Un cafouillage au sommet de l’Etat qui laisse pantois les Algériens

Un cafouillage au sommet de l’Etat qui laisse pantois les Algériens

lundi, 12 février, 2018 à 11:41

Par Hamid Aqerrout

Alger – Les polémiques suscitées en Algérie autour de la privatisation des entreprises publiques dans le cadre du fameux et fumeux partenariat public-privé, ou encore autour des listes des importations et des concessionnaires automobiles laissent interloqués y compris des partis politiques de l’opposition et révèlent un “cafouillage” au haut sommet de l’Etat qui laisse perplexe les Algériens.

D’aucuns estiment, en effet, que la sensation de confusion, voire “d’anarchie” est nettement perceptible dans les cercles officiels de décision. En témoigne la récente instruction de la Présidence algérienne enjoignant au Premier ministre, Ahmed Ouyahia, d’annuler ses décisions concernant les privatisations d’entreprises publiques.

Un rappel à l’ordre qui a provoqué la consternation au sein de la classe politique, toutes tendances confondues, laquelle s’interroge d’ailleurs pourquoi ce “rappel à l’ordre” qui vise bien le Premier ministre ? Redoute-t-on que la privatisation envisagée profite aux proches d’Ouyahia, patron du parti RND, lequel devrait attendre un retour d’ascenseur en perspective de l’élection présidentielle de 2019 ? Le FLN, chef d’orchestre apparent de la partition, cherche-t-il à jeter en pâture Ouyahia ?.

Un autre exemple de cette “bourde”, qui a fait couler beaucoup d’encre et qui revient pour la énième fois sur le devant de la scène politique, est celui des concessionnaires automobiles. Alors que le Premier ministre avait annoncé un “verrouillage” de cette industrie automobile naissante en la limitant à une dizaine de concessionnaires, le ministre de l’Industrie, un protégé du palais de la Mouradia, lui, a décidé d’accorder un pré-agrément à pas moins de 40 concessionnaires sur la soixantaine qui ont déposé leurs dossiers pour réclamer l’autorisation de lancer une usine de montage de véhicules en Algérie.

Témoigne également de ce “chambardement politique” la suppression, sous la pression des lobbys, de l’impôt sur la fortune, pourtant annoncé pour la première fois en fanfare par le Premier ministre dans le projet de Loi de finances 2018. Les députés du FLN, parti au pouvoir, ont ainsi avorté le projet en estimant que l’administration fiscale risque de se heurter à des difficultés en matière d’application sur le terrain de ce nouvel impôt, ce qui a provoqué l’ire des Algériens qui dénoncent la politique des deux poids deux mesures.

C’est que cette énième cacophonie en haut lieu commence à faire désordre et à déteindre négativement sur l’atmosphère générale du pays. Les acteurs politiques craignent, à juste titre d’ailleurs, que la guerre des tranchées, qui s’est déclarée à l’intérieur même du système dans la perspective de la déjà “très disputée” présidentielle de 2019, ne dégénère en affrontements directs entre les protagonistes et mette à mal une stabilité pour le moins fragile de l’Etat.

Pour de nombreux observateurs, la partition est donc savamment orchestrée pour ne pas conclure à un divorce en bonne et due forme entre celui qui se définit comme “le grand serviteur de l’Etat” et la Présidence de la République. Présenté au lendemain du limogeage brutal d’Abdelmadjid Tebboune comme “l’homme de la situation”, de l’aveu même de l’ancien président de l’Assemblée populaire nationale, Abdelaziz Ziari, Ahmed Ouyahia subit, pourtant, depuis quelques mois, des camouflets en cascade qui ne manqueront assurément pas de peser sur son avenir à la tête de la Primature.

Ouyahia est-il en passe d’être lâché pour s’être écarté de la doctrine politique et sociale du programme de Bouteflika comme l’accusent ses détracteurs et le soulignent certains commentaires de presse ? Ou pour ses ambitions présidentielles qui dérangeraient le clan présidentiel, à en croire certaines indiscrétions ?, se demandent des analystes. Ces derniers font observer qu’en Algérie, le gouvernement est placé sous la loupe de l’institution présidentielle et des décideurs de l’ombre qui lui fixent le cap, contrôle son fonctionnement, inspire ses décisions et le censure en ne lui laissant qu’une étroite marge de manœuvre.

De l’avis de plusieurs politiciens à l’instar de l’ancien chef de gouvernement Ahmed Benbitour, la secrétaire générale du PT, Louisa Hanoune, l’ancien Premier ministre Sid Ahmed Ghozali ou encore le président du parti “Talaie El Hourriyet”, Ali Benflis, le spectacle, en plusieurs actes, auquel les Algériens sont invités à assister de façon épisodique, révèle une dégénérescence avancée des institutions, voire un pervertissement de ces dernières au profit d’insaisissables intérêts gravitant autour du pouvoir politique. En effet, la guerre larvée que les différents clans se livrent, ouvertement, comme dans une course poursuite tendant à gagner quelques longueurs d’avance à la prochaine Présidentielle, accentue encore plus le désespoir général d’une population mise ainsi sous haute pression.

Comme ne cessent de le répéter plusieurs militants et hommes politiques, l’État algérien a fini, du fait d’une longue et aléatoire gouvernance, à laquelle s’est ensuite ajoutée une vacance manifeste du pouvoir, par se «désinstitutionnaliser» pour se mettre au service de ténébreux intérêts claniques. Une situation qui laisse les Algériens dans le désarroi total.

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