Le Brésil sort de la récession, mais la prudence prévaut toujours

Le Brésil sort de la récession, mais la prudence prévaut toujours

mercredi, 16 décembre, 2020 à 14:28

Par Khalid ATTOUBATA.

Brasilia – Le Brésil, un des pays les plus touchés par la pandémie du nouveau coronavirus, est officiellement sorti de la récession économique au troisième trimestre de cette année. Mais le temps n’est pas encore à la célébration dans ce pays sud-américain qui fait face à plusieurs défis au plan interne comme au niveau international.

Le gouvernement, qui prévoyait une croissance de 8,3%, a fièrement annoncé la reprise économique promise depuis le début de la pandémie, avec une économie qui a progressé à un taux record de 7,7% au troisième trimestre par rapport au précédent, un chiffre porté par une forte croissance de la production industrielle (14,8%) et des services (6,3%), ainsi que par la hausse de la consommation des ménages (7,6%) et qui compense en partie la contraction historique subie entre avril et juin (9,6%).

La reprise constante de l’économie brésilienne ces derniers mois est néanmoins menacée par une nouvelle vague du nouveau coronavirus, au moment où le gouvernement a suspendu les aides d’urgence décrétées pour aider les plus pauvres et les travailleurs informels ayant perdu leurs emplois à cause de la pandémie.

Parmi les sources de crainte pour la croissance de l’économie brésiliennes figurent également le taux de chômage record de 14%, avec une tendance haussière, ainsi que la hausse de l’inflation.

Selon les prévisions du gouvernement, le Brésil connaîtra une croissance plus lente au cours du dernier trimestre (2,2%), une estimation qui pourrait être revue à la baisse si le Brésil revient aux mesures de quarantaine et de fermeture des activités économiques.

En effet, cela dépendra aussi de la démarche de vaccination qui fait l’objet de discordes entre le gouvernement centrale et les gouverneurs des États, notamment celui de Sao Paulo, cœur battant de l’économie où Joao Doria défend une vaccination à partir de janvier, au grand dam de l’Exécutif fédéral qui évoque une campagne en mars prochain.

L’écart entre le gouvernement de Jair Bolsonaro et les autorités locales risque en fait de se creuser à la lumière des résultats des élections municipales qui ont dessiné une nouvelle carte politique dominée par le centre.

Les candidats proches du président, qui avait quitté le parti social libéral avec lequel il a été porté au pouvoir en 2018 pour créer l’”Alliance pour le Brésil”, pas encore habilitée à disputer des élections, ont quasiment tous été battus lors de ce scrutin qui concernait 5.568 municipalités.

Le centre-droit a notamment triomphé à Sao Paulo et à Rio de Janeiro et dans d’autres grande capitales régionales, alors que le Parti des travailleurs (PT) de l’ancien président Luiz Inácio Lula da Silva a essuyé un véritable revers lors de ces élections, qui augurent de nouvelle alliances en prévisions des présidentielles de 2022.

A deux ans des présidentielle le système électorale a fait l’objet d’un débat houleux, initié notamment par Bolsonaro qui a, à plusieurs reprises, critiqué le vote électronique, appelant au retour au système manuel.

L’attaque informatique subie par le Tribunal électoral le jour du premier tour de ces élections est venu nourrir une certaine méfiance chez le Chef de l’État, un proche du président sortant des Etats-Unis.

D’ailleurs, les résultats des présidentielles américaines constitueraient selon les observateurs un tournant politique au Brésil, dont le président avait tenu des échanges peu cordiaux avec le président élu, Joe Biden.

Le démocrate avait assuré de sa disposition à aider le Brésil à protéger l’Amazonie, tout en menaçant de sanctions contre le pays sud-américain en raison de la déforestation galopante.

La déforestation en Amazonie brésilienne a atteint son plus haut niveau depuis douze ans, l’Institut National de Recherches spatiales (INPE). Au total, 11.088 km2 de forêt ont été détruits en douze mois jusqu’en août dernier, une hausse de 9,5% par rapport à l’an dernier, qui a connu une crise diplomatique du Brésil avec la communauté internationale.

La question environnementale est devenue aussi une entrave à la concrétisation de l’accord entre le Mercosur et l’Union européenne. Bolsonaro a récemment fustigé la France l’accusant de bloquer la ratification de l’accord signé l’année dernière après 20 ans de négociations.

L’année 2020 a été également marquée par les pressions accrues de fonds d’investissement, notamment européens, pour amener le gouvernement brésilien à s’engager davantage en faveur de la protection de l’environnement. Le Brésil a engagé certaines actions jugées insuffisantes par les ONGs.

Au plan diplomatique, l’année qui touche à sa fin a vu le rapprochement avec les États-Unis se consolider, une tendance qui a provoqué des tensions par intermittence avec la Chine, premier partenaire commercial du Brésil.

Dans ce sillage, le gouvernement brésilien, qui s’apprête à organiser en début 2021 l’un des plus grands appels d’offres au monde pour l’implantation du réseau 5G, un projet faramineux que le Chinois Huawei était bien placé pour prendre en charge, devrait trouver une formule pour concrétiser ce projet tout en préservant l’équilibre dans ses relations avec ces géants en plein guerre commerciale.

Un autre partenaire commerciale de taille, l’Argentine, s’est lui aussi trouvé dans une logique de conflit idéologique avec la première économie brésilienne après l’arrivée au pouvoir d’Alberto Fernández (gauche).

Il aura fallu un an pour que les deux chefs d’Etat réalisent leur premier entretien, le premier décembre courant. Fernández a appelé à cette occasion à transcender “les différences du passé” et à donner le “coup de pouce dont a besoin le Mercosur”.

L’année 2020 a été aussi celle de démêlés avec la justice. Bolsonaro a fait notamment face à des accusations d’ingérence dans la police fédérale, proférées par son ancien ministre de la justice Sergio Moro. La président refuse notamment de témoigner en présentiel dans ce procès qui est toujours ouvert devant la Cour suprême.

Le Brésil, qui aura gagné le défi de la reprise économique, entamera l’année prochaine avec de nouveaux paramètres diplomatiques dans ses liens avec la Chine et les Etats-Unis, mais surtout dans sa gestion de la question centrale de l’environnement qui détermine désormais les rapports du pays sud-américain avec la communauté internationale.

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