L’exposition “Bruits”: Un Cabinet de curiosités qui piège les coeurs et éveille les sens

L’exposition “Bruits”: Un Cabinet de curiosités qui piège les coeurs et éveille les sens

mercredi, 4 juillet, 2018 à 11:14

.- Par: Sanae El Ouahabi -.

Assilah – Bien plus qu’une installation enserrant des compositions en laine, l’exposition “Bruits”, à la galerie du Centre Hassan II à Assilah, se veut une bibliothèque géante de la matière donnant à voir un Cabinet de curiosités qui piège les coeurs et éveille les sens et les esprits.

Réalisée par quinze jeunes et maîtres artisanes zailachies, qui sont encadrées par la talentueuse artiste Amina Agueznay, cette installation de matières, de mots et de sons, organisée dans le cadre de la 40è édition du Moussem culturel international d’Assilah, vient couronner le travail d’un atelier de tissage conduit en 2016, en étroite collaboration avec des maâlmates d’Assilah, et les artistes Shafiah Benaissa et Mohamed Rachdi, ayant suscité le désir d’une restitution commune.

Inscrite dans une forme cubique, l’installation, qui remplit frontalement les quatre parois de la pièce, est composée de 210 caissons mesurant 50*50*20 cm, enfermant des compositions en laine naturelle blanche et d’autres teintées. Celles-ci hybrident des canevas traditionnels de tissage ou de broderie (Randa, Tarz, m’naou…), à des formes issues de l’alphabet propre à Amina tels les Aouinates.

Saturée de laine, la pièce carrée où est présentée l’installation est une sorte de membrane à l’intérieur de laquelle se retrouvera “piégé” le spectateur invité à y pénétrer avec recueillement comme on entre à l’intérieur d’un sanctuaire.

“J’ai toujours rêvé de faire un cabinet de curiosités auquel participent des maîtres artisanes issues d’Assilah. Le but étant d’exposer une oeuvre d’art qui donne à voir et à sentir le savoir-faire et l’art zailachis, une manière de célébrer la diversité, le partage et la créativité humaine”, a confié à la MAP, l’artiste designer Amina Agueznay.

Après avoir animé il y a deux ans un atelier intitulé “histoire d’une démarche”, l’idée est venue de restituer le Workshop et de faire ce cabinet de curiosité, en vue de dépasser l’usage domestique auquel est souvent confinée la technique apprise, pour cheminer vers une expression de soi et la transformer en récit collectif, a précisé Mme Agueznay, notant que cette installation a nécessité environ 200 kilos de laine naturelle qui a été filée et teintée à Taznakht (région de Darâa-Tafilalet).

Pour le choix des couleurs, elle a fait savoir qu’elles sont prises directement des murs d’Assilah, qui rappellent l’ancrage marin de la ville, tout en étant accentuées d’apparitions colorées: rouge carmin du grenadier, jaune or du safran, bleu de méthylène et vert typique d’Assilah, ce qui dresse un paysage imaginaire de la ville vers l’intérieur de cet antre feutré.

“Il fallait produire en deux semaines 210 compositions en laine, dont des entrelacs étoilés, des pompons et pelotes assemblés, des filets de pêcheur miniaturisés, des cotes de mailles, des chaînes géantes tricotées et des sphères de pêche crochetées. Le défi a été très bien relevé par ces maâlmates ambitieuses, qui ont fait preuve d’un haut niveau d’engagement, d’implication personnelle et de coordination”, a-t-elle avancé, notant que “la particularité de cet atelier c’est que j’ai mis la main à la pâte et j’ai créé quelques pièces”.

Cette oeuvre d’art marque le début d’une belle aventure à l’horizon. Ces femmes ont des idées créatives pour se structurer en coopératives, créer leurs propres projets et faire valoir leurs savoir-faire et talents avérés, a dit l’artiste avec un air d’optimisme, notant que le visiteur aura à voir que ce travail à la main établit une passerelle discrète entre l’artisanat et le métier d’art.

Sur l’intitulé “Bruits” choisi pour cette exposition, Mme Agueznay a expliqué que durant le processus créatif beaucoup d’idées surgissent dans la tête de chacune des participantes, ce qui a créé des bruits et abouti à des pièces toutes différentes, où se superposent matière et non matière, ombre et lumière, dans une trajectoire où le visible emmène peu à peu vers l’imperceptible.

Cette oeuvre d’art, qui stimule tous les sens (le visuel, l’odorat et l’audition), invite le spectateur à entamer un voyage intérieur et à revenir aux pulsations premières de l’être, étant aidé par l’organicité de cette laine vibrante, tactile et odorante, a-t-elle souligné, notant que le thème retenu “Mina Al Hayat Ila Al Hayat” puise son essence dans le fait que la laine, une substance extraite de l’animal sacrifié, demeure une matière vivante, bruissant des échos de celles qui l’ont filée dans la pénombre des ateliers.

Pour Wassima Derrassi, l’une des participantes à cette belle toile humaine, cette expérience artistique, unique en son genre, lui a permis d’apprendre à être soi-même, à s’ouvrir sur l’autre et à laisser libre cours à son imagination. “Ce qui vient du coeur va droit au coeur”, a-t-elle lancé.

Cette jeune fille de 20 ans native d’Assilah a souligné qu’elle avait une tâche difficile, celle de s’éloigner des couleurs typiques de la ville (bleu, blanc et vert) pour se lancer dans une aventure créative dans laquelle le rose, sa couleur préférée, est à l’honneur. Le challenge est relevé avec brio par Wassima, qui a réussi à réaliser des pièces en rose dégradé aussi bien simples qu’attrayantes.

De son côté, l’artiste et écrivaine, Shafiah Benaissa, s’est dite heureuse de participer à ce projet novateur qui mène à réfléchir, à prendre conscience et à vivre une aventure humaine, spirituelle, intellectuelle et artistique, qui combine les savoir-faire manuels avec une dimension textuelle, à travers l’oeuvre “Lieux” qu’elle a écrit à cette occasion.

“A travers cette célébration nous avons tissé et écrit ensemble une très belle histoire de coeur. Aller au-delà de l’objet fonctionnel mène l’artisan et le spectateur à un voyage intérieur de sens, où tous les sens sont éveillés”, a-t-elle poursuivi, ajoutant que “la laine nous instruit sur sa beauté, sa simplicité, son humilité et sa noblesse”.

“Nous avons voulu, à travers les ouvrages employés: crochet, tricot, macramé, tressage, perlage, enfilage, créer un sanctuaire de matière noble, qui emmène les épris de la simplicité aux frontières des formes entre les murs, l’océan, les couleurs, les bruits et les textures de la ville d’Assilah”, a noté cette enseignante de Yoga.

A vrai dire, cette installation kaléidoscopique et multi-sensorielle invite les visiteurs du Moussem d’Assilah à voir et à vivre une immersion profonde à l’intérieur de cette belle oeuvre d’art humaine qui fait entendre la “voix” de la laine et des mains.

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