergure, nationaux et internationaux, ainsi qu’une véritable ouverture win/win sur le milieu socio-économique, public et privé, à travers le lancement de projets R&D et Innovation axés sur des données de terrain et visant l’élaboration de solutions innovantes en adéquation avec les besoins réels de développement social et économique”, a-t-il dit.

Sur ce dernier point, M. Bounabat considère que de réels efforts restent à déployer dans le but de développer et renforcer encore plus les relations associant les chercheurs à leur environnement.

“Là également, le champ d’action est à plusieurs dimensions”, a-t-il martelé, précisant qu’un grand effort de communication doit être fait, autour de l’importance du partenariat entre recherche et environnement socioéconomique, et de la diversité des activités à mener dans ce cadre, comme la recherche sous contrat, les activités de conseil, d’expertise et de formation, les projets scientifiques, le dépôt de brevets, l’incubation et la commercialisation de la recherche.

Il est également urgent de doter les structures de recherche d’interfaces dédiées à l’écoute et à l’échange autour des besoins exprimés par l’environnement socioéconomique, mais aussi à l’intégration active de ce dernier dans les projets de recherche, à la mise à l’épreuve des résultats scientifiques et au transfert dans les deux sens, des connaissances, de l’expertise et des technologies, a-t-il suggéré.

 De même, des mesures d’accompagnement sont nécessaires pour permettre aux structures de recherche de valoriser les produits et services innovants, destinés à être exploités commercialement, a-t-il encore souligné, ajoutant que cela peut se réaliser à travers l’initiation de démarches de type “recherche ouverte”, où chercheurs et entrepreneurs collaborent tout en impliquant l’usager dès le début du processus d’innovation.

Cette valorisation peut aussi être concrétisée à travers l’engagement d’une politique très active d’incubation pour soutenir et faciliter le démarrage d’entreprises technologiques, a-t-il noté, estimant que le terrain est très favorable pour la recherche Maroc, mais de nombreuses carences subsistent et entravent le développement d’une recherche de haut niveau.

“Actuellement, le terrain est très favorable pour la recherche dans notre pays, grâce à un vivier riche et volontariste d’enseignant-chercheurs, des efforts indéniables consentis par les pouvoirs publics et les universités, en matière d’octroi de moyens et de financement de la recherche et une reconnaissance à l’internationale qui ne cesse de se confirmer”, a relevé cet expert en cyber-stratégie, gouvernement électronique et systèmes d’information auprès de plusieurs organisations internationales.

“Néanmoins, a-t-il noté, de nombreuses carences subsistent pour pouvoir développer une recherche de haut niveau, et le blocage est à plusieurs dimensions : idée-cliché de notre incapacité à innover, coupure persistante entre les chercheurs et l’Industrie, lourdeur administrative très nuisible au développement de la recherche, surtout dans les domaines technologiques et de pointe”.

Pallier à ces déficiences, a-t-il fait remarquer, a été d’ailleurs l’une des motivations derrière la création de Rabat Information Technology Center, un projet collectif qui est “le fruit d’une convergence de volonté de la part des professeurs, avec un soutien très fort de la présidence de l’Université Mohammed V “.

Il s’agit d’un centre de recherche accrédité par l’Université Mohammed V de Rabat, depuis le 5 mai 2017, et qui regroupe plus de 100 professeurs et de 600 chercheurs spécialistes en TIC, mais aussi en d’autres champs disciplinaires : mathématiques, gestion, économie et sciences humaines et sociales. C’est aussi un centre de recherche multi-établissements, composé de 3 laboratoires et de 8 équipes domiciliés au sein de la Faculté des sciences, l’Ecole Mohammadia d’ingénieurs et de l’ENSIAS, a-t-il fait savoir.

Il s’est donné comme vision de “se positionner en tant que plateforme d’excellence en matière de recherche, développement et innovation en TIC”, avec comme objectifs stratégiques une recherche compétitive, ouverte et visible au niveau international, a affirmé M. Bounabat.

S’érigeant en tant qu’interface entre structures de recherche et milieu socio-économique, “Rabat IT Center” a pu mettre en route de manière effective, un modèle novateur et reproductible d’accords de partenariat, faisant émerger des doctorats orientés ingénierie.

De même, à travers des contrats de partenariat R&D et Innovation portant sur des prestations de service de haut niveau, le centre devrait se permettre une plus grande autonomie financière ainsi que la mise en application du système de contractualisation interne, synonyme de bonne gouvernance, de responsabilisation des structures et d’instauration des mécanismes de suivi et d’évaluation, a-t-il soutenu, estimant que “là aussi, il s’agit d’un modèle de partenariat rentable et reproductible”.

De même, “Rabat IT Center” est en train de se doter d’une plate-forme mutualisée d’infrastructures nécessaires au processus de transfert technologiques et de l’innovation, a-t-il encore fait savoir, relevant que de nombreux secteurs de pointe liés à la transformation digitale sont ciblés, dont les Big data et Open data, Cloud Computing, Mobile, Intelligence artificielle, analytics, Systèmes embarqués, Imagerie, Cybersécurité, ainsi que des domaines spécifiques d’applications, notamment le digital Government, e-Learning, e-Health et e-Logistique.

“En plaçant cette évolution dans un cadre de Partenariat Public-Privé et Recherche, notre ambition à terme, est de transformer Rabat IT Center en un lieu d’installation d’entreprises incubées et de start-up innovantes, destinées à être valorisées sur le marché de l’entreprenariat technologique”, a-t-il conclu.

 

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