Horloger, un métier historique en mal de relève

Horloger, un métier historique en mal de relève

vendredi, 10 août, 2018 à 13:47

Par Mohammed HAMIDDOUCHE

Rabat – Horloger est un métier qui se fait de plus en plus rare au Maroc, comme ailleurs. L’absence de relève met en fait à l’épreuve cette activité qui, en dépit de son fort potentiel, ne suscite plus de vocation et voit le nombre de ses adeptes diminuer drastiquement au fil des ans.

A Rabat, B. Hassan répare des montres depuis plus de 48 ans. Il fait partie des quelques horlogers encore en activité dans la capitale. Installé dans un petit atelier de moins de 6 mètres carrés de l’ancienne médina, il passe son quotidien à réanimer des montres usées à point par celui qui les a fait tourner longtemps en rond, le temps.

Ce sexagénaire avait 16 ans quand il a quitté les bancs de l’école en 1969 pour intégrer en tant qu’apprenti un atelier d’horlogerie à Lagza. Ce quartier populaire fut pendant de longues années le temple de la montre. Aujourd’hui, les horlogers-réparateurs qui y exercent encore se comptent sur les doigts d’une main.

Seuls quelques-uns s’accrochent encore à ce métier malgré les grandes mutations qu’a connue l’industrie horlogère qui ne cesse de donner naissance chaque jour à de nouvelles générations de montres de plus en plus compliquées et bon marché.

L’arrivée des smartwatch, ces montres intelligentes et connectées, risque de compliquer davantage la situation de cette poignée d’artisans expérimentés auxquels la tocante à gousset mécanique et l’horloge à quartz ont livré tous leurs secrets.

“Bon nombre de vétérans ont tiré leur révérence. Il n’y aura jamais assez d’horlogers pour la population d’une métropole de l’ampleur de Rabat”, regrette Hassan qui n’arrive pas encore à comprendre les raisons de cette désaffection à l’égard d’un métier qui “rapporte de l’or”.

L’horlogerie ne fait malheureusement plus rêver personnes et il y a de moins en moins de jeunes qui s’y intéressent. Pourtant, de l’avis de plusieurs maîtres-horlogers, le métier est devenu très accessible et à la portée de tous.

Contrairement à la mécanique dont la réparation nécessite une certaine maîtrise et un grand savoir-faire, les montres à quartz sont plus faciles à entretenir. Il suffit de remplacer un composant par un autre est le tour est joué, explique Hassan qui a mis quatre ans pour explorer les arcanes de ce métier avant de se lancer pour son propre compte.

De nos jours, l’horlogerie ne nécessite plus de gros moyens ni de compétences particulières. Une pince brucelle, une loupe et quelques tournevis suffisent pour s’y mettre, argumente-t-il. Aussi, dit-il, ce n’est pas un métier éprouvant bien qu’il demande beaucoup de concentration. L’intelligence et la patience sont les clés de réussite de cette profession qui résiste bien à l’épreuve du temps.

En homme pieux, pétri d’espoir et d’optimisme, Hassan se veut confiant quant à l’avenir de cette activité.

Il croit dur comme fer que la lignée des horlogers-réparateurs ne s’éteindra jamais. La preuve, cette demande qui n’a jamais faibli et cette clientèle en progression et toujours de plus en plus exigeante d’un service de qualité.

C’est un métier qui a de beaux jours devant lui contrairement à ce que certains peuvent penser, car “le monde entier bouge au rythme de la montre”, résume ce passionné de foot et fervent supporter du club du FUS de Rabat.

Cependant, sur un temps plein d’amertume, il lâche que tout au long de ces années, il n’a jamais eu d’apprenti.

En près de cinq décennies, aucun jeune n’a poussé la porte de son atelier pour demander à être initié à ce métier. “Seul un ami qui venait me voir fréquemment à l’atelier, à force de me voir à l’oeuvre, a fini par apprendre”, enchaîne-t-il.

Pourtant, plusieurs sont les horlogers qui ont pu assurer leur avenir et celui de leurs familles grâce à cette activité, fait-il remarquer, soulignant que ce métier lui a permis de vivre correctement et d’élever dignement ses deux filles, diplômées de l’ISTA.

“Je me permets même le luxe de partir en vacances chaque été, de prendre une journée de congé par semaine et surtout de baisser le rideau pour me rendre au stade quand les Fussistes jouent”, lance-t-il en éclatant de rire.

Ne tarissant pas d’éloges sur ce métier qu’il chéri, Hassan vante aussi les avantages de son activité d’indépendant. “Rien au monde ne vaut d’être son propre patron. Je suis maître de moi-même. Je suis libre et travaille à ma guise. Autant d’avantages que la fonction publique n’offre pas”, confie-t-il.

A 64 ans, Hassan est un homme comblé. Même s’il ne réfléchit pas encore à prendre sa retraite, il pense à la relève et à celui qui va reprendre le business familial après lui.

Il aurait aimé que ses deux filles, toujours à la recherche d’un emploi, avaient des penchants pour ce métier. Il les aura fortement soutenues et encouragées à reprendre le flambeau. Pourquoi pas ? du moment qu’une large proportion des horlogers-réparateurs en Europe sont des femmes, relève-t-il.

Sans être philosophe, Hassan est porteur d’une philosophie de vie. Il rêve de voir les jeunes entreprendre et prendre leur destin en main au lieu d’attendre un emploi de salarié qui ne viendra peut-être jamais.

Conscient que la formation professionnelle ouvre de belles perspectives aux jeunes qui souhaitent travailler et compter sur eux-mêmes, et sans pour autant se poser en donneur de leçons, il propose de créer des parcours d’initiation aux divers métiers d’art qui ne connaîtront jamais le chômage ni les crises. L’horlogerie en fait certainement partie.

 

 

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