Migration : le Royaume Uni serre la vis

Migration : le Royaume Uni serre la vis

lundi, 5 octobre, 2020 à 11:11

Par Nabila Zourara.
Londres – Le gouvernement britannique, qui a fait du contrôle de l’immigration après le Brexit son cheval de bataille, s’apprête à durcir sa politique migratoire face à l’arrivée massive des migrants illégaux qui traversent régulièrement la manche au péril de leur vie.

Selon l’Agence britannique contre le crime (NCA), les tentatives de traversées se sont multipliées cette année en raison de la pandémie du nouveau coronavirus, alors que le ministère de l’intérieur britannique rapporte que plus de 6.000 migrants sont arrivés sur la côte sud de l’Angleterre depuis le début de l’année.

Fuyant des conflits internationaux, des guerres civiles ou des situations précaires dans leurs pays d’origines, les migrants s’entassent assez souvent dans des petits canots pneumatiques motorisés et tentent de rejoindre les côtes anglaises, distantes d’une trentaine de kilomètres au passage le plus étroit. Désespérés, certains embarquent même dans des kayaks, sans se soucier du danger.

Face à l’afflux massif de migrants clandestins, la ministre britannique de l’Intérieur, Priti Patel, décide de passer à l’action, en refusant “systématiquement le droit d’asile aux migrants entrés au Royaume-Uni d’une manière illégale”.

S’exprimant dimanche au Congrès annuel du Parti Conservateur, elle a promis de réaliser “l’année prochaine” la “plus grande refonte du système de demande d’asile” qu’a connu le Royaume-Uni, se réjouissant que le Brexit permette au gouvernement britannique de décider “pour la première fois depuis des décennies qui rentre et sort de notre pays”.

La ministre, connue par sa politique ultra-conservatrice, est même allée plus loin accusant les demandeurs d’asile de traverser l’Europe en “faisant leur shopping pour savoir où demander l’asile” avant de traverser la Manche pour finalement atterrir au Royaume-Uni.

Cela ne sert, selon elle, qu’à remplir “les poches des réseaux criminels”, qui organisent ce trafic. Elle avait d’ailleurs promis en août dernier de rendre la route “impraticable”. A cet effet, plusieurs options de dissuasion ont été envisagées, bien qu’aucune d’elle n’a été adoptée, selon la presse britannique qui s’en est fait largement l’écho.

En effet, mercredi dernier, le quotidien britannique “The Guardian” a révélé des documents confidentiels du cabinet du premier ministre, Boris Johnson appelant les services de l’immigration britanniques à considérer “très sérieusement” la possibilité de créer des centres d’accueil pour ces demandeurs d’asile en dehors du territoire britannique.

Selon le journal, le gouvernement voulait s’inspirer du modèle migratoire australien, en adoptant des mesures drastiques portant notamment sur la délocalisation des centres d’accueil de demandeurs d’asile vers la Papouasie-Nouvelle-Guinée, à plus de 6.000 kilomètres du Royaume-Uni, voire même la transformation de vieux ferries en centres pour migrants.

Une autre mesure évoquée par le Financial Times, consiste en le déploiement de bateaux générant des vagues qui forceraient les petites embarcations à se replier dans les eaux françaises.

Le quotidien The Times a rapporté lui aussi que le gouvernement a même songé à retenir les migrants sur des plateformes pétrolières désaffectées, avant d’opter pour des ferries hors d’usage.

Sans confirmer toutes ces informations relayées par la presse, un porte-parole de Boris Johnson a réagi : “Nous développons des projets pour réformer les politiques et la législation régissant l’immigration illégale”, afin d'”empêcher les abus” et “la criminalité”.

“Il est extrêmement important que les gens soient dissuadés d’entreprendre des voyages mettant leur vie en danger et qu’ils demandent l’asile dans le premier pays sûr qu’ils atteignent”, a-t-il ajouté.

Depuis leur avènement au pouvoir, les gouvernements conservateurs ont opté pour la fermeté dans leur politique migratoire, démontrant qu’ils ont perdu tout sentiment de compassion face à l’afflux incessant de traversées illégales via la Manche.

La nouvelle politique migratoire envisagée, et qui s’inspire directement du modèle australien pour la migration condamné par l’ONU, a été vivement critiquée par les partis de l’opposition, mais également par les organisations de défense des droits de l’Homme.

La représentante du Haut commissariat pour les réfugiés (HCR) au Royaume Uni, Rossella Pagliuchi-Lor, a exhorté le gouvernement britannique à revenir sur son projet, estimant que “le modèle australien avait causé d’incroyables souffrances aux gens qui ne sont coupables de rien d’autre que de demander l’asile”.

En effet, selon le tout dernier rapport statistique annuel du HCR sur les tendances mondiales, 79,5 millions de personnes étaient déracinées à la fin 2019, un chiffre sans précédent jamais constaté par l’organisation.

Le rapport signale en outre que les perspectives d’une issue rapide aux souffrances des réfugiés s’amenuisent toujours davantage. Dans les années 1990, 1,5 million de réfugiés en moyenne pouvaient rentrer dans leur pays d’origine chaque année. Au cours de la dernière décennie, ce chiffre est passé à environ 385 000, attestant d’une croissance des déplacements supérieure aux solutions.

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