“Assouplir ou non les restrictions anti-Covid?”, la question qui divise en Belgique

“Assouplir ou non les restrictions anti-Covid?”, la question qui divise en Belgique

lundi, 1 mars, 2021 à 11:45

Par Afaf Razouki
Bruxelles – En Belgique, l’heure était à l’optimisme ces derniers jours quant à un éventuel assouplissement des mesures contre le coronavirus, mais le rebond de l’épidémie et les divergences entre les politiques et les experts ont douché les espoirs d’une population au bord de la dépression, sans oublier les conséquences désastreuses sur les secteurs de l’horeca (restauration, café, hôtellerie) et de la culture fermés depuis presque un an.

Vendredi dernier, les Belges étaient suspendus aux annonces du Comité de concertation qui rassemble les autorités fédérales et régionales, pour retrouver un peu de liberté. Cependant, la tant attendue réunion du Comité, qui devait durer des heures, a tourné court et a été ajournée à la semaine prochaine.

Les gouvernements fédéral, régionaux et communautaires ont décidé de réévaluer la situation vendredi prochain, invoquant des chiffres épidémiologiques à la hausse, en particulier, les hospitalisations qui ont franchi à nouveau le cap des deux cents admissions par jour.

Cette annonce a eu l’effet d’un coup de massue pour des citoyens harassés psychologiquement par des restrictions anti-Covid qui s’éternisent sans perspectives claires, surtout que la campagne de vaccination piétine.

Pour se justifier, le Premier ministre Alexander de Croo a affirmé que “les chiffres incertains ne nous permettent pas d’assouplir les mesures en vigueur. Ce serait insensé et irresponsable”.

Il a enfoncé le clou en évoquant la possibilité que le pays soit rentré dans une troisième vague en raison d’une hausse exponentielle des différents indicateurs épidémiologiques, relevant qu’il préfère se donner quelques jours et prendre des mesures plus appropriées, plutôt que “de commettre des erreurs et de tout gâcher”.

Reconnaissant que “c’est une douche froide”, il a toutefois tenté de rassurer ses concitoyens tant bien que mal en affirmant que “le moment où on pourra relâcher l’effort n’est plus si éloigné”.

Malgré des promesses que “le printemps de liberté viendra”, le Premier ministre s’est attiré les foudres d’une grande partie de la population qui ne cesse d’exprimer son ras-le-bol face à cette situation qui semble durer indéfiniment.

La désillusion est d’autant plus grande que de nombreux responsables politiques ont multiplié les sorties médiatiques avant la réunion du Comité de concertation pour évoquer un assouplissement des mesures, nourrissant de faux espoirs chez les citoyens belges et les secteurs les plus impactés par les restrictions.

A l’arrêt depuis plusieurs mois, des secteurs comme l’horeca et la culture réclament des calendriers de réouverture clairs, se disant à l’agonie et craignant “une catastrophe sociale”.

Les syndicats ont aussi fait part de leur indignation comme l’Union des classes moyennes qui affirme ne plus pouvoir “cautionner la manière dont la lutte contre l’épidémie est menée” par les autorités belges.

Ce ton accusateur est également celui des partis de l’opposition qui font état d’une perte totale d’adhésion de la population aux mesures anti-Covid.

“Il faut essayer de trouver des règles plus applicables et faciles à respecter. Le risque, aujourd’hui, c’est que l’on ait une double peine : une longue période avec des restrictions parce que l’on n’a pas fait évoluer les mesures comme il le fallait. Et ensuite qu’une hausse continue des chiffres amène à plus fermer le pays qu’on ne l’ouvre”, a insisté Georges-Louis Bouchez, président du parti “Mouvement réformateur, MR” au pouvoir.

Les déclarations de Jean-Marc Nollet, coprésident du parti Ecolo, membre du gouvernement De Croo, qu’il ne respecte plus la bulle sociale de “1 personne” ont jeté de l’huile sur le feu, suscitant de vives critiques.

“Si les règles sont injustes, il faut les changer. Si elles sont justes, il faut les assumer et donner l’exemple”, a pointé pour sa part le président du parti Défi, François De Smet.

Une étude de l’Université d’Anvers est venue confirmer une chute de l’adhésion de la population aux restrictions sanitaires très marquée ces dix derniers jours et une augmentation des contacts rapprochés. Et la multiplication des rassemblements et des fêtes clandestines ne fait que corroborer ce constat.

Malgré les appels de plus en plus insistants au sein même de la majorité gouvernementale pour alléger les restrictions, ou au moins présenter une feuille de route pour le déconfinement, les experts qui conseillent le gouvernement demeurent pour la plupart inflexibles, jugeant prématuré un assouplissement des mesures anti-Covid à cause de la propagation des variants du virus.

De nombreux épidémiologistes estiment même qu’une troisième vague est imminente et qu’elle pourrait anéantir tous les efforts consentis jusqu’à présent.

En attendant la prochaine réunion du Comité de concertation vendredi prochain, les inquiétudes sont légion quant à un énième renforcement des restrictions et la lenteur de la campagne de vaccination n’arrange pas les choses. Depuis le début de la campagne de vaccination le 27 décembre, seulement 484.601 personnes ont reçu une première dose d’un vaccin anti-Covid.

Au rythme actuel, la Belgique aura vacciné 75% de sa population dans un délai de 2 ans demi, selon une évaluation de l’agence de presse américaine “Bloomberg”.

Outre les retards de livraison des vaccins, des couacs dans la logistique plombent complètement l’opération. Le ministre de la Santé Frank Vandenbroucke a reconnu ces ratés, annonçant qu’une réunion est prévue au cours de la semaine pour revoir complètement la stratégie de vaccination dans le pays.

Un fiasco de plus qui rappelle celui des masques et du gel hydroalcoolique du début de la pandémie en Europe où les manifestations anti-restrictions se multiplient et où il sera désormais de plus en plus difficile de convaincre la population à faire davantage de sacrifices.

Lire aussi

Port Tanger Med: Lancement de l’édition 2024 de l’opération “Marhaba”

mercredi, 5 juin, 2024 à 16:32

La 24ème édition de l’opération “Marhaba” d’accueil des Marocains résidant à l’étranger (MRE) a été lancée, mercredi au Port de Tanger Med.

Maroc-Palestine: Signature d’un MoU pour renforcer la coopération industrielle

mercredi, 5 juin, 2024 à 16:21

Le Maroc et la Palestine ont signé, mercredi à Rabat, un mémorandum d’entente (MoU) en vue du renforcement de la coopération industrielle entre les deux pays.

Le renforcement de l’intégration industrielle au centre d’entretiens entre M. Mezzour et son homologue saoudien

mercredi, 5 juin, 2024 à 16:09

Le ministre de l’Industrie et du Commerce, Ryad Mezzour, a eu, mercredi à Rabat, des entretiens avec le ministre saoudien de l’Industrie et des Ressources minérales, Bandar bin Ibrahim Al-Khorayef, axés sur le renforcement de l’intégration industrielle.