Turquie : 2020, une année test dans la gestion de la crise du Covid-19 et la préservation des intérêts régionaux

Turquie : 2020, une année test dans la gestion de la crise du Covid-19 et la préservation des intérêts régionaux

mercredi, 23 décembre, 2020 à 12:36

-Par : Lamya Dakka-

Istanbul – L’année qui s’achève a été exceptionnelle en Turquie, un véritable test face à des événements imprévus en particulier la pandémie de « Covid-19 » et l’opposition qui s’élargit, mais aussi la gestion de crises au plan externe notamment les tensions en Méditerranée orientale, la concurrence avec la Russie sur des questions régionales stratégiques et l’avenir des relations avec les États-Unis.

Tout au long de l’année 2020, les autorités turques ont dû faire face à des dossiers vitaux qui ont influencé les événements avec la multiplication des appels à des élections anticipées, sur fond des répercussions politiques et économiques de la pandémie de coronavirus, outre le rôle et la politique étrangère de la Turquie sur plusieurs fronts, ce qui l’a entrainé dans une spirale de tensions et de tiraillements avec des puissances régionales et internationales, la propulsant au-devant de la scène internationale.

La Turquie a insisté sur la poursuite de ses activités d’exploration d’hydrocarbures en Méditerranée orientale et l’implication dans les crises syrienne, libyenne et en Irak, de même qu’elle a contribué à la résolution du conflit au Nagorny Karabakh aux côtés de l’Azerbaïdjan face à l’Arménie. Le pays qui a aussi testé des systèmes de défense anti-missile S-400 russes contre la volonté de l’OTAN, a fait l’objet ces derniers mois de sanctions adoptées par l’Union européenne et les États-Unis.

Selon certains observateurs, les sanctions étaient minimales, Washington s’est limitée à l’interdiction de tout nouveau permis d’exportation d’armes vers la Turquie et à empêcher à ses dirigeants de séjourner sur le sol américain, tandis que l’Union européenne a adopté des sanctions à minima qui ont servi de message d’avertissement à Ankara, mais aucune des deux parties n’a imposé des sanctions sévères en particulier économiques.

Si la Turquie a échappé au pire en évitant une crise majeure qui aurait eu une incidence grave sur l’économie et la position du pays au niveau régional, elle a néanmoins perdu des points importants concernant son partenariat stratégique avec l’Union européenne, et au lieu de discuter des moyens de surmonter les profondes divergences avec certains de ses membres (France et Grèce) dans la perspective de l’accélération du processus d’adhésion, elle est devenue un point essentiel à l’ordre du jour des sommets européens, mais dans la rubrique « sanctions ».

S’agissant des Etats-Unis, il semble qu’Ankara va tourner en cette fin d’année la page de ses relations avec l’administration républicaine de Donald Trump, marquée par le « consensus » sur les questions bilatérales et la « coordination » sur des dossiers régionaux qui reflètent l’ambition d’Ankara de jouer un rôle plus important sur la scène régionale, alors que l’on assiste à l’apparition de contours d’une relation différente avec l’administration Biden.

Les déclarations et les positions exprimées tout au long de la campagne présidentielle de Joe Biden montrent que la prochaine étape pourrait être « difficile » pour les relations turco-américaines, étant donné que ce dernier semble ‘’ferme’’ sur des questions bilatérales et régionales très sensibles qui pourraient engendrer un désaccord entre deux partenaires stratégiques de l’OTAN, et amener également Ankara à s’engager dans de nouveaux pôles régionaux à même d’assurer un équilibre dans ses relations avec Washington.

D’autre part, bien que les relations entre Ankara et Moscou n’ont généralement pas fait l’objet d’un consensus politique cette année concernant des questions clés, les deux pays ont réussi à éviter tout désaccord aigu en particulier autour de la Syrie et la Libye, outre la volonté partagée de renforcer la coopération économique pour faire face aux répercussions de la crise liée au coronavirus.

L’année 2020 a également été marquée par le soutien total et inconditionnel de la Turquie à l’Azerbaïdjan dans son conflit avec l’Arménie, un appui officiel, populaire et militaire qui a permis à l’Azerbaïdjan de recouvrer son intégrité territoriale et à Ankara de s’imposer comme un acteur clé et de consolider ses intérêts politiques et économiques dans la région.

Au volet économique, et à l’instar de toutes les régions du monde, la Turquie n’a pas été épargnée par les effets du coronavirus, qui a chamboulé ses plans économiques en raison de la baisse significative des exportations du pays en particulier à destination de l’Union européenne, et de la diminution des recettes touristiques et des activités de transport sous l’effet des restrictions de voyage imposées pour enrayer la propagation de la pandémie.

L’impact de la baisse de la performance du secteur touristique sur l’économie de la Turquie, sixième destination touristique mondiale, a été considérable puisque le pays prévoyait d’accueillir 58 millions de touristes en 2020, après un démarrage réussi du secteur avec 1,8 million de visiteurs pour le seul mois de janvier (+16,1% par rapport au même mois l’an dernier).

Le tourisme a été sévèrement touché compte tenu de l’impact de la crise sur ce secteur considéré comme un moteur de la croissance économique du pays, en termes de contribution au PIB (12,1% en 2019), de création d’emplois (cinq millions de postes), outre son rôle important comme source de devises (34,5 milliards de dollars US en 2019).

Pour ce qui est des exportations, les indicateurs font état d’une résilience du secteur en dépit des effets négatifs de la pandémie du Coronavirus comparativement à l’année dernière. Le volume des exportations s’’était chiffré à 180,5 milliards dollars, tandis que sur les neuf premiers mois de cette année ce volume s’est établi à 118, 35 milliards de dollars.

Les indicateurs économiques qui se sont dégradés en raison de la pandémie et auxquels s’ajoutent un regain de tensions dû à l’exploration d’hydrocarbures en Méditerranée orientale, et la menace de sanctions économiques brandie par l’UE contre Ankara ont entrainé un effondrement de la livre turque qui a atteint un niveau sans précédent cette année. Une situation qui a entrainé des changements de responsables de la gestion économique.

Afin d’atténuer l’impact de la crise économique et financière au plan politique, en particulier, sur la popularité du parti au pouvoir (AKP), le président Recep Tayyip Erdogan s’est empressé d’annoncer un nouveau projet de réforme visant à encourager davantage la production et de nouveaux investissements, ainsi que la création de postes d’emploi supplémentaires, outre l’adoption de nouvelles réformes judiciaires et en matière des droits de l’Homme en vue de renforcer la confiance dans l’économie de marché et consolider l’Etat de droit.

Dans le but de maintenir la dynamique économique enclenchée lors des deux dernières décennies, la Turquie s’oriente vers la diversification de ses partenaires économiques et le renforcement des liens avec d’autres puissances économiques, comme en témoigne le train de fret qui est le premier train transportant des marchandises d’exportation turques à destination de la Chine et la signature entre la Turquie et l’Azerbaïdjan d’un protocole d’accord sur la construction du gazoduc Igdir-Nakhchivan.

Au niveau de la politique interne, le débat a été houleux entre les partenaires politiques sur de nombreuses questions qui se sont exacerbées en raison des critiques visant la gestion du gouvernement de la crise sanitaire de Covid -19 et ses répercussions économiques et sociales, avec le ralentissement de l’activité économique, outre les positions politiques de la Turquie vis-à-vis de nombreuses questions à caractère régional, tels que les relations avec l’Union européenne et le conflit du Nagorny Karabakh.

Bien que l’élection présidentielle est prévue en 2023, le sujet a occupé le devant de la scène politique durant toute l’année, vu que l’opposition cherche à s’unir derrière un candidat commun afin de renforcer ses chances de remporter ce scrutin crucial, par lequel elle espère pouvoir mettre fin à près de deux décennies du pouvoir de l’AKP en Turquie.

Dans ce même ordre d’idées, des milieux politiques et médiatiques relèvent des signes qui laissent penser que le chef du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate) Kemal Kiliçdaroglu et Meral Aksener, dirigeante du ‘’Bon Parti’’ pourraient annoncer leur candidature pour la présidentielle de 2023 face au chef de l’Etat turc Recep Tayyip Erdogan, qui selon l’AKP (au pouvoir) et ses alliés, garde toutes les chances de remporter facilement ce scrutin.

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