Athènes: la diaspora marocaine et l’ambiance ramadanesque

Par Mohamed NASSIRI
Athènes – Malgré le poids de l’éloignement du pays natal, les membres de la communauté marocaine établis à Athènes restent très attentifs aux rituels d’observance du jeûne dans une atmosphère ramadanesque identique au climat de recueillement et de piété dans le Royaume.

En effet, la rupture du jeune après de longues heures de travail ne diffère presque en rien s’agissant du choix des mets spécialement préparés pour célébrer le mois sacré avec son ambiance chaleureuse et conviviale, la spiritualité et le sens du partage qui y règnent, et surtout les bonnes traditions qui accompagnent ce mois de ferveur religieuse.

Les fidèles demeurent attachés à leurs coutumes ancestrales et accordent une attention toute particulière aux aliments servis pendant la période de l’Iftar comme la Harira, Sfouf, Chebakia et les crêpes servies avec du miel très appréciées.

Durant le mois sacré, les membres de la famille se réunissent autour de la table pour déguster ces délices au moment de la rupture de jeûne, un cérémonial qui se reproduit chaque jour du Ramadan dans une ambiance de piété spécifique au mois sacré.

Après la prière d’Al-Icha, les fidèles convergent vers la mosquée la plus proche souvent vêtus d’habits traditionnels pour l’accomplissement des Tarawih en groupe avec d’autres membres de la communauté musulmane malgré les conditions difficiles dues au décalage horaire et aux horaires de travail dans le pays d’accueil.

Les familles musulmanes échangent également les visites pendant le mois sacré qui enseigne surtout aux plus jeunes que la vie est un challenge, et pour le gagner et gravir l’ascenseur social il faut faire preuve d’endurance, de patience et de solidarité avec les membres de la communauté.

Dans une déclaration à la MAP à cette occasion, Ahmed, un quinquagénaire installé à Athènes il y a belle lurette, souligne que le Ramadan ressemble à une fête quotidienne pour les fidèles surtout que le jeûne a coïncidé cette année avec le printemps.

“En tant que Marocains, nous ressentons la fierté d’observer le Ramadan et nous nous déployons à transmettre aux jeunes les valeurs nobles et les traditions spécifiques au mois sacré”, a-t-il dit.

Pour étayer ses propos, il souligne que parmi les traditions ancestrales qui demeurent fortement présentes dans le vécu quotidien de la diaspora marocaine figurent notamment la volonté et la prédisposition à l’entraide et l’assistance des nécessiteux surtout que la communauté musulmane ici en Grèce est majoritairement constituée d’émigrés et de réfugiés originaires de pays ravagés par de longues années de guerre fratricide.

Ces personnes vulnérables qui ont fortement besoin de l’aide trouvent un grand appui auprès des membres de la communauté marocaine dont la culture authentique constitue un catalyseur pour fournir l’assistance aux démunis pendant le mois sacré afin de contribuer à alléger leurs souffrances et les soutenir à accomplir le jeûne.

En dépit de son nombre relativement réduit, la diaspora marocaine en Grèce estimée à près de 4000 membres selon l’ambassade du Royaume, se distingue par sa culture mue par un idéal de solidarité et de tolérance, ses capacités avérées à s’adapter avec célérité au contexte local et à mieux communiquer, autant de qualités positives qui lui ont conféré une place particulière dans la société hellénique.

En Grèce, les musulmans représentent la première minorité religieuse du pays.

Sans compter les quelque 150.000 habitants de Thrace orientale, dans le nord de la Grèce, ils seraient près de 300.000 dont plus de 250.000 vivent dans la capitale Athènes, un chiffre que le ministère grec de l’Education et des cultes estime assez important et justifiant la construction au quartier d’Elaionas d’une première mosquée officielle de la capitale baptisée “la Mosquée d’Athènes” qui devrait ouvrir ses portes prochainement aux fidèles.